samedi 28 avril 2012

Prier pour les vocations ?


Journée de prière pour les vocations le 29 avril :

 Pour ma part je ne prierai pas pour les « vocations », au sens où on en parle habituellement, pour les raisons suivantes :

1) Les vocations, ça ne tombe pas du ciel, comme si Dieu décidait du choix de vie des gens en prédestinant tel ou telle à être prêtre ou religieuse. Si projet de Dieu il y a, je pense que c’est celui de la liberté de chacun dans l’esprit évangélique.
2) Si on manque de vocations, c’est parce que les fonctions concernées ne correspondent plus aux réalités présentes. Avant d’appeler quelqu’un à la prêtrise, il faudrait redéfinir la fonction du prêtre en cohérence avec la notion de sacerdoce commun des fidèles réaffirmée par Vatican II. Le prêtre vu comme un personnage sacré, doué de pouvoirs sacramentels à lui seul réservés, et en plus voué au célibat, ne correspond pas aux besoins de l’Église d’aujourd’hui, n’est pas en bonne cohérence avec la théologie revisitée par Vatican II et est en porte-à-faux par rapport à la mentalité actuelle baignant dans une société sécularisée — celle-ci étant à comprendre comme un « signe des temps » du point de vue de l’Évangile.
3) Il n’est pas honnête, je pense, d’engager des jeunes gens à endosser un tel personnage sacré en décalage complet avec l’époque actuelle. On ne peut que leur souhaiter d’ouvrir les yeux et de découvrir que l’emprise du sacré est contraire à l’Évangile.
4) Ma prière, c’est-à-dire ce que je souhaite pour l’Église, c’est que soit promue la « vocation » des laïcs à prendre toutes leurs responsabilités dans l’Église et que soit conjointement valorisée une fonction d’animation spirituelle au service des communautés, capable de susciter des « vocations » d’apôtres (pour ne plus dire de « prêtres »).
                                                                                   Guy de Longeaux

vendredi 27 avril 2012

Lettre ouverte au Professeur Joseph Ratzinger, pape Benoît XVI

En réponse à l'homélie du pape Benoît XVI dont nous avons publié un extrait en date du 9 avril

Un vieil ami américain de Joseph Ratzinger lui a adressé une "lettre ouverte", où il s'adresse à lui sur un mode familier se fiant à leur relation de la fin des années 60, début des années 70 lorsqu' il était Professeur Invité de la Faculté de théologie catholique de l’Université de Tübingen, et que Joseph Ratzinger y était  Professeur Ordinaire.


Cher Joe,

Je suis troublé que tu aies, particulièrement récemment, donné des signes qui sont en opposition avec les termes et l’esprit du Concile Vatican II, durant lequel, en jeune théologien de premier plan, tu as aidé notre chère Église catholique à passer du Moyen Âge à la modernité. Plus, alors professeur à notre Université « Alma Mater » de Tübingen, tu as, avec le reste de tes collègues de la Faculté de théologie catholique, publiquement plaidé pour 1) l’élection des évêques par les fidèles, et 2) un mandat limité des évêques (voir le livre Des évêques démocrates pour l’Église catholique romaine ).
Maintenant tu réprimandes publiquement des prêtres catholiques loyaux pour avoir fait précisément ce pour quoi tu as plaidé si noblement précédemment.

dimanche 22 avril 2012

Réflexions sur une "lecture du jour"

Livre des Actes des Apôtres 6,1-7.
.En ces jours-là,... (.../...)... le nombre des disciples se multipliait fortement à Jérusalem, et une grande foule de prêtres juifs accueillait la foi.


Et c'est ainsi que commença à se construire la caste des "prêtres": ils apportèrent à la communauté leurs notions de statut, de pouvoir, et de privilèges particuliers dont ils bénéficiaient dans la religion juive (et d'autres du voisinage...). Ce phénomène s'accentua plus tard avec la destruction du Temple, dont les "fonctionnaires" perdirent tous, ipso facto, les susdits statut, pouvoir et privilèges. Beaucoup allèrent chercher chez les chrétiens un autre espace où les retrouver, et y parvinrent... contredisant ainsi une part importante de l'Évangile. (Outre la tendance irrépressible des "organisations" ou "institutions", politiques, religieuses ou autres à générer, proportionnellement à leur taille, une aristocratie, des dignitaires, des apparatchiks, etc., quelque soit le nom qu'on leur donne, et dont d'ailleurs sont mortes nombre d'entre elles.)
Nous en subissons les conséquences encore aujourd'hui.
Mais n'oublions pas que les "laïcs", que nous sommes pour la plupart d'entre nous, (et dont la seule définition, canonique en quelque sorte, est négative : "ceux et celles qui ne sont pas "clercs" ) avons le plus grand prédécesseur qui soit : Jésus lui-même. Il n'était ni "prêtre", ni "lévite", ni "scribe", ni "docteur de la Loi", mais simple "laïc" juif. Il a recruté ses disciples parmi des "laïcs" et il n'en a pas fait des "prêtres", mais des serviteurs.
Jésus est en quelque sorte le saint patron de tous les "laïcs".
C'est d'ailleurs parce qu'il n'appartenait pas à la caste des "prêtres", dont il contestait le rôle, la fonction, le comportement, que ceux-ci avaient décidé, pour défendre leur "job", de l'éliminer.   
                                                                                                   Bernard Maréchal.

lundi 9 avril 2012

La désobéissance, un chemin pour renouveler l’Église ?

Extrait de l' homélie du Pape Benoît XVI
pour la messe chrismale 2012 en la basilique Saint-Pierre de Rome
.../Récemment, un groupe de prêtres d’un pays européen a publié un appel à la désobéissance, donnant en même temps aussi des exemples concrets sur le comment peut s’exprimer cette désobéissance, qui devrait ignorer même des décisions définitives du Magistère – par exemple sur la question de l’Ordination des femmes, à propos de laquelle le bienheureux Pape Jean-Paul II a déclaré de manière irrévocable que l’Église, à cet égard, n’a reçu aucune autorisation de la part du Seigneur.
La désobéissance est-elle un chemin pour renouveler l’Église ? Nous voulons croire les auteurs de cet appel, quand ils affirment être mus par la sollicitude pour l’Église, être convaincus qu’on doit affronter la lenteur des Institutions par des moyens drastiques pour ouvrir des chemins nouveaux – pour ramener l’Église à la hauteur d’aujourd’hui. Mais la désobéissance est-elle vraiment un chemin ? Peut-on percevoir en cela quelque chose de la configuration au Christ, qui est la condition nécessaire d’un vrai renouvellement, ou non pas plutôt seulement l’élan désespéré pour faire quelque chose, pour transformer l’Église selon nos désirs et nos idées ?
Mais ne simplifions pas trop le problème. Le Christ n’a-t-il pas corrigé les traditions humaines qui menaçaient d’étouffer la parole et la volonté de Dieu ? Oui, il l’a fait, pour réveiller de nouveau l’obéissance à la vraie volonté de Dieu, à sa parole toujours valable. La vraie obéissance lui tenait justement à cœur, contre l’arbitraire de l’homme. Et n’oublions pas : il était le Fils, avec l’autorité et la responsabilité singulières de révéler l’authentique volonté de Dieu, pour ouvrir ainsi la route de la parole de Dieu vers le monde des gentils. Et enfin : il a concrétisé son envoi par sa propre obéissance et son humilité jusqu’à la Croix, rendant ainsi sa mission crédible. Non pas la mienne, mais ta volonté : c’est la parole qui révèle le Fils, son humilité et en même temps sa divinité, et qui nous indique la route.
Laissons-nous interroger encore une fois : est-ce qu’avec de telles considérations n’est pas défendu, en fait, l’immobilisme, le durcissement de la tradition ? Non. Celui qui regarde l’histoire de l’époque postconciliaire, peut reconnaître la dynamique du vrai renouvellement, qui a souvent pris des formes inattendues dans des mouvements pleins de vie et qui rend presque tangibles la vivacité inépuisable de la sainte Église, la présence et l’action efficace du Saint Esprit. Et si nous regardons les personnes, dont sont nés et naissent ces fleuves frais de vie, nous voyons aussi que pour une nouvelle fécondité il est nécessaire d’être remplis de la joie de la foi ; sont aussi nécessaires la radicalité de l’obéissance, la dynamique de l’espérance et la force de l’amour..../