jeudi 9 décembre 2010

Lettre à nos frères prêtres ayant quitté le ministère.

  • Amis, je vous ai vus nombreux aux journées des « Réseaux des Parvis » : anciens d’Echanges et Dialogue », membres de l’APRS (Association pour une retraite convenable), tous engagés de longue date dans le questionnement sur l’Eglise.
    Si la parole m’avait été donnée, voici ce que je vous aurais dit.

    Selon notre théologie, trois sacrements sont indélébiles : le baptême, la confirmation et l’ordre. Nous avons reçu le sacrement de l’ordre, et il nous a été répété en latin comme en toutes les langues : « Tu es prêtre pour l’éternité, selon l’ordre de Melchisedech ».
    Nous sommes donc prêtres et nous restons prêtres, quelle que décision que prenne la hiérarchie : on n’efface pas l’indélébile. Nous sommes aussi au milieu du monde, restés célibataires, mariés, veufs ou divorcés.

samedi 27 novembre 2010

« L’avenir de l’Église dépend des vrais chrétiens »

« Il faut reconnaître la dimension du désastre vers lequel, depuis des siècles, le christianisme s’achemine. L’heure approche, avec rapidité, où le christianisme sera acculé à une mutation, dont son origine le rend certainement capable et même qu’elle a toujours appelée secrètement, mais contre laquelle se dresse toute son histoire. » « Il aborde des temps décisifs. Ceux-ci le surprennent dans un état de grave impréparation due à des siècles de conservatisme et de préoccupations plus politiques que religieuses cachées sous des croyances plus intrépides que spirituelles. » « Mais précisément, si les chrétiens savent suivre le chemin que Jésus a ouvert à ses disciples, il leur permettra de porter remède à cette impréparation couronnée de satisfactions et de suffisances qui conduirait infailliblement le christianisme à la déroute finale. »


Marcel Légaut, « Introduction à l’intelligence du passé et de l’avenir du christianisme », publié chez Aubier. (cité par Robert Serrou dans « L’avenir de l’Église dépend des vrais chrétiens »)

dimanche 14 novembre 2010

Message d'Espérance issu de l'assemblée des Parvis le 12 novembre 2010 à Lyon

Il ne suffit plus de se préoccuper du devenir des Eglises, il faut donc
prioritairement :

  • Examiner l’évolution du monde auquel est destiné le Message
    Evangélique

  • Se lever pour lutter contre l’iniquité et la violence inhérentes à cette
    évolution technique et marchande qui ruine les valeurs
    constitutives de l’Humanité et met à mal la Planète

  • S’engager dans des lieux de solidarité, de désobéissance et de
    propositions alternatives

  • Remettre le monde à l’endroit en donnant la parole aux exclus

  • Laisser les prophètes prophétiser et porter à la lumière ce qui est
    en train de naître.



Oui, pour nous le message libérateur de l’Evangile est nécessaire au
monde :
il ne peut plus être porté par voie d’autorité.
C’est le temps pour tous, hommes et femmes, d’en être pleinement
responsables dans nos sociétés sécularisées.
C’est donc le temps de donner plein essor à nos communautés
héritières de Vatican II pour y vivre le partage authentique de la Parole,
des célébrations tissées de nos expériences, et le travail d’actualisation
du Message :
Une Eglise Autre est possible !
C’est le temps aussi de renforcer publiquement nos réseaux
d’humanisme :
Un autre monde est possible !
Le temps vient d’envisager l’avenir
avec la Force et la Jeunesse de l’Esprit,
Souffle d’Amour et de Vie,
qui recrée le monde

lundi 8 novembre 2010

Le chemin de la foi en Dieu

« Le chemin qui peut mener à la foi en Dieu devra conduire l’homme à lui-même. Les étapes principales de la vie sont les occasions normales de cet approfondissement ; la rencontre de l’amour, l’avènement de la paternité [ou de la maternité, NDLR], l’appel des biens qu’il a su rendre humains, les approches même lointaines de la mort. Tous les évènements que l’homme rencontre en particulier ceux qui le menacent directement ou en ceux qu’il aime, s’il sait les vivre humainement et non seulement asservi par eux, l’ouvrent davantage à l’intériorité. Ils font naître en lui par leurs exigences ou sous leur choc l’attention et l’attente sans lesquelles nulle foi n’est possible. Ils l’habituent à croire sans voir, sous la lumière parcimonieuse mais précieuse qui illumine ses meilleurs moments ; à cheminer sans savoir où il va, sous la seule conduite de la fidélité à ses plus fines intuitions. Ils lui font toucher sa consistance et sa durée, l’aident à entrer dans son existence et à atteindre la foi en soi. Ils le font sortir de lui-même sans le distraire de son être propre et lui laissent entrevoir l’être de ses proches à travers ce qu’il est.
Quand l’homme se sera suffisamment trouvé, qu’il aura pris conscience du pouvoir créateur que les circonstances de sa vie et les biens humains demandent pour être véritablement assumés, il s’éveillera à l’exigence fondamentale de la foi en Dieu. »

  • Marcel LEGAUT - "L’homme à la recherche de son humanité", Aubier 1971, p. 187-188.

samedi 30 octobre 2010

Démocratisation dans l'Eglise ?

  • Je lis, dans un N° déjà ancien de« La Croix », ce petit article qui ouvre des perspectives intéressantes :

  • Rome approuve le nouvel évêque de Pékin


    "On savait que Le Saint-Siège approuvait officieusement le nouvel évêque de Pékin, ordonné vendredi (lire La Croix du 21 septembre). C’est désormais officiel, après la publication, vendredi, d’un article dans L’Osservatore Romano, quotidien du Saint-Siège, qui révèle La «communion concédée par le pape » aux deux évêques ordonnés les 8 et 21 septembre,Mgr Xiao Zejiang (coadjuteur de Guiyang) et Mgr Li Shan (Pékin), «indiqués au Saint-Siège par les communautés catholiques locales respectives comme des candidats dignes et appropriés». Cette ordination semble ouvrir une nouvelle étape dans les rapports entre Rome et Pékin, après la lettre du pape aux catholiques de Chine.’’

  • Est-ce à dire que, à l'instar des chinois, nous, communautés catholiques locales, pourrons bientôt "indiquer au Saint Siège des candidats dignes et appropriés" à l'emploi d'épiscopes... ?
    … Ce que firent en d’autres temps les tourangeaux, choisissant comme évêque, contre son gré, celui qui allait devenir Saint Martin…




  • Pierre van waerebeke

jeudi 28 octobre 2010

Les billets de Gilles


Samedi 30 avril 2011


je viens delire ce texte dans "L'Evangile de la Résurrection" Joseph Moingt, p.89.
Il m'a sembler réponder avec concision à plusieurs questions que nous nous posons:
-l'Eucharisite n'est-elle qu'un retour sur le passé: mort et résurrection du Christ?
-la présence "substantielle"?
-présence eucharisitique et présence "au milieu de nous"...
J. Moingt se centre sur "la présence perpétuelle du Christ dans la visibilité de l'Eglise"
Voici ce texte pour qui n'a pas le livre.

"Dans l'acte eucharistique, il ne suffit pas que vous soyez tournés vers Dieu dans le souvenir du drame passé (i.e. la mort et la résurrection), il importe tout autant que vous soyez tournés les uns vers les autres dans le même souci d'ouvrir le futur à celui qui vient.Vous actualisez ainsi la présence perpétuelle du Christ dans la visibilité de l'Eglise, et vous entretiendrez le passage invisible de son Esprit dans les esprits des hommes. Ainsi se répandra efficacement l'annonce de la résurrection dans le monde entier."


Mercredi 9 mars 2011


Tiré du Livre de la Sagesse, cité par "Prions en Eglise" de ce mercredi des cendres:
"Seigneur, tu aimes tout ce qui existe, et tu n'as de répulsion pour aucune de tes oeuvres; tu fermes les yeux sur les péchés des hommes; tu les invites à la pénitence, et tu leur pardonnes, car tu es le Seigneur notre Dieu"

Lisant cela je me mets à penser à Kadhafi de Lybie...Dieu-Alha ne le rejette pas, car Il voit en son fils Mouhamar le petit grain de sénevé qui ne demande qu'à pousser.
N'est-ce pas en regardant, avec les yeux divins que nous avons tous, ce petit grain de positif qui est en chacun de nous et en implorant sa croissance que l'évolution de ce frère d'humanité se fera?
Ma prière, ce matin, était celle-là.
Bonne journée à tous, compris aux Lybiens qui luttent pour se libérer.
Gilles.


Vendredi 18 février 2011


ma réflexion de ce matin, bien à propos ces jours-ci!

Evangile de Marc. 8/36.
Ce matin, je relisais ce verset de Marc : « Que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre sa vie ? », et je pensais au président de la Tunisie, mourant loin de son pays, seul semble-t-il…même sa femme l’ayant abandonné…
Me retournant vers moi, vers ma vie, je me disais qu’une seule choses compte : être au service. notre «salaire » ? « Votre récompense sera grande dans les cieux ! »


23 octobre


Dans la lettre aux Ephésiens, Paul cite les apôtres, mais il ne cite pas "les prêtres", les Anciens, les "Presbutoi". Par contre il cite ceux qui sous différentes formes, annoncent l'Evangile. Nous pouvons donc tous nous retrouver là dedans.


Autre réflexion qui me vient de la lecture du passage Ephésiens 4/13: "Jusqu'à ce que nous parvenions tous ...à l'homme adulte, à la mesure de la taille de la plénitude du Christ"
Nous sommes donc tous appelés à atteindre cette "carrure" qui est celle qu'a atteinte Jésus, devenu "Christ", i.e."oint" pour le Royaume, comme nous sommes nous, d'autres Christs.
Le mot "plénitude", en grec "pléroma" veut dire, chez Paul, la dimension-même du divin...Ca donne à réfléchir sur notre capacité. Mais, n'ayons pas peur, l'Esprit nous habite et s'en charge, si toutefois nous le voulons bien.


Ainsi gonflés, bonne journée.
Gilles


25 octobre 2010


Aujourd'hui, cette phrase de Paul (Ephésiens 4/32 ss)"Cherchez à imiter Dieu puisque vous êtes ses enfants bien aimés". On n'est pas seulement "ses enfants"...combien de parents ont des enfants qu'ils n'aiment pas plus que ça, mais des "bien-aimés"...et nous, imitant le Père dans une attitude de vouloir l'aimer comme il nous aime.
Et puis, quelque chose contre quoi il faut que nous soyons vigilants face à tout ce que nous avons appris sur le sacrifice sanglant de Jésus, sacrifice voulu par le Père...de quoi rejeter Dieu. "Le Christ nous a aimés et s'est livré pour nous en offrant à Dieu le sacrifice qui pouvait lui plaire"...Ce n'est pas voir se tordre de souffrances sur la croix qui plaît à Dieu, mais c'est que Jésus a été honnête avec lui-même jusqu'au bout dans ses paroles et ses actes pour libérer ses coréligionaires juifs, et l'humanité, de cette idée que Dieu voulait voir du sang couler plein les rigoles autour du temple de Jérusalem et d'ailleurs. Ce que Dieu attend de nous, c'est que nous soyons honnêtes comme Jésus dans nos paroles et nos actes...
Voilà quelques pensées qui vont m'aider aujourd'hui...Amitiés. Gilles

jeudi 7 octobre 2010

Résumé de la conférence de Joseph Moingt

Conférence prononcée le 24 septembre 2010 à la Maison diocésaine de Blois
Annonce de l’évangile et structures d’église [1]

Témoigner de l’Evangile.
Face au déclin de l’influence de l’Eglise, la question n’est pas : comment retrouver cette influence perdue ? Mais : comment remplir sa mission en fonction de la nouveauté de la situation actuelle. Car l’Eglise existe pour les autres, pas pour elle-même. Sa mission, c’est d’annoncer l’Evangile qui est d’abord un message d’espérance et d’humanisation du monde. Tel est le sens du « royaume de Dieu » que Jésus annonçait sans parler de préceptes religieux à observer.

Pour la suite, après lui, Jésus s’en remettait à l’Esprit-Saint, dont l’inspiration a abouti à la fondation de l’Eglise. « Et l’Eglise se répand dans le monde païen en ferment d’une société ouverte qui abolit les cloisonnements et les exclusivismes des sociétés patriarcales ». Ainsi se fait l’annonce de l’Evangile : non par des formules ou des prescriptions, mais par des actes de fraternité, des messages d’espérance, qui sont toujours à réinventer en fonction de l’état du monde à discerner dans « les signes des temps » comme Jésus nous y exhorte (cf. Mt 16,3).


Parler aux hommes de notre temps.
Au point où nous en sommes aujourd’hui, un fossé d’incompréhension s’est creusé entre l’Eglise et le monde, car l’Eglise a voulu pendant longtemps freiner le grand mouvement historique d’émancipation de l’individu et de la société par rapport à sa tutelle, alors même que cette émancipation résulte de la libération apportée par l’Evangile. Cela se traduit par un retrait de la religion de la société, qui n’est pas une crise passagère mais le signe de l’entrée dans un âge nouveau. Cela impose à l’Eglise une position missionnaire tout à fait nouvelle.

Un homme devenu a-religieux, parce que devenu majeur, et ne se dirigeant plus que selon sa conscience, n’entendra plus un langage religieux fait de préceptes, d’observances et de règles morales. S’il cherche à accomplir son humanité en pleine responsabilité et à aimer son prochain, il correspond au projet créateur ; et donc « nous ne devons pas penser que ce monde sorti de religion est sorti des voies du salut ». Néanmoins il est nécessaire de porter l’évangile au monde « pour travailler avec tous les hommes de bonne volonté à l’accomplissement du projet créateur, qui est de conduire l’homme à la plénitude de son humanité ».


Envoyer les fidèles à la mission.
La mission évangélique est une charge commune à toute l’Eglise, évêques, prêtres et fidèles. Dans les premiers temps de l’Eglise, tous se sentaient solidairement responsables d’annoncer l’Evangile sous la conduite des apôtres et en bénéficiant tous des dons de l’Esprit. Cela a été rappelé par Vatican II comme une réalité toujours à la disposition de l’Eglise.
C’est seulement au début du III° siècle que l’Eglise s’est centrée sur le pouvoir sacré et sur la distinction entre les clercs et les laïcs, ceux-ci n’ayant plus droit à la parole. A notre époque, où les prêtres sont si peu nombreux et où la plupart des gens ne fréquentent plus les églises, « il faut chercher d’autres moyens que la voix officielle de l’Eglise hiérarchique pour se faire entendre du monde ». La charge de l’Evangile, comprise comme une transformation du monde selon l’esprit du Christ, devient davantage l’affaire des laïcs chrétiens qui vivent quotidiennement au milieu de ce monde sécularisé.
Annoncer l’Evangile sans l’arrière-pensée de faire revenir des incroyants dans un cadre religieux, cela correspond à la façon de faire de Jésus : son Evangile est « une école de vie, source d’humanisme, non un code religieux » et la religion n’est pas, dans son esprit, la seule voie assurée de salut.


Des communautés missionnaires.
Si la mission évangélique ne fonctionne plus sous sa forme hiérarchique, elle devra se faire, comme au début de l’Eglise à partir de communautés missionnaires.
Quel sera leur rôle ? « S’organiser en vue principalement d’un partage d’Evangile et non d’une célébration religieuse, orienter ce partage vers les problèmes qui se posent dans l’espace environnant, … prendre en charge cet environnement social, avec ses souffrances et ses besoins ». Et elles se joindront pour cela aux activités existantes, ou à susciter, tout en étant connues comme groupes d‘Eglise. St Paul considérait que les communautés locales, unies comme les parties d’un même corps, représentaient, chacune, l’unique Eglise.


Changer les structures de l’Eglise.
« L’Eglise s’est bâtie depuis les siècles les plus lointains sur le seul principe d’autorité... Si donc il s’agit de faire de la place à la liberté des laïcs, ce … ne se fera pas sans que certains pouvoirs leur soient reconnus… »
Aujourd’hui, parce qu’on en reste à une notion de paroisse répondant aux besoins d’un territoire autour d’un prêtre, devant la raréfaction des vocations, on regroupe des paroisses sur des territoires de plus en plus étendus « avec la conséquence qu’il n’y a plus de communautés chrétiennes dans les communes rurales et dans maints quartiers urbains. La réorganisation en vue de la mission exigera … le renversement de ce mouvement dont la finalité est purement cultuelle : on ne demandera plus aux fidèles de se rassembler là où il y a des prêtres, on les laissera se réunir au plus près du territoire dont ils prendront la charge évangélique ».
Dans un esprit de liberté selon l’Evangile, l’évêque laissera ces communautés s’organiser elles-mêmes sous un mode démocratique, tout en les contrôlant discrètement dans le respect de leur autonomie. Et « puisqu’il n’y a pas de communauté chrétienne sans vie sacramentelle et eucharistique, il habilitera leurs dirigeants à y pourvoir ». Les prêtres redevenant alors disponibles, il les enverra aux communautés pour leur formation et leur animation spirituelle.
A l’échelon diocésain on peut imaginer des instances de débat et de contrôle composées d’hommes et de femmes élus démocratiquement et participant au pouvoir de décision. A un échelon plus élevé, on sollicitera les évêques pour organiser une représentation nationale du laïcat en vue du service de la société dans la mise en pratique de l’Evangile.

Les conditions de possibilité de tels changements.
Le P. Moingt ne fait qu’esquisser le sujet, ne se reconnaissant pas compétent pour parler des aspects organisationnels, juridiques, etc., à mettre en œuvre.
Aucun responsable diocésain n’osera prendre de telles décisions sans le consensus des autres évêques et sans celui de la papauté, celle-ci s’érigeant en seul juge suprême, selon la conception séculaire établie depuis la réforme grégorienne au XI° siècle. Elle ne prendra pas l’initiative de ces changements. Il lui faudrait se déjuger sur trop de points capitaux pour miser sur l’Evangile et non sur la religion. On pratiquera une pastorale du changement à petits pas. Ce sera, pour commencer, former une communauté, même réduite, là où il y a un lieu de vie. Cela se fait déjà ici ou là : des laïcs prenant la responsabilité d’un lieu sans rompre avec la paroisse. La prière et le partage d’Evangile en cette communauté tiendront lieu, un jour, de culte dominical, tout en participant aussi aux messes du secteur. Et surtout la communauté aura un profil missionnaire, en discernant les problèmes humains à prendre en charge. Puis, une telle communauté ayant acquis suffisamment d’expérience, elle se préoccupera d’essaimer, en liaison avec les responsables du secteur paroissial concerné.
« Cette évolution ne se fera pas sans heurts, sans bousculer les us et coutumes ». Mais « il ne faut pas fuir les affrontements quand on y est poussé par un esprit évangélique dûment discerné en commun », comme le dit St Paul dans la 1ère épitre aux Corinthiens (cf. ch. 11). Mais en fait ces avancées pourront se faire plus facilement qu’on ne pense, car de nombreux chrétiens partagent en gros le même esprit et nombre de prêtres et d’évêques « ne seront pas mécontents d’être un peu bousculés par leurs fidèles ». Avec une telle promotion du laïcat, le christianisme se présentera sous un jour nouveau et trouvera une vitalité nouvelle au cœur du monde. « Rêverie, crédulité aveugle, ou optimisme béat ? Rien d’autre qu’une tremblante espérance ».

[1] On peut se procurer le DVD de l’intégralité de la conférence auprès de J.P. Lemaire, email : http://www.gabriel41.info/ - Par ailleurs, le texte en PDF peut être obtenu auprès de Jean Housset: jean.housset@wanadoo.fr

Guy de Longeaux (les citations sont tirées du texte même de la conférence du P. Moingt)

dimanche 26 septembre 2010

Au sujet des "Roms"...

Jacques nous a bien dit de ne pas confondre : Gens du Voyage, Roms, Tsiganes, et qui sais-je encore…Bernard de son côté nous l’a plusieurs fois rappelé…


Puisque sur ma commune, des gens en roulotte viennent parfois s’installer, j'ai décidé de faire un geste, je suis allé leur dire bonjour.


Je pourrais faire plus : les accueillir chez moi : j’ai un grand jardin avec l’eau courante pas loin, l’électricité…Ils pourraient même s’installer dans mon cellier et mon garage : l’homme n’est-il pas plus important que la voiture ? Mais j’ai peur d’être envahi, maintenant que je suis habitué à la vie solitaire.


J’ai donc, a minima, décidé d’aller leur dire bonjour.
« Ce n’est pas souvent que quelqu’un vient nous parler » me dit la dame la plus âgée, la maman, je suppose, entourée de ses petits et grands. Et la conversation s’engage sur leur passage ici. Ils y sont bien reçus, le propriétaire du terrain les laisse occuper son champ ; ils y restent quelques jours, le temps de faire le tour du village à proposer les paniers qu’ils fabriquent eux-mêmes. Je vois là des paquets d’osier.
Va la conversation, et à un moment, mon cœur me dit : « fais un geste ». Je leur propose : « Si vous passez près de chez moi je ne vous achèterai pas de paniers, mais je vous offrirai un café ». Adresse donnée et retenue, je les quitte, satisfait de ma B.A. ou content d’un geste qui ne m’a pas beaucoup coûté, et dédouané de faire plus…

Pesant tout cela dans ma conscience, je me dis : c’est déjà ça … les connaissant mieux, je verrai bien où l’Esprit me poussera !


Gilles Lacroix, Mont près Chambord,16.09.2010.

mardi 14 septembre 2010

Communauté et célébration de la cène

  • Les communautés sont nécessaires au développement des immenses possibilités spirituelles des hommes que l’Eglise n’a pas réussi à mettre en œuvre parce qu’elle a conçu sa mission comme la tutelle qu’on exerce sur des mineurs condamnés à le rester toute leur vie.


  • Dans la réunion de la communauté, vous verriez une participation plus active des laïcs ?


  • Ces communautés ne peuvent pas exister et se développer normalement sans le renouvellement de la Cène tel que Jésus l’a demandé à ses disciples et qu’il leur avait annoncé bien avant sa mort en leur promettant sa présence parmi eux «Quand 2 ou 3 seraient réunis en son nom ».


  • Les chrétiens se réuniraient entre eux et prendraient la responsabilité de renouveler la mémoire de Jésus ?


  • Exactement, mais cela ne pourrait pas être réalisé avant qu’ils n’aient été préparés très explicitement à cette nouvelle manière de concevoir leur vie religieuse, si contraire, non à l’esprit de l’Evangile, mais à ce qui s’est pratiqué dans les siècles chrétiens…Même dans nos villages, où le niveau de culture est moins élevé, il l’est suffisamment pour que cette préparation spirituelle soit possible et que la communauté des chrétiens trouve dans cette célébration de la Cène, ou plutôt dans la concélébration,-car c’est là un des rares progrès de notre temps- la source de sa réalité et l’agent de son rayonnement spirituel.

  • …Cette manière de concevoir l’Eglise n’est pas due à la pénurie de vocations sacerdotales. Jusqu’à présent l’Eglise a réservé le sacerdoce à une classe sociale relativement fermée…Cette société faite d’hommes d’Eglise, au départ sans nul doute particulièrement spirituels et inspirés par le désir de servir, a été organisée à l’écart des communautés locales…La pénurie du recrutement sacerdotal est sans doute la circonstance providentielle qui imposera ce changement.


  • Extrait de « Questions à…Réponses de…Marcel Légaut »
    p. 86 et 89 (Aubier éditeur 1977)

Accepter et se taire ?

  • Des historiens ou des clercs, généralement septuagénaires – ce qui signifie qu’ils ont connu et partagé les espérances de Vatican II – osent des analyses sévères mais pertinentes du marasme triomphaliste qui s’est emparé de notre Église, et ils manifestent des inquiétudes pour l’avenir que provoque son passéisme ; ils osent aussi poser des questions essentielles à l’autorité. Ils proposent parfois des voies nouvelles pour que l’évangélisation ne paraisse pas une simple opération de “propagande” et se préoccupe davantage d’annoncer Jésus-Christ que du bon fonctionnement de l’institution romaine (strict respect des dogmes, participation “active” aux dévotions, magnificence des rites, …). Il faut célébrer leur courage, car la délation haineuse a toujours été un sport à la mode dans l’Église, et il faut entourer et soutenir ces pasteurs et ces théologiens : ils ne sont pas si nombreux.
  • Logiquement, le problème ne devrait pas être de savoir si ce qu’ils disent est totalement conforme à ce qu’on a dit et répété avant, mais de savoir si ce qu’ils disent est vrai et authentiquement évangélique. La “Tradition” a bon dos pour entretenir des “vérités” d’un moment, parfois liées à un état des connaissances ou à une situation historique particulière, et les faire perdurer en dépit de leur caducité. Dans le domaine des sciences, par exemple, combien de temps a-t-il fallu pour que la terre tourne autour du soleil, ou que l’évolution soit admise 2 ? Combien de dogmes ont été proclamés dans un contexte politique pas forcément très “catholique”. Plus grave pour la “religion”, combien de siècles ont été nécessaires pour qu’on se rende compte et qu’on reconnaisse que le Dieu-Père annoncé par Jésus était un Dieu de tendresse et de pitié (ce que d’ailleurs affirmait déjà l’Ancien Testament) au lieu d’un père fouettard attendant le pécheur au tournant. Remarquons en passant que cette idole était bien utile pour garder les fidèles, et même les “sujets”, dans une obéissance passive aux différents pouvoirs qui s’exerçaient sur eux. Une Tradition vivante doit non pas “s’adapter” aux variations des civilisations, mais écouter les changements vitaux et, en tenant compte de ce qui doit rester intangible (Dieu seul est saint et il est l’Unique, par ex.), discerner ce qui est transitoire, lié à une culture donnée. Les mitres d’évêques rappellent furieusement les coiffures des prêtres juifs de l’antiquité ; elles ne sont peut-être pas indispensables pour annoncer Jésus-Christ.
  • Depuis quelques années, un certain nombre de catholiques souffrent de voir leur Église demeurée coupée du monde comme elle le fut effectivement longtemps, et plus encore de constater qu’elle a amorcé une restauration autoritaire sous prétexte de revenir aux “valeurs fondamentales”. Ces catholiques, pas forcément “progressistes” 3, ont des choses à dire sur la vie qu’ils tentent de mener au nom de l’Évangile. Toutes ne sont sans doute pas “valables”, certaines peuvent être même trop proches de certains modes de penser contemporains qui ne sont pas a priori évangéliques. Mais comment se fait-il que le “Saint-Père” puisse rester sourd aux prières d’une partie du peuple de Dieu, refusant tout débat autre que formel avec ce monde où l’on vit, lui et nous ? Cette partie “non-traditionaliste” de l’Église appartient pourtant à la “famille” et, dans une famille digne de ce nom, on s’écoute, on échange pour parvenir à un accord plus profond, pour converger “en avant” des certitudes des uns et des autres. Le temps du pater familias, dont les pouvoirs étaient eux aussi sacralisés (parmi lesquels : le droit de vie et de mort) et s’exerçaient sans partage sur sa “domus ”, serviteurs, enfants et femme compris, a été dépassé, au profit d’un père aimant et prêt à accueillir tous ses enfants, fussent-ils “prodigues”. Et les régimes de gouvernements totalitaires ne maintiennent une unité de façade que pour un temps, laissant après eux malheurs et déliquescence (pensons, par ex. à l’ex-Yougoslavie ou à certains pays africains).
  • Car les “catholiques-critiques”, comme il arrive qu’on les appelle, sont (encore) des “fidèles”. D’autres sont partis et l’on doit regretter la perte de ces frères et sœurs qui étaient parfois des forces vives de l’Église. Le “Bon Pasteur” ne laisse-t-il pas ses 99 brebis pour se porter au secours de la “brebis perdue” ; il ne fait pas une encyclique pour condamner ses errances, il va directement la chercher par monts et par vaux, et se réjouit lorsqu'il l’a retrouvée. S’il vous plait, “Pères”, sachez percevoir, sous des critiques qui peuvent vous paraître injustes, qui peuvent l’être à la rigueur, une réaction d’amour déçu, amour de l’Église – non d’une organisation humaine pyramidale, mais celui du “peuple de Dieu” – et amour de Dieu-même, dont ils refusent les caricatures dessinées à l’aide de dogmes figés (que sait-on et que peut-on exprimer de la vérité de Dieu ?), de croyances et de rites parfois proches de superstitions.
  • Albert OLIVIER
    Garrigues et sentiers –Août 2010

vendredi 9 juillet 2010

Vacances - prenons un peu de recul...

  • Bienheureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes : ils n'ont pas fini de s'amuser.


  • Bienheureux ceux qui savent distinguer une montagne d'une taupinière : il leur sera épargné bien des tracas.


  • Bienheureux ceux qui sont assez intelligents pour ne pas se prendre au sérieux : ils seront appréciés de leur entourage.


  • Heureux êtes-vous si vous savez regarder sérieusement les petites choses et paisiblement les choses sérieuses : vous irez loin dans la vie.


  • Heureux êtes-vous si vous savez admirer un sourire et oublier une grimace : votre route sera ensoleillée.


  • Heureux êtes-vous si vous êtes capables de toujours interpréter avec bienveillance les attitudes d'autrui même si les apparences sont contraires : vous passerez pour des naïfs, mais la charité est à ce prix.


  • Heureux êtes-vous si vous savez vous taire et sourire même lorsqu’on vous coupe la parole, lorsqu’on vous contredit ou qu'on vous marche sur les pieds : l'Évangile commence à pénétrer votre cœur.


  • Bienheureux surtout vous qui savez reconnaître le Seigneur en tous ceux que vous rencontrez : vous avez trouvé la vraie lumière, vous avez trouvé la véritable sagesse.




    Les Béatitudes selon Joseph Follet, dominicain (1903-1972)
    Fondateur des Compagnons de Saint-François en France (1927)

    samedi 26 juin 2010

    Choisir son camp entre l’intelligence et la soumission ?

    • À l’heure où certains courants chrétiens sombrent dans l’anti-intellectualisme au nom d’une émotivité baptisée parfois rapidement de « motion de l’Esprit », le pasteur Laurent Schlumberger, président du Conseil National de l’Église Réformée, a particulièrement bien mis en lumière le rôle de l’analyse critique au cœur même de la démarche de la transmission de la foi chrétienne. Dans le discours prononcé lors de l’inauguration des locaux rénovés de la faculté protestante de théologie de Paris, il analyse ainsi les difficultés des Églises chrétiennes confrontées à ce qu’il appelle « la panne de transmission » : « On attribue souvent une large part de responsabilité dans cette panne précisément à la critique, la critique rationnelle moderne. (…) La critique ferait donc échouer la transmission ; ou encore, la transmission supposerait une attitude acritique. Au point qu’il faudrait choisir son camp, entre l’intelligence et la soumission, la science et l’obscurantisme, l’autonomie et l’hétéronomie, la démarche rationnelle et l’orthodoxie doctrinale. Il faut refuser cette alternative consternante. (…) La critique est au cœur de la transmission telle que nous la concevons ». Pour lui, « le moment Réformateur naît avec le geste et la parole critiques. Le refus qui se mue en attestation, la dissidence, sont constitutifs de l’être protestant » *




    • Cette dimension critique se déploie dans la transmission des savoirs destinée à permettre à chacun de devenir « sujet d’une critique élaborée et assumée ». La pluralité des textes du Nouveau Testament, témoigne « d’une transmission non seulement nourrie, mais suscitée par des critiques en débat, des interprétations en conflit ». D’autre part, la transmission du message évangélique est elle-même une critique adressée au lecteur qui doit consentir à ne pas rester en repos, à l’existence croyante pour éviter qu’elle ne se sclérose, au monde contemporain enfin pour « contester la clôture de la raison sur elle-même. (…) Transmettre, c’est critiquer, parce que c’est poser et garder ouverte la question de la transcendance, qui n’est pas seulement une question individuelle mais aussi une question sociale et politique ».


    • Bernard Ginisty -
      Chronique hebdomadaire diffusée sur RCF Saône & Loire le 26.06.10





    • * - Laurent Schlumberger : La critique et la transmission in Réforme du 3 juin 2010, page 14.

    mercredi 16 juin 2010

    La baleine et le papillon

    • Je ne demande pas qu’on change l’Église. Je demande qu’elle soit vivante. Je réclame qu’elle reste fidèle à sa mission, qu’elle porte la parole du Christ à nos contemporains, qu’elle témoigne du monde renouvelé par l’Esprit. Il ne s’agit pas de la conserver comme un trésor au risque d’en faire un conservatoire des moeurs d’antan. Il ne s’agit pas de la rafistoler par quelques astuces pour qu’elle survive un hiver ou deux de plus. Il s’agit qu’elle trouve les gestes et les mots qui diront Dieu au monde d’aujourd’hui.
    • Elle est mon Église et il n’est pas question de me désolidariser d’elle. J’assume son histoire avec fierté souvent, avec honte parfois, avec résignation toujours. Je prends tout en elle, le meilleur et le pire, les croisades et les conciles, Alexandre VI et Jean-Paul II, la cour de Rome et les saints. Je crois que cette histoire d’hommes avec ses héros et ses lâches, ses audaces et ses calculs, n’est sainte que par l’Evangile qu’elle porte.

    • Disponible au présent

    • Je lui demande seulement de rester dans l’histoire sans se figer dans l’éternel. Je lui demande de ne pas sacraliser son passé au point d’être indisponible au présent. Je l’implore de renoncer aux réussites mondaines et aux vaines richesses pour ne pas «contrister» l’Esprit qui l’appelle.

    • J’aimerais qu’elle se rende compte qu’il lui faut changer parce que le monde qui est le champ de sa mission change. Il me plairait qu’elle reconnaisse le travail de l’Esprit mieux que les traces du démon. Les nouveautés ne sont pas forcément des valeurs qui se perdent mais souvent aussi des « signes des temps », prémices du Royaume. Il faut qu’elle. ouvre les portes de l’espérance au lieu de cultiver les archives de la nostalgie.

    • Elle a inventé l’école pour tous. Elle a appris aux hommes à lire et à écrire. Elle a voulu que l’homme grandisse, mais elle s’affole aujourd’hui parce que son discours ne passe plus. Son «catéchisme » peut être aussi riche et cohérent que possible, mais des hommes adultes n’attendent plus un catéchisme. Ils souhaitent qu’on écoute leurs questions avant de leur donner des réponses. Ils préfèrent dialoguer avec Dieu plutôt qu’on leur parle de Lui.

    • Elle a dénoncé les mariages d’intérêts, les unions arrangées par les parents. Elle a défendu la liberté des époux et promu l’amour au coeur du couple. Mais elle est toute surprise aujourd’hui qu’on n’accepte plus la triste fidélité hypocrite d’autrefois. La Bible nous parle pourtant d’une alliance d’amour en permanence trahie et en permanence renouvelée.

    • Le parti des pauvres

    • De tout temps la grandeur de l’Église a été de prendre le parti des pauvres. Même quand elle ne savait pas apporter la justice elle consolait par sa charité. Aujourd’hui encore des chrétiens sont présents dans la recherche d’une politique plus juste et dans les urgences caritatives. C’est là qu’on comprend le Christ. C’est là qu’on attend ses disciples. Mais les médias s’amusent à ne voir l’Église qu’à travers un pontife jouant au dernier monarque absolu, dans un cérémonial d’un autre âge, loin des problèmes de fins de mois de leur public.

    • Un cri comme celui-ci, vers qui le faire entendre ? Une prière comme celle-ci, vers quel saint l’adresser ? A quelle adresse poster le courrier ? Ya-t-il une chance de changer quelque chose ? La lourdeur de l’administration vaticane - ce n’est pas un mammouth mais une énorme baleine échouée sur le sable - donne l’impression que rien ne peut la réveiller. Mes mots ne feront pas plus de bruit que l’aile d’un papillon sur le dos du cétacé. Mais, après tout, on sait qu’un vol de papillon dans l’hémisphère sud peut engendrer une tempête dans l’hémisphère nord. Et puis il y a beaucoup de papillons. Et puis dans le vent qu’ils font souffle aussi l’Esprit. Pourquoi ne seraient-ils pas capables de réveiller la baleine : une grande marée et un petit ouragan et la voilà remise à l’eau, légère et vivante !
    • Mgr Jacques Noyer,
      Évêque émérite d’Amiens

    dimanche 6 juin 2010

    La condition féminine...dans l'Eglise primitive

    • Au cours des premiers siècles, la femme joua dans l’Eglise un rôle tout autre que celui auquel nous avons été habitués depuis lors. En ce temps là, il lui était par exemple encore possible d’intervenir comme prophétesse, sans provoquer aussitôt un mouvement de réaction. L’évangéliste Philippe avait quatre filles qui parlaient en prophéties (Ac 21, 8s.) - et cela évidemment pas en chambre, mais devant toute l’assemblée réunie. En 1 Co 11, 5-16 s., Paul présuppose également comme indiscutable l’intervention des femmes dans la célébration, sous forme de discours prophétiques. Il demande seulement qu’elles le fassent «la tête couverte» (en s’adaptant à la parure alors en usage ?). Pour lui, il est au reste évident que l’Esprit répartit à son gré ses dons sur chacun des membres de l’Eglise (1Co 12, 11 )



    • Dans l’Eglise primitive, tout aussi important que l’activité prophétique des femmes, il y avait le service missionnaire du couple. Il faut citer Pierre et sa femme (1 Co 9,5), Aquilas et Prisca (Rm 16, 3-5), Andronicus et Junia (Rm 16, 7). C’est sur Aquilas et Prisca que nous avons le plus de renseignements. On les nomme toujours ensemble, et ils étaient donc bien impliqués activement dans le travail missionnaire. Leur fidélité et leur dévouement ont dù apporter une aide extrêmement précieuse à la mission de Paul pour que celui-ci puisse dire que toutes ( ! ) les communautés pagano-chrétiennes leur doivent de la gratitude (Rm 16, 4). Il les désigne tous deux explicitement comme ses « collaborateurs » (Rm 16, 3). Sur cet arrière-plan, il est encore significatif de constater que Prisca est le plus souvent citée avant son mari. C’est à juste titre que H.-J. Klauck note : « Ce fait n’est certainement pas à comprendre comme simple politesse… Il va au contraire contre les conventions antiques, ce qui indique l’importance particulière de cette femme pour la mission chrétienne. »



    • Gerhard Lohfink (était professeur d’exégèse du Nouveau testament à la faculté de théologie catholique de Tübingen), dans « L’Eglise que voulait Jésus » Cerf éditeur, 1985, pages 104-105)

    mercredi 2 juin 2010

    100 ans de "Recherche de Science Religieuse"



    La revue « Recherches de Science Religieuse » (RSR) célébrait son centenaire le 4 mai dernier à la Maison de l’UNESCO à Paris, autour du thème « Penser la tradition chrétienne aujourd’hui ».


    Notre ami Jean Housset était présent et a proposé un compte-rendu à la rédaction de "La Vie Diocèsaine". Il en a confié quelques lignes au Blog CER41:




    La sécularisation, la mondialisation de la culture, obligent de plus en plus chaque croyant à penser sa foi, d’autant plus que de nombreux médias (des magasines très lus tels que le « Monde des religions » ou des émissions télévisées telles que « Corpus Christi ») l’exposent à d’innombrables questions auxquelles son catéchisme, - fut-il pour adulte - n’a pas toujours songé à répondre. Ainsi les recherches sur le « Jésus historique » largement diffusées aujourd’hui, ont fait redécouvrir la judaïté de Jésus et ont fourni une vision plus concrète de son ministère pastoral qu’on compare au mode d’exercice actuel du ministère universel de l’Église. Bref, le mur entre les sciences religieuses et le monde religieux ou ecclésial s’est effondré.





    Lors de la cérémonie du centenaire, un hommage a été rendu à tous ceux qui ont porté la revue, et notamment à ses derniers directeurs : pendant 29 ans (1968-1997) : Joseph Moingt dont la venue à Blois est annoncée pour une conférence le vendredi 24 septembre à 17 H 30 à la « Maison diocésaine ; ), puis Pierre Gibert et enfin, depuis 2008, Christoph Theobald qui est venu plusieurs fois dans notre diocèse, notamment du 19 au 21 mars denier dans le cadre d’une session régionale de formation.



    Jean Housset

    mardi 1 juin 2010

    Pastorale d'engendrement - autre écho:

    • Christoph Théobald m’a intéressé à bien des égards, mais j’en reste à mes impressions premières qui me permettent de formuler cette trame.

    • Découverte de ce qu’il dénomme foi élémentaire qui est la foi innée en la Vie,
      (c’est à dire, la foi en un devenir possible pour l’homme) qui anime tout être humain, qu’il le perçoive ou non. C’est le « quiconque » pour Théobald, unique en sa personne. et c’est à lui que l’Evangile est destiné .
    • Foi chrétienne, en référence à l’enseignement du Christ (foi paulinienne),
      Une foi au service de la foi élémentaire de l’autre ( le quiconque).
      Une foi d’engendrement, en ce sens que cette foi chrétienne ne se transmet pas… mais se découvre à la faveur du témoignage.
      (Théobald n’établit pas de hiérarchie entre elles… et indifféremment, l’une peut faire découvrir l’autre.)

    • Mais aujourd’hui, il y a problème pour l’Eglise. Le témoignage porté par l’Eglise touche difficilement les hommes de notre temps… globalement, le message chrétien n’est plus visible. En cause, notre « pastoralité » (art du relationnel) qui n’est pas adaptée au Temps présent.
    • Vatican II a bien pris en compte, en son Temps, les besoins de l’Humanité. Référons-nous à « Gaudium et Spes ».
      Jean XXIII avait jugé le « moment favorable » pour proclamer le message chrétien, mais nous sommes entrés dans une « ère nouvelle » dans laquelle la culture des générations présentes ne repose plus sur la culture biblique, le socle judéo-chrétien de référence. Priorité à la réalisation personnelle (le Soi), sans nier, pour autant, l’émergence de nouvelles solidarités, par ex..
    • C’est une véritable révolution culturelle, pour C.Théobald, à laquelle l’Eglise est confrontée.
      Celui-ci nous invite, déjà, à chercher les valeurs cachées qui animent, malgré tout, nos contemporains. Et, en cela, saisir le « moment favorable » pour visiter l’Autre.
      Pour ce faire, le retour aux récits évangéliques est essentiel pour nous mettre en contact avec cette foi élémentaire qui habite tout être humain.


    • C.Théobald s’appuie alors sur deux espérances :

    • - Celle, en une Eglise capable de s’adapter, comme elle a su le faire dans sa
      propre Histoire…un peu oubliée d’elle-même!
      Une crise ecclésiale laisse place à de nouvelles initiatives. C. Théobald les
      suggère. Ainsi peut s’ouvrir une nouvelle pastoralité de l’Engendrement.

    • - Sa confiance mise dans les hommes et les femmes du Temps présent,
      qu’il estime porteurs de valeurs (enfouies ou non) révélatrices d’une aspiration à la Vie.

    • Somme toute, une analyse de la part de Christoph Théobald qui peut relancer
      notre propre espérance.


    • Bernard Moreau

    lundi 31 mai 2010

    Libres propos d'un laïc

    • Comme Monsieur Jourdan faisait de la prose sans le savoir, nous sommes des laïcs sans en être toujours conscients…Mais qu’est-ce qu’un laïc ? « Qui dans l’Eglise, n’est ni ecclésiastique, ni religieux » dit le dictionnaire. Nous savons ce qu’il n’est pas, mais qu’est-il ?
    • Pie X, en 1906, définissait ainsi sa place :
      « L’Eglise est par essence une société inégale… Dans le corps pastoral seul résident le droit et l’autorité nécessaires pour promouvoir et diriger tous les membres… Quant à la multitude, elle n’a d’autre droit que de se laisser conduire et, troupeau docile, de suivre ses pasteurs. »
    • Il fallut attendre Vatican II pour que l’Eglise accorde plus d’attention au troupeau :

      « La vocation propre des laïcs consiste à chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu.
      C’est à eux qu’il revient, d’une manière particulière, d’éclairer et d’orienter toutes les réalités temporelles auxquelles ils sont étroitement unis, de telle sorte qu’elles se fassent et prospèrent constamment selon le Christ et soient à la louange du Créateur et Rédempteur. » (1)" La Mère Eglise désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui, en vertu de son baptême, est un droit et un devoir pour le peuple chrétien, race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté.
      Cette participation pleine et active de tout le peuple est ce qu’on doit viser de toutes ses forces dans la restauration et la mise en valeur de la liturgie. » (2)
    • Dans la ligne du concile Vatican II, Jean-Paul II écrivait en 1989 :
      «Les fidèles, et plus précisément les laïcs, se trouvent sur la ligne la plus avancée de la vie de l’Eglise…Ils doivent avoir une conscience toujours plus claire, non seulement d’appartenir à l’Eglise, mais d’être l’Eglise, c'est-à-dire la communauté des fidèles sur la terre. »
    • Où en sommes-nous aujourd'hui? comment les déclarations de principe du Concile se sont-elles concrétisées ?
    • Dans « La Vie Diocésaine » du diocèse d’Orléans (3), nous relevons cette réponse :

      « ...participer activement ne signifie pas tout faire, indistinctement. Ainsi la nature des oraisons réclame qu'elles soient prononcées par celui qui préside l'assemblée. Y participer ne veut donc pas dire que chaque fidèle va dire la prière avec le prêtre, mais au contraire que chacun va l'écouter pour s'y unir.
      ...Ecouter le lecteur, le président, le choeur...c'est donc aussi participer activement. Regarder la procession de l'Evangile ou des dons, c'est donc aussi participer activement. Faire silence après la communion, c'est donc participer activement autant que chanter l'hymne d'action de grâce qui va suivre.
      ...L'enjeu de cette participation active est évidemment que les célébrations soient plus vivantes, comme le souhaitent tant de pasteurs et de fidèles. »
    • Pour un laïc, participer activement ce serait donc écouter, regarder et se taire…
    • Cette infantilisation des "fidèles" n'est plus supportable au XXIème siècle - alors les baptisés se regroupent dans de multiples associations, dont "Chrétiens en Recherche", et dans une "conférence des baptisés"; ils mettent le pied pour empêcher que la porte ouverte par Vatican II ne se referme...

    • Pierre van Waerebeke

    • (1) extrait de la constitution Lumen gentium
    • (2) extrait de la constitution Sacrosanctum Concilium
    • (3) N° 11 daté du 6 juin 1996

    dimanche 30 mai 2010

    Propos...progressistes

    • ... Pour mener à bien cette tâche, l'Eglise a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l'Evangile, de telle sorte qu'elle puisse répondre, d'une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques. Il importe donc de connaître et de comprendre ce monde dans lequel nous vivons, ses attentes, ses aspirations, son caractère souvent dramatique.

      (Extrait de l'avant-propos de la Constitution Pastorale Gaudium et Spes - Concile Vatican II)

    lundi 24 mai 2010

    Pastorale d'engendrement

    Ce que j’ai tiré de la session sur la « pastorale d’engendrement » du P. Théobald
    à Romorantin les 20 et 21 mars 2010.



    • J’en reviens un peu déçu par rapport à mon attente. J’en ai retiré un certain enrichissement personnel comme on peut en retirer d’homélies qui vous font découvrir des aspects inaperçus des évangiles. Mais presque rien sur les difficultés de communication de l’Eglise avec le monde actuel et sur les révisions radicales à envisager sur le plan de la théologie et sur le plan de l’organisation de l’Eglise. Comme si la maison n’était pas en péril et qu’il s’agissait seulement de mieux vivre à l’intérieur.

    • Ce que je retiens essentiellement de cette session, c’est la notion de « foi élémentaire » selon Théobald. Cela désigne l’effet produit sur des gens ordinaires par leur rencontre avec Jésus, comme on le voit tout au long des évangiles. Ils se trouvent guéris, physiquement ou moralement (exemple : la Samaritaine) ; leur vie en est changée ; ils retrouvent la santé, le goût de vivre, d’envisager l’avenir ; ils sont libérés, convertis à une meilleure humanité, redevenus maîtres de leur destin : « ta foi t’a sauvé ». Et puis ils disparaissent de la scène, retournant à leur vie ordinaire, revivifiés sans doute, mais sans devenir pour autant disciples ni être affiliés à une religion, simplement devenus plus humains (je ne sais plus quel journaliste a dit : « Jésus n’a pas cherché à faire des chrétiens, mais des hommes »). Cependant Jésus a appelé certains à le suivre, apôtres et disciples, pour faire la même chose que lui, une fois qu’il serait parti : se mettre au service des gens gratuitement, pour les libérer, sans les embrigader.

    • Une telle perspective aurait beaucoup d’implications sur la conception de l’Eglise et sur le rôle du christianisme dans le monde. Il ne s’agit pas de faire revenir dans les églises ceux qui sont partis, ni de multiplier les adhérents et les pratiquants. Il s’agit, pour l’Eglise, pour les disciples et pour les apôtres, de se mettre au service de la société pour la rendre plus humaine, au service des personnes pour les libérer des emprises morales et des injustices économiques et autres. On est là dans une figure sécularisée de l’Eglise qui correspond aux réalités de note époque Et cette figure sécularisée, dépouillée de toute idée de pouvoir, est une figure éminemment spirituelle, en un mot « évangélique ».


    • Guy de Longeaux

    dimanche 23 mai 2010

    Actualité Hans Küng

    • Le "Journal du Dimanche" de ce jour publie une interview de Hans Küng - Notons sa réponse à la question:
      Quelles pistes préconisez-vous pour donner un nouveau souffle à l'Eglise ?




    • "Il est urgent de réformer l'Eglise. Quand on arrive à une situation où le service divin est déserté, le pastorat dépourvu de moyens, que l'on s'ouvre de moins en moins au monde, on ne peut se contenter de mettre tout sur le dos de Rome. Evêques, prêtres et laïcs, chacun doit apporter sa pierre à la revitalisation de l'Eglise. Aller dans le sens de la collégialité: le concile de Vatican II a décrété que le régime de l'Eglise doit être collégial, une décision qui va dans le sens de l'histoire apostolique puisque Pierre ne faisait rien sans consulter les apôtres. Mais au Vatican, on a tout simplement ignoré ce principe. Les évêques sont devenus des employés de Rome. Il faudrait également prévoir un nouveau mode d'élection des évêques dans lequel le peuple aurait davantage son mot à dire. Il n'est plus possible d'avoir une Eglise en rupture avec ses fidèles, un fossé entre une hiérarchie aveugle au peuple, tournée vers un seul homme: le pape; et une base de fidèles qui veulent une Eglise en accord avec les évangiles et la société moderne du XXIème siécle. Si on donnait davantage la parole à cette base, je suis certain que l'on abolirait le célibat imposé des prêtres, que l'on corrigerait l'encyclique Humanae Vitae qui bannit l'utilisation de la pilule, que l'on introduirait une encharistie commune et que seraient acceptés les divorcés aux sacrements ainsi que l'ordination des femmes."

      samedi 22 mai 2010

      Diaconie ? (à propos du C. D. P.)

      « Quand l’Église s’engage dans la diaconie, elle vit pleinement sa rencontre avec le Christ: »

      la diaconie. : c’est le thème retenu pour la session du 28 mai 2010 du Conseil Diocèsain de Pastorale.

      Le document préparatoire de cette journée précise :



      « Prendre conscience que tous les chrétiens sont appelés à vivre la diaconie ne peut se décider par décrets. Cela se vérifie quand :
      - Les communautés chrétiennes trouvent naturel que leur histoire soit tissée à celle des plus démunis.
      - Les pauvres et ceux qu’on oublie facilement se sentent chez eux dans l’Église. »



      Diaconie ? pourquoi ce mot dont le contenu échappe au langage courant ?– il nous rappelle la Mystagogie, qui eut son heure – est-ce pour éviter d’autres mots trop précis, qui engageraient davantage : fraternité, solidarité, amour mutuel ? Mais ne faisons pas de procès d’intention : la suite du document veut concrétiser le concept:


      « Qu’est-ce qui peut aider pour avancer sur ce chemin ?
      C’est là que nous attendons des propositions très concrètes des membres du Conseil Diocésain de Pastorale.

      Voici quelques exemples pour aider le travail préparatoire au CDP du 28 mai 2010 :


      1. Dans vos paroisses, services, mouvements, où se vit déjà la solidarité ? À votre avis, pourquoi ça marche ?

      2. Dans vos paroisses, services, mouvements, qui sont les oubliés ? Qui sont ceux dont nous pouvons dire : « Nous ne pouvons pas continuer notre chemin sans eux. Tant qu’ils nous manquent, c’est le Christ qui nous manque. »

      3. Comment faire pour que le « Conseil diocésain de solidarité » donne une impulsion concrète aux paroisses, mouvements et services ?

      4. Comment faire pour que la solidarité n’apparaisse pas un domaine réservé aux spécialistes (Secours catholique, Conférence St Vincent de Paul, CCFD, etc.). Comment faire pour que ces services apparaissent non comme des sous-traitants mais come des médiateurs ? »



      Hasardons quelques suggestions en réponse à ces questions

      1. Peut-on dire que la solidarité se vit dans les paroisses ?

      2. Les jeunes, les pauvres, les déçus de l’Eglise.

      3. Que le C.D.S. s’informe de la façon dont la solidarité est vécue à la base dans les paroisses, services et mouvements. Que les paroisses sachent à quoi veut servir le Conseil Diocésain de Solidarité, qui le compose et quels moyens il se donne pour remplir sa tâche.

      4. Les seuls spécialistes sont les permanents des associations, mais au Secours Catholique, comme dans d’autres associations je pense, seuls des bénévoles sont en contact avec la réalité des situations; c’est ainsi qu’ils peuvent avoir un rôle de médiateurs : les bénévoles peuvent servir de relais entre ces personnes en difficulté dont ils connaissent les besoins - et le milieu paroissial dont la générosité peut apporter des solutions (concrètement cela peut se traduire par exemple, par des appels lancés aux paroissiens pour satisfaire des besoins matériels bien identifiés ou apporter un soutien psychologique momentané.)
      Les associations ont également un rôle à jouer dans la sensibilisation des paroisses aux problèmes d’exclusion, de pauvreté, de handicap, notamment en proposant des occasions de contact de ces personnes défavorisées avec le milieu paroissial : rencontres, repas convivial, actions communes.
      Dès à présent, sur le secteur paroissial de Neung, de telles initiatives sont proposées par le Secours Catholique et en cours d’examen par l’Equipe d’Animation Pastorale
      Par ailleurs les paroisses peuvent favoriser l’action des associations en leur permettant de bénéficier de leur infrastructure (locaux, permanences, moyens de communication, etc.)
      • Pierre van waerebeke





      dimanche 16 mai 2010

      La base va-t-elle continuer à attendre ?

      • Pendant toute une année de travail (2008-2009) les membres de la Famille dominicaine en Flandre ont débattu sur le thème « Église et ministère ». Après une série de réunions, ils ont proposé un texte de conclusion : «Nous optons pour une orthodoxie crédible dans une fidélité capable de changer de cap ».
        La famille dominicaine de Flandre - pères, soeurs et laïcs - voulait partager sa conception via un certain nombre de médias ecclésiastiques, mais aucun média n’a répondu à cette offre. Ce texte final est donc publié sous forme électronique, et peut être lu ci-dessous dans son intégralité.

      Église et ministère
      • Notre conception: Être Église « ici et maintenant »
        Jésus de Nazareth n’a pas fondé d’église. Il a bien appelé des gens (disciples et apôtres) pour
        proclamer avec lui la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu. Il a lancé un mouvement à développer.
        Après sa mort sur la croix, des femmes et des hommes qui l’avaient suivi, portés par leur foi en sa résurrection, ont amplifié ce mouvement. Les premiers chrétiens ont appelé les gens à croire en Jésus et à se convertir à sa manière de vivre. Les croyants en Christ ont formé dès le début des communautés qui se sont renforcées grâce aux rencontres qu’ils tenaient dans des maisons où l’eucharistie était célébrée.
        Ils avaient le souci les uns des autres et des plus défavorisés parmi eux et en dehors de leur communauté. C’est seulement beaucoup plus tard que les communautés de chrétiens se sont organisées dans une société structurée avec évêques, presbytres (anciens) et diacres. Une véritable hiérarchie de la structure ecclésiastique n’a été mise sur pied qu’au cours du
        troisième siècle.
        L’organisation ecclésiastique qui a survécu doit être revue aujourd’hui de manière urgente à la
        lumière de l’évangile, en cohérence avec la culture actuelle et en s’appuyant sur des arguments
        raisonnables. Ainsi dans l’église, il ne devrait plus exister de discrimination des femmes ni de
        dictature de l’absolutisme ni du relativisme. Les dogmes, certaines conceptions officielles au sujet de la contraception, l’attitude face aux divorcés remariés et aux homosexuels, le célibat des prêtres, doivent être reconsidérés. Les structures comme les paroisses et leurs regroupements doivent êtres mises au service de la communauté. Il est évident que beaucoup de choses doivent être changées de par le monde ; nous pensons ici à la hiérarchie.
        Ici et maintenant, l’église locale doit surtout accorder une attention particulière au désir des chrétiens pour construire des communautés, à une prédication et à une catéchèse contemporaines, à la lutte contre la pauvreté et l’injustice. Nous devons nous consacrer à une liturgie accessible, parlante et inspirante.

      Les « présidents »
      • 1. Nous avons besoin d’une bonne théologie du concept d’‘ordination’!
        L’ordination d’un chrétien est-elle une élévation ontologique grâce à laquelle elle/il devient
        quelqu’un de ‘sacré’ qui vit dans un ‘monde divin’ au-dessus des autres et possède des pouvoirs
        (magiques ?) dont ne dispose pas un ‘laïc ordinaire’ ?
        Ou l’ordination est-elle une désignation, une approbation de la reconnaissance du ‘dévouement et de la capacité’ de quelqu’un/e par la communauté locale, et/ou par l’évêque en accord et en
        concertation avec d’autres chrétiens ?
        Les chrétiens peuvent présider sur base du ‘sacerdoce commun de tous les croyants’. Le droit à
        l’eucharistie a priorité sur l’ordination d’un prêtre mâle et célibataire.

        2. La fonction d’un/e ‘président/e’ (voorganger) n’est pas seulement liturgique ou kérygmatique (prédication). Il/elle doit s’occuper surtout de l’édification de l’église sur place. Sa tâche est donc
        essentiellement pastorale dans toutes ses facettes : direction, accompagnement, proximité… C’était
        jadis la règle, pendant le premier millénaire, que celui qui préside à la pastorale préside aussi à la prédication et à la liturgie.
        Présider est un moyen, pas un but en soi. Le président est un instrument grâce auquel – et l’église est l’espace dans lequel – le sacré se rend toujours présent sous la forme du pain et du vin, de la fraction et du partage.

      Notre conclusion
      • Nous constatons qu’il se passe peu de choses sur le terrain et nous ne voulons pas laisser mourir
        d’une mort tranquille les changements nécessaires. Pour cette raison, nous continuons à insister,
        sans provoquer. Nous optons pour une orthodoxie crédible dans une fidélité capable de changer de cap.
        Pendant cette année du prêtre au cours de laquelle un seul prêtre est ordonné en Flandre, un
        dialogue ouvert dans une ambiance constructive avec les responsables de l’église est d’urgence à
        l’ordre du jour.
        Comment et avec qui les choses doivent-elles changer dorénavant? La base va-t-elle encore
        continuer à attendre une réforme de l’église ?
      • 3 décembre 2009

      samedi 15 mai 2010

      Notre Charte

      • Chrétiens en recherche 41 (C.E.R.41)
        Contact et informations:
        courrier :  Chrétiens en Recherche 41,  35 rue des Genêts, 41000 BLOIS,
        courriel : pvw@wanadoo.fr




      Association loi de 1901 à l’échelle du diocèse de Blois, issue du groupe informel « Croyants en Liberté », Chrétiens en recherche 41 accueille des hommes et femmes se reconnaissant comme membres à part entière de l’Eglise, en recherche d’un christianisme au plus près des évangiles, d’une Eglise fraternelle, sans dominants ni dominés, fidèle à l’esprit de Vatican II, en phase avec son époque et à l’écoute de ses contemporains.



      Vatican II a été le résultat d’une lente évolution des esprits qui est devenue assez largement l’opinion générale silencieuse, par exemple au sujet de la liberté religieuse ou de la notion d’apostolat des laïcs, ou de l’œcuménisme, ou de la liturgie. Les prêtres ouvriers avaient contribué à cette évolution générale. Ce ne sont pas des oppositions négatives qui ont permis cette maturation, mais surtout des initiatives d’inspiration évangélique, réalisées en accord avec une bonne partie des évêques. Une sorte de révolution interne faisant tâche d’huile dans une opinion publique chrétienne retrouvant l’Evangile, comme par intuition, dans ces initiatives : N'est-ce pas cela l'action de l'Esprit-Saint ?



      Notre projet :

      L’association souhaite être un lieu d’accueil pour les personnes en recherche d’un sens à leur vie de même que pour les chrétiens se sentant plus ou moins exclus. Elle aspire à :


      - Offrir à un plus grand nombre de baptisés l'occasion d'une prise de parole et de responsabilités.


      - Etre force d’écoute et de proposition, tout en témoignant de la diversité de l’Eglise du Christ.


      - Travailler à une Eglise plus présente au monde, au service de l'homme, plus soucieuse de comprendre que de condamner, plus modeste quant à ses certitudes.


      - Contribuer à la transmission de l’Evangile aux générations de jeunes qui n'en connaissent pas la richesse.


      Et notamment :


      - Promouvoir les expériences nécessaires pour faire aboutir les réformes amorcées par Vatican II.


      - Se saisir des questions que le concile n’a pu traiter, ou de questions nouvelles qui ne se posaient pas il y a 50 ans.


      - Susciter des initiatives œcuméniques.


      - Requérir que les baptisés aient toute leur place dans la mission confiée à l'Église.


      - Obtenir un accès aux responsabilités à part égale entre hommes et femmes.


      - Prendre des initiatives pour améliorer le langage de la foi et les célébrations.


      - Promouvoir l’accueil des divorcés remariés dans la vie sacramentelle.



      Nos actions :


      L’association « Chrétiens en recherche 41»
      - Convie adhérents et sympathisants à des réunions et à des célébrations périodiques
      - Diffuse le résultat de ses travaux et enquêtes notamment à travers :
      o des conférences et débats ouverts à tous
      o des communiqués de presse
      o un blog privé

      Elle entretient des relations avec d’autres groupes ou associations travaillant dans le même esprit.


      Chrétiens en Recherche 41 fait sienne la réflexion suivante sur VATICAN II :

      « Vatican II n’a pas encore porté tous ses fruits. Nombre de ses potentialités restent à développer. Cela ne concerne pas seulement le pape, les évêques, les clercs, mais tout le Peuple de Dieu. C’est-à-dire chacun d’entre nous qui sommes baptisés et croyants. Nous n’avons jamais vraiment réalisé ou, pour les plus anciens d’entre nous, avec le temps, nous avons perdu de vue, combien l’enseignement du Concile était neuf et audacieux. A nous de le transformer en parole vivante ».
      (Aimé SAVARD, Vatican II, une boussole pour le XXI° siècle)

      Qui êtes-vous, Joseph Moingt ?

      (Guy de Longeaux se risque à répondre à sa place)

      Vous qui êtes du Loir-et-Cher, cela vous intéressera de savoir que je suis né à Salbris. Mais c’est à peine un enracinement : cela date de plus de 90 ans et je n’y suis resté que quelques mois !Il vous importe sans doute davantage de savoir ce qui m’habilite à parler de théologie. La théologie, c’est toute ma vie « professionnelle » si je puis dire. Je l’ai enseignée pendant plus de 30 ans.

      Cela a commencé au scolasticat des Jésuites à Lyon-Fourvière au début des années 1960. Cet enseignement, à l’époque, concernait uniquement la tradition de l’Eglise et l’histoire du dogme, c’est-à-dire les affirmations de la foi catholique vues de l’intérieur et sans se préoccuper des questions du monde. Cela m’a donné l’occasion d’étudier avec minutie, avec ferveur aussi, non seulement les actes des conciles « christologiques », mais plus encore tous les textes de Pères de l’Eglise et écrivains ecclésiastiques, grecs et latins, qui avaient élaboré la doctrine et combattu les « hérétiques », du II° au VII° siècle, et également les auteurs « scolastiques », en particulier Thomas d’Aquin (XIII° siècle) et au-delà !

      Puis, à partir de 1968, j’ai enseigné à Paris : d’abord à l’Institut catholique, dans le cycle de théologie de formation des laïcs, puis aux Facultés jésuites du Centre Sèvres. Ces changements me firent faire toute une évolution, dans le sillage aussi de Vatican II. J’ai complètement réorienté mon enseignement en fonction des progrès de l’exégèse, et des questions philosophiques contemporaines. Je fus aidé en cela par la charge qu’on m’avait confiée de directeur de la revue Recherches de science religieuse et par les nombreux contacts pastoraux et militants que j’avais autour de Paris et en France.

      La christologie moderne soulève une grande question : elle constate un écart entre ce que nous apprend l’histoire moderne, sur la personne de Jésus et la prédication des apôtres, et, par ailleurs, le dogme de l’Eglise, tel qu’il a été déduit de cette histoire. Il fallait alors reprendre par son fondement tout l’exposé de la foi au Christ en tenant compte de la rationalité critique de notre temps. Ce fut, pour moi, une tâche ardue, me mettant en cause dans mes propres convictions.

      J’ai mis 12 ans à écrire un premier livre en 1993, L’homme qui venait de Dieu, pensant synthétiser les résultats de ma recherche. Mais je me suis aperçu que je soulevais encore beaucoup de questions ; et j’ai donc écrit ensuite les 3 volumes intitulés Dieu qui vient à l’homme. Certains disent qu’il s’agit d’une somme théologique, mais je ne suis pas aussi prétentieux.

      Ce qui me tenaille, c’est ce déclin inéluctable de l’Eglise auquel on assiste, et d’en chercher les remèdes. Il s’agit de rétablir sa communication avec le monde. Et j’ai acquis la conviction que cela ne va pas sans une profonde mutation de l’Eglise pour l’appuyer sur sa base laïque, ce à quoi s’oppose la théologie du sacerdoce, qui serait donc à réviser fondamentalement. Il ne s’agit pas d’évacuer la tradition, mais de reprendre sa démarche en réinventant différemment, pour notre époque, ce qu’elle a élaboré depuis les origines en fonction de la culture de chaque époque. Rien n’est à mépriser dans la tradition et les anciens conciles. Mais tout est à relire à neuf dans une situation nouvelle.

      Mais arrêtons là ; je ne vais pas vous développer mon discours qui s’étend sur près de 3.000 pages dans mes livres !

      Saint Bernard de Clairvaux au pape Eugène III

      Il est bon de rappeler l’histoire, en particulier celle de l’Eglise. Elle donne souvent de la tradition une tout autre image que celle qui traîne dans nos têtes….
      Danielle nous fait part de sa lecture de la correspondance de saint Bernard de Clairvaux au pape Eugène III, ancien moine de Clairvaux, devenu pape en 1145.


      I – « Désormais je parle à mon maître, je n’ose plus vous appeler mon fils, lui écrit Bernard. Celui qui me suivait est passé devant moi…
      L’Église exulte et glorifie le Seigneur de votre élection, mais au sein de l’Église la joie est plus grande encore dans cette communauté dont vous avez été l’enfant, dont vous avez sucé les mamelles. Quoi donc ? J’exulte moi aussi et pourtant je l’avoue j’ai peur. Ma joie est mêlée de crainte et de tremblements… Je vois la dignité où vous êtes élevé et de quelle hauteur maintenant vous pouvez tomber. »


      II – « À voir la pompe qui t’entoure on te prendrait plutôt pour le successeur de Constantin que pour le successeur de saint Pierre. Contemple-toi d’un regard dénudé dans ta première nudité puisque tu es sorti nu des entrailles de ta mère. Es-tu donc né coiffé de la tiare, brillant de joyaux, chatoyant sous la soie, couronné de plumes ou constellé de métaux précieux ? Éloigne tous ces ornements, dissipe-les comme les éphémères nuées du matin… Tu ne verras plus alors qu’un homme nu, pauvre, malheureux, pitoyable, un homme né de la femme et donc héritier du péché, destiné à une vie brève et donc dans la crainte… »


      Extrait de la correspondance de saint Bernard de Clairvaux au pape Eugène III, ancien moine de Clairvaux, devenu pape en 1145.