dimanche 8 décembre 2013

Avenir du christianisme

La lutte pour l'avenir du XXI siècle, à mon avis, ne se jouera pas comme on pourrait le croire entre les religieux d'un côté et les rationalistes de l'autre. EIle se jouera plutôt entre les religieux d'une part et les spirituels de l'autre.  Entre les croyants prêts à admettre sans discussion ce que les religions leur disent de croire, et les hommes qui assumeront avec intellignece la rigueur d'une démarche de foi.  Entre ceux qui accepteront de s'aliéner à une structure institutionnalisée et hiérarchisée, et ceux qui mèneront jusqu'au bout la démarche personnelle et libératrice de l'affrontement au réel et de la sagesse qui en découle.

Bernard Besret "Confiteor" Albin Michel 1991 - p209

lundi 11 novembre 2013

INTERVIEW DU PAPE FRANCOIS aux revues culturelles jésuites.


Interview réalisée par le P. Antonio Spadaro, sj, pour la revue 
«  Études – 14, rue d’Assas – 75006 Paris – Octobre 2013 – www.revue-etudes.com »

Ce texte  de trente pages d’une grande densité mérite d’être soigneusement étudié. Pour en faciliter l’abord, notre ami Gilles Lacroix en fait un résumé à partager :



1 Qui est Jorge Mario Bergoglio ?

« Je suis un pécheur, c’est la définition la plus juste; ce n’est pas une manière de parler, un genre littéraire; je suis un pécheur. »
Je suis un peu rusé, je suis manœuvrier, un peu ingénu, regardé par le Seigneur.
Ma devise : « Miserando atque eligendo » (me regardant avec miséricorde, il m’a choisi.).
« Je ne connais pas Rome je connais Ste Marie Majeure, St Pierre, St louis des Français et son tableau du Caravage ; ce doigt de Jésus vers Matthieu » et Matthieu qui semble dire : « Non, pas moi » (ne me choisis pas).  Lorsque j’ai accepté le pontificat, j’ai dit : " je suis pécheur, mais, par la miséricorde et l’infinie patience de Notre Seigneur Jésus Christ, je suis confiant et j’accepte en esprit de pénitence".

2 Pourquoi est-il devenu jésuite ?

« Parce que le séminaire était confié aux jésuites », et « frappé dans la compagnie par le caractère missionnaire, la communauté, la discipline, i.e. la manière d’ordonner le temps. La communauté est pour moi fondamentale. C’est pourquoi je suis à Ste Marthe (et pas dans les appartements pontificaux)…J’ai besoin de vivre ma vie avec les autres. »

3. Que signifie être pape pour un jésuite ?

De la spiritualité ignacienne, ce qui me sert le mieux c’est le discernement, moyen de mieux connaître le Seigneur et le suivre de plus près. Etre magnanime, « valoriser les petites choses à l’intérieur des grands horizons, ceux du Royaume de Dieu…sentir les choses de Dieu à partir de son point de vue…prenant en compte les circonstances de lieu de temps ainsi que les personnes » comme Jean XXIII.
« On peut avoir de grands projets et les réaliser en agissant sur des choses minimes. St Paul le dit dans la Première lettre aux Corinthiens. » Il y faut du temps, aussi parfois de la rapidité. Il faut regarder les signes en présence du Seigneur, « étant attentif aux personnes spécialement les pauvres », c’est ce qui me fait faire « mes choix, même ceux de la vie quotidienne…et me guide dans ma manière de gouverner. »
Le discernement évite l’improvisation ; il est sagesse, fait trouver les moyens les plus opportuns.

4. La Compagnie de Jésus.

Elle est centrée sur le Christ et son Eglise, ce qui lui permet de vivre en périphérie, de nous porter hors de nous-mêmes et d’être toujours nous-mêmes grâce à l’aide de la structure communautaire.
« Le jésuite doit être une personne à la pensée incomplète, à la pensée ouverte »
Il ne faut pas que les règles priment sur l’esprit.
« Mettant le Christ au centre,… la compagnie peut être en recherche, créative, généreuse… contemplative » tout en agissant pour l’Eglise : « Peuple de Dieu… et hiérarchie » même « quand on vit des incompréhensions…des calomnies. » J’ai vécu cela un temps, mais nous avions alors un supérieur général, « le père Arrupe, un homme de prière…qui a pris les bonnes décisions. »

dimanche 3 novembre 2013

En marche...

 « Au moment où l’on semble toucher Dieu par un trait de pensée, il échappe si on ne le garde, si on ne le cherche par l’action. Son immobilité ne peut être visée comme un tout fixe que par un perpétuel mouvementPartout où l’on reste, il n’est pas ; partout où l’on marche, il est. C’est une nécessité de passer toujours outre, parce que toujours il est au-delà. Sitôt qu’on ne s’en étonne plus comme d’une inexprimable nouveauté et qu’on le regarde du dehors comme une matière de connaissance ou une simple occasion d’étude spéculative sans jeunesse de cœur ni inquiétude d’amour, c’en est fait, l’on n’a plus dans les mains que fantôme et idole. Tout ce qu’on a vu et senti de lui n’est qu’un moyen d’aller plus avant ; c’est une route, l’on ne s’y arrête donc pas, sinon ce n’est plus une route. Penser à Dieu est une action » .
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 Maurice Blondel : L’Action de 1893 P.U.F. 1950 p. 352

mercredi 30 octobre 2013

Méditation sur l’épître aux Romains 8/ 26-30.



Ce texte qui me parle depuis 60 ans, plus je le lis, plus je le chéris, et plus il me parle !
La Création est en éveil, en réflexion, pour comprendre ce qu’elle est.

L’Humanité, partie de la Création plus consciente, parce que l’homme est dans la Création une partie plus évoluée dans cette évolution permanente. L’humanité est plus consciente de qui l’anime : plus consciente que l’Esprit l’anime.

L’Esprit c’est le Divin en nous, la VIE que nous appelons tout bêtement : la vie.
L’Esprit divin, la VIE parle en nous. C’est Lui qui nous inspire de faire bien, de faire du positif, et souvent nous résistons.
Cette résistance à l’Esprit, nous la sentons bien, journellement, si nous savons nous ausculter !
Et quand, sentant le bien que nous devrions faire, nous ne le faisons pas, ce mal être que nous sentons, c’est justement la « plainte » de l’Esprit en nous.
St Paul écrit : « l’Esprit intercède en nous en gémissements inexprimables. » (Rom.8/26)
Ces gémissements de l’Esprit en nous, ce sont les gémissements de Dieu même, de sa Vie qui est notre vie. Dieu s’entend gémir en nous ! Comment ne s’exhausserait-il pas ?

Allons maintenant au verset qui suit : le 28 : « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu », et St Augustin ajoute : « même leurs péchés »…il se rappelait sa jeunesse ! Ce verset n’est-il pas exaltant pour nous ?  Même nos péchés, même nos erreurs, Dieu les « positive » !
Si nous regardons notre passé, ne voyons-nous pas que, finalement, même nos fautes ont concouru  à notre « BIEN » ?

Regardons donc le Positif plutôt que le négatif, et nos vie seront plus ensoleillées, comme aujourd’hui ! 30 octobre 2013 !

Gilles Lacroix Mont près Chambord. 30.10.2013

mercredi 23 octobre 2013

Du cauchemar à l’espoir



Il faudrait pourtant remettre l'Église à sa place, c'est-à-dire « en bas », avec un certain nombre de grandes réintégrations, une sorte de grands « pardons ». Demandons aux prêtres mis à l'écart de revenir, pour ceux qui le souhaitent. Rendons le droit de parler et d'écrire aux théologiens de la Libération. Ce ne sont pas la poignée d'intégristes qui ont besoin d'être réintégrés, mais les millions d'hommes et de femmes ayant des problèmes avec leur foi hésitante dans un contexte de modernité, avec leur vie intime remplie de problèmes dans les multiples questions séculières d'une société ou le « relativisme » est en fait la diversité infinie des situations et des cultures. Ce sont eux qui doivent se sentir à nouveau au cœur de la problématique de la foi et de l'Église.
Il est difficile de dire à leur place ce que pensent les prêtres de la génération conciliaire, atteignant nombreux les soixante-dix ans, ou plus âgés. Il est encore plus difficile de connaître les profondeurs des prêtres beaucoup plus jeunes qui avaient dix ans ou qui n'étaient pas nés à la date du Concile. Formés à une culture de reconquête et de restauration de la chrétienté, comment vont-ils se situer dans l'histoire du XXI' siècle ? Ils se sont emboîtés dans le célibat contraint. Dans l'obéissance, ils ont emboîté le pas d'une hiérarchie conservatrice. Comment vont-ils se situer face aux aspirations majoritaires des chrétiens, en France par exemple, à voir évoluer le statut du presbytérat ?
Pour la parole et l'écrit, ils sont sous la tutelle d'épiscopats largement rajeunis, que l'on va donc voir durer, sur un profil d'orientations conservatrices ou prêt à suivre Rome dans tous ses détours. Comme cela a toujours été, ces évêques appartiennent pour la plupart à cette catégorie d'ecclésiastiques entrés dans des séminaires bien choisis, avec la perspective de devenir évêques, ressentie dès leur plus jeune âge. Fils de familles favorisées ou porteuses de particules, ils ont « fait » les Carmes ou le séminaire français de Rome. Ils ne sont pas venus pour tenir des paroisses au-delà de l'indispensable début de carrière, parcourant ensuite les étapes graduées vers de plus hautes responsabilités. Une fois parvenus dans les postes de l'église « d'en haut », ils sont bien obligés de se montrer « dans la ligne ».
Cette hiérarchie acceptera-t-elle de réintégrer les prêtres exclus, de redonner l'Église aux laïcs ? Tous les clochers désaffectés d'Europe pourraient être confiés à des gens vivant à leur ombre, appelés à un nouveau presbytérat. Imaginons des collèges de cinq, dix ou vingt personnes des deux sexes, représentatifs de toutes les diversités des communautés, assumant les offices et les tâches à tour de rôle, sans exclusion du droit de parole. C'est d'ailleurs déjà ce qui se fait en partie, à la demande d'un clergé décimé. Cinq cents paroisses d'un département, conduites par dix ou vingt laïcs assumant les fonctions à temps partiel et à durée déterminée, ce seraient cinq ou dix mille responsables d'un genre nouveau susceptibles de remplir à nouveau tous les séminaires de France qu'il faudrait alors racheter aux promoteurs immobiliers auxquels ils ont été vendus.
Extrait du livre de Bruno Guérard« 50 ans de crise qui ont redimensionné Dieu et l’homme »




[1] Ed. Golias2010, pp. 290-291

mercredi 2 octobre 2013

Femmes-diacres


Méditant sur le texte d’épître proposé par la liturgie : « Première épître de St Paul à Timothée : 3/1-13,  je me suis reporté au texte grec, vu les traductions différentes données par la TOB, celle en « Français courant » et celle de « Prions en Eglise »…
« Tradutore, traditore » disent les Italiens.
Ce n’est pas sur les évêques que mon attention s’est portée mais sur les diacres : versets 8 à 13.
Remarquons que le texte passe directement de l’évêque au diacre, omettant les « prêtres, presbutoi, anciens », puisque ce n’est qu’au IVème - Vème siècle que l’Eglise institua les prêtres.
Revenons aux diacres, versets 8 à 10. L’épître présente les exigences diaconales ; elle y revient aux versets 12 à 13. Reste le verset 11.
La TOB propose au verset 11: «Les femmes pareillement, doivent être dignes, point médisantes, sobres, fidèles en toutes choses. »
La « Traduction en français courant » : « Leurs femmes aussi doivent être respectables … »
La traduction « Prions en Eglise » : « Pour les femmes, c’est la même chose : elles doivent mériter le respect… »

Revenons à la disposition du texte :
Les versets 8 à 10 présentent les diacres hommes : diakonoi.
Le verset 11, « les femmes, pareillement, doivent être… »
Les versets 12-13, de nouveau les diacres : hommes.

En conclusion de cette visite attentive du texte, je me dis que ce verset 11 parle non des femmes des diacres mais des femmes-diacres.
Il y en avait du temps de Paul !
C’est écrit dans l’épître aux Romains,16/1. Phébée, cette sœur en Jésus-Christ est « diacre : diakonon » (le titre donné est masculin dans le texte !).
Et puisque nous sommes  sur l’épître  aux Romains, allons quelques versets plus loin : 16/7 : »Andronicos et Junias (Junias est une femme) qui sont éminents parmi les apôtres ».
Paul appelle « apôtres » des femmes, cette femme Junias.
Pour lui, il y a des femmes « diacres » et aussi des femmes « apôtres », ce qui pourrait être une réflexion à mener plus tard…


Gilles Lacroix.  

jeudi 26 septembre 2013

Billet du 26/9/2013

Méditation sur les textes de la Liturgie...

« Allez chercher du bois dans la montagne pour rebâtir la maison de Dieu. Je prendrai plaisir à y demeurer »
Ainsi parle le prophète Aggée aux autorités religieuses du peuple juif, afin que soit rebâti le Temple détruit.
Nous chrétiens, nous avons, non encore détruites, nos églises. Même les autorités civiles tiennent à les conserver, à les embellir : regardez Huisseau, Montlivault…
Nos églises sont vides, inoccupées parce que sur tant de diocèses les évêques refusent que, le dimanche les chrétiens s’y rassemblent. On fabrique des « paroisses » de 10, 20 villages et plus pour que le prêtre, considéré comme le patron , vienne y « célébrer » la messe, comme si ce n’était pas le Peuple de prêtres de rois et de prophètes » qui célébrait.
Pourquoi tant d’évêques ne veulent-ils plus des Assemblées du dimanche ou l’on priait ensemble, où l’on réfléchissait ensemble sur l’Evangile ? Tant de chrétiens découvraient, grâce à ces réunions, que l’Evangile leur parlait à eux.
Quelques évêques tentent de faire refleurir cette dynamique lumineuse. Notre pape lui-même dit : « Si vous le pouvez, louez un garage, trouvez un laïc disponible, qu’il aille, qu’il enseigne et même qu’il donne la communion si on lui demande. »
Chrétiens, prenez en main l’Evangile, c’est votre affaire. Non ?
Mais on voudrait décapiter les prophètes ? (Luc : 9,7-9).


Gilles Lacroix, Mont près Chambord.26.09.2013.

samedi 21 septembre 2013

Le billet de Gilles


Méditant ce matin sur le texte d’épître proposé par la liturgie : « Première épître de St Paul à Timothée : 3/1-13,  je me suis reporté au texte grec, vu les traductions différentes données par la TOB, celle en « Français courant » et celle de « Prions en Eglise »… « Tradutore, traditore » disent les Italiens.
Ce n’est pas sur les évêques que mon attention s’est portée mais sur les diacres : versets 8 à 13.
Remarquons que le texte passe directement de l’évêque au diacre, omettant les « prêtres, presbutoi, anciens », puisque ce n’est qu’au IVème Vème siècle que l’Eglise institua les prêtres.
Revenons aux diacres, versets 8 à 10. L’épître présente les exigences diaconales ; elle y revient aux versets 12 à 13. Reste le verset 11.
La TOB propose au verset 11: «Les femmes pareillement, doivent être dignes, point médisantes, sobres, fidèles en toutes choses. »
La « Traduction en français courant » : « Leurs femmes aussi doivent être respectables … »
La traduction « Prions en Eglise » : « Pour les femmes, c’est la même chose : elles doivent mériter le respect… »

Revenons à la disposition du texte :
Les versets 8 à 10 présentent les diacres hommes : diakonoi.
Le verset 11, « les femmes, pareillement, doivent être… »
Les versets 12-13, de nouveau les diacres : hommes.

En conclusion de cette visite attentive du texte, je me dis que ce verset 11 parle non des femmes des diacres mais des femmes-diacres.
Il y en avait du temps de Paul !
C’est écrit dans l’épître aux Romains,16/1. Phébée, cette sœur en Jésus-Christ est « diacre : diakonon » (le titre donné est masculin dans le texte !).
Et puisque nous sommes  sur l’épître  aux Romains, allons quelques versets plus loin : 16/7 : »Andronicos et Junias (Junias est une femme) qui sont éminents parmi les apôtres »: Paul appelle « apôtres » des femmes, cette femme Junias.

Pour lui, il y a des femmes « diacres » et aussi des femmes « apôtres » (ce qui pourrait être une autre réflexion à mener plus tard…)
Gilles Lacroix

mardi 30 juillet 2013

Discours du pape François aux évêques du Brésil

 

Comme aucun pape avant lui, François se confronte à la question douloureuse des catholiques qui ont quitté l’Eglise, phénomène attesté en Amérique Latine, mais qu’ont connu tous les pays, notamment européens, depuis une cinquantaine d’années. Il évoque ainsi “le mystère difficile de ceux qui quittent l’Église” et se laissent séduire par d’autres propositions.
Cette question largement taboue est l’occasion d’une autocritique sévère : “Peut-être l’Église est-elle apparue trop faible, peut-être trop éloignée de leurs besoins, peut-être trop pauvre pour répondre à leurs inquiétudes, peut-être trop froide dans leurs contacts, peut-être trop autoréférentielle, peut-être prisonnière de ses langages rigides, peut-être le monde semble avoir fait de l’Église comme une survivance du passé, insuffisante pour les questions nouvelles ; peut-être l’Église avait-elle des réponses pour l’enfance de l’homme mais non pour son âge adulte.”
Le pape accuse l’Eglise d’apparaître tellement exigeante dans ses “standards” qu’elle décourage d’emblée les gens. “Beaucoup ont cherché des faux-fuyants parce que la "mesure" de la Grande Église apparaît trop haute. Beaucoup ont pensé : l’idée de l’homme est trop grande pour moi, l’idéal de vie qu’elle propose est en dehors de mes possibilités, le but à atteindre est inaccessible, hors de ma portée.”
Une Eglise ennuyeuse, rigide, froide, nombriliste ! Jamais Benoit XVI et Jean-Paul II n’ont fait pareille autocritique. Bergoglio lui, n’a pas peur de dire sa vérité en pensant à tous ces éloignés :“Face à cette situation, que faire ? Il faut une Église qui n’a pas peur de sortir dans leur nuit. Il faut une Église capable de croiser leur route. Il faut une Église en mesure de s’insérer dans leurs conversations. Il faut une Église qui sait dialoguer avec ces disciples” désenchantés et qui considèrent désormais le Christianisme “comme un terrain stérile, infécond, incapable de générer du sens. (...) Aujourd’hui, il faut une Église en mesure de tenir compagnie, d’aller au-delà de la simple écoute.”
Le pape n’hésite pas non plus à évoquer un autre sujet taboudans l’institution : la place des femmes : “Ne réduisons pas l’engagement des femmes dans l’Église, mais promouvons leur rôle actif dans la communauté ecclésiale. En perdant les femmes l’Église risque la stérilité.” Même si la mention est lapidaire, c’est la première fois qu’un pape reconnaît que l’Eglise a perdu une part de sa crédibilité auprès des femmes.
La solution, passe, d’une part pour le pape, par l’exercice de la maternité de l’Eglise, c’est à dire l’exercice de la miséricorde. “Celle-ci engendre, allaite, fait grandir, corrige, alimente, conduit par la main… Il faut alors une Église capable de redécouvrir les entrailles maternelles de la miséricorde. Sans la miséricorde il est difficile aujourd’hui de s’introduire dans un monde de "blessés" qui ont besoin de compréhension, de pardon, d’amour.” Dans ce domaine, il y a des progrès à réaliser :“Dans un hopital de campagne, l’urgence est de panser les plaies”.

L’autre dimension est l’empathie affective et la proximité : “Je voudrais que nous nous demandions tous aujourd’hui : sommes-nous encore une Église capable de réchauffer le cœur ?"
Jean Mercier

           dans " L’encyclique cachée de François à Rio de Janeiro" 

lundi 29 juillet 2013

Sainte Ecriture et Tradition

Le pape François a exprimé son attachement au plein respect de la tradition de l'Eglise, seule habilitée selon lui à interpréter correctement les écritures, rejetant "l'interprétation subjective" de celles-ci, dans son premier discours devant la commission biblique du Vatican.
Dans cette intervention devant des "experts" --et non cette fois devant de simples fidèles, comme la plupart des discours du mois écoulé--, le pape jésuite s'est référé longuement pour la première fois à un texte du Concile Vatican II (1962/65), la constitution "Dei Verbum" ("le Verbe de Dieu") sur le rôle de l'Eglise. 

Jusqu'à présent, contrairement à Benoît XVI, il avait très peu mentionné le Concile auquel il est le premier pape des dernières décennies à n'avoir pas participé. Cette omission avait surpris. 

"Une unité indissoluble entre Sainte Ecriture et Tradition"
"Le Concile, a-t-il martelé de sa voix douce, l'a rappelé avec une grande clarté: tout ce qui concerne le mode d'interprétation des écritures est soumis en dernière instance au jugement de l'Eglise, laquelle accomplit son mandat divin et le ministère de conserver et interpréter la parole de Dieu". 

Pour le pape argentin, "il existe une unité indissoluble entre Sainte Ecriture et Tradition", qui sont "conjointes et communiquent entre elles", "formant d'une certaine manière une seule chose". 

"La Sacrée tradition transmet intégralement la parole de Dieu (....) De cette manière, a-t-il expliqué, l'Eglise puise sa certitude sur toutes les choses révélées pas seulement dans l'Ecriture Sainte. L'une comme l'autre doivent être acceptées et vénérées avec des sentiments semblables de piété et de respect", a-t-il dit, dans un discours qui révèle un pape très respectueux de l'autorité de l'Eglise.

Par: rédaction "7 sur 7 Be."
12/04/13 -  Source: Belga

mardi 28 mai 2013

De Blaise Pascal à nos jours...



 La Charité, quelle importance ? Quatre opinions :
                          
« L’Eglise ne peut pas négliger le service de la charité, de même qu’elle ne peut négliger les Sacrements ni la Parole »
 Benoit XVI - Deus caritas est N° 22 - 25/12/2005

« – Figures - Tout ce qui ne va pas à la charité est figure.  L’unique objet de l’Ecriture est la charité.  Tout ce qui ne va pas à l’unique but en est la figure. Car, puisqu’il n’y a qu’un but, tout ce qui n’y va point en mots propres est figuré. »
Blaise Pascal – Pensées – N°670

« Le service de la charité est donc pour l’Eglise, aussi essentiel et indispensable que la célébration des sacrements et la proclamation de l’Evangile. Alors comment, aujourd’hui, dans nos secteurs, faire en sorte que la charité ne soit pas déléguée totalement aux œuvres et mouvements caritatifs ? »
Conseil  diocésain de pastorale-Blois 12/04/2013-Atelier 8

« Il importe de savoir quel est le but poursuivi. Quand Jésus parle du jugement dernier, il dit : « J’avais faim, j’avais froid, j’étais nu, j’étais emprisonné.»  Il ne dit pas un mot sur les sacrements, pas un mot sur les vertus, mais il dit « tu as partagé ou tu n’as pas partagé ? C’est sur cela que tu es jugé.  Ca ne veut pas dire que les sacrements, les vertus sont inutiles ; mais que ce ne sont que des moyens pour apprendre à aimer, le but étant : Tu aimeras. Voilà qu’on a donné aux moyens autant d’importance qu’au but, et même, on s’est davantage soucié de voir respectés les moyens ! »
Abbé Pierre – Testament –Bayard, 1993, p.109

L’Eglise hiérarchique semble craindre que les chrétiens ne prennent trop au sérieux la charité :
« La Charité, oui mais à condition qu’on ne lui accorde pas plus de place qu’aux sacrements et à la Parole. »
 Or La Parole rappelle presqu’en chaque page la primauté de la charité, de l’amour mutuel – alors que, comme le rappelle l’Abbé Pierre, elle n’a pas d’exigence concernant  les sacrements.
Ainsi dans nos paroisses et conseils pastoraux, on ne parle souvent de charité qu’après avoir traité les problèmes de  Liturgie et de Catéchèse, heureux encore quand alors on ne renvoie pas au Secours Catholique, chargé d’épuiser le sujet !
Comment ne pas souscrire au vœu de l’Abbé Pierre :
« Ce que l'Eglise doit faire connaître au monde, c'est "L'Infini est Amour." Ne soyons pas étonnés que le monde n'accepte de l'entendre que par des exemples! Et pas par les mots des intellectuels, des doctrinaires, des prédicateurs! »
Abbé Pierre – Testament –Bayard, 1993, p.117
Est-ce cette nécessité du témoignage qui rebute l’Eglise Cléricale ? ou qui la rebutait avant que le pape François ne fasse entendre une musique nouvelle…
Pierre van Waerebeke

Et vous, qu’en pensez-vous ?

samedi 25 mai 2013

DU PAIN ET DU VIN EN MÉMOIRE DE JÉSUS


Laissez-moi vous parler de la messe. Ou plutôt, laissez-moi vous parler de quelque chose de plus simple, d’un simple repas. Et laissez-moi vous dire que chaque fois que vous mangez et buvez, vous communiez avec l’autre, avec la Terre, avec l’Univers tout entier. Chaque bouchée que vous mâchez et chaque goutte que vous absorbez est un geste sacré : vous communiez avec le Tout ou avec l’Être ou avec la Vie. Vous communiez avec la grande Communion ou le Mystère de Dieu. Vivre, c’est vivre ensemble. Être, c’est inter-être.
José Arregi1-Bis
Il en va ainsi de chaque repas, et la messe n’est pas autre chose. La messe n’est rien de plus, car il ne peut y avoir rien de plus grand qu’un simple repas. Simplicité et plénitude se confondent. L’ordinaire et le naturel est le plus sacré. Chaque fois que vous mangez, faites-le avec une profonde gratitude et un profond respect pour ce que vous mangez, et compassion pour ceux qui ne peuvent manger.
C’est ainsi que mangeait Jésus de Nazareth. Sa religion était la religion du repas, encore que, en réalité, il ne fonda aucune religion, et il rompit même avec sa propre religion dans tout ce qui empêchait les gens de manger tous ensemble, qui imposait des jeûnes, déclarait impures certaines denrées et interdisait de partager la table avec les dénommés pécheurs, qui quasiment toujours étaient les pauvres. Quelqu’un a écrit non sans raison que Jésus fut mis à mort pour sa manière de manger ; tant il est vrai que, au moment de manger, il supprimait les frontières entre les saints et les pécheurs, entre le pur et l’impur, entre le sacré et le profane. Chose intolérable. Les responsables religieux et les bien-pensants le traitèrent de « glouton et ivrogne, ami des pécheurs ».
Jésus rêvait d’un autre monde nécessaire et possible, et il l’annonçait, il l’appelait « royaume de Dieu ». Et, pour expliquer ce que pouvait être ce monde nouveau dans le monde présent, il ne trouva rien de mieux que d’organiser un joyeux repas champêtre : chacun apporta et partagea le peu qu’il avait, et tous furent rassasiés et il y en eut même beaucoup de trop.
Lui pensait que le « royaume de Dieu » ou le monde nouveau dans ce monde – une grande table avec du pain en abondance et sans aucun exclu – était quelque chose d’imminent. Mais les autorités religieuses et politiques ne l’entendaient pas ainsi, et le projet de Jésus échoua. Pour autant Jésus ne cessa d’espérer contre tout espoir. Et, pressentant le pire, il persista à rêver au meilleur et il organisa  avec ses compagnes et compagnons les plus proches un dîner d’ adieux et d’espoir, et au moment de  partager le pain et de leur passer le vin il leur dit : « Souvenez-vous de moi dans le pain et le vin. Et chaque fois que vous mangerez et boirez ensemble, ravivez l’espérance du monde nouveau, et bâtissez le monde que vous espérez. Chaque fois que vous le ferez, moi, je ressusciterai ; vous, vous vous transfigurerez et le monde se transformera en Communion ».
Ainsi firent ses disciples après que le maître fût crucifié comme un malfaiteur. Le premier jour de la semaine, que plus tard on nomma dimanche ou « jour du Seigneur », ils se réunissaient dans les maisons, ils priaient ensemble, ils se rappelaient le message de Jésus, ils mangeaient du pain, buvaient du vin, la Vie ressuscitait. Et ils appelaient cela « cène du Seigneur » ou « fraction du pain ». Tout était très simple, et il n’y avait pas besoin de prêtre ni de consécration.
Les siècles passant, tout alla en se compliquant. La maison se convertit en temple, le repas en « sacrifice », la table en autel, la grâce en obligation. Et on institua des prêtres pour présider et procéder à la consécration du pain et du vin, comme si ceux-ci ne fussent pas sacrés par eux-mêmes. Et on appela cela « messe », ce qui ne fut pas si mal, puisque « messe » veut dire mission. « Ite missa est » disait-on à la fin : « Allez en paix. L’heure est à la mission ».
Il est temps que nous revenions au plus simple qui est aussi le plus plein, au-delà des canons, rubriques et présidences sacerdotales qui n’ont rien à voir avec Jésus. Il suffit que nous nous réunissions à deux ou plus dans une quelconque maison ou une quelconque chapelle libre pour nous souvenir de Jésus, partager la parole, prendre du pain et du vin, ressusciter l’espoir, tandis que les oiseaux chantent. Si vous vous sentez triste, Jésus vous console. Si vous êtes joyeux, Jésus est votre joyeux convive. Et peu importe que le pain soit de blé, de maïs ou de seigle, ou que le vin soit de raisin, d’orge ou de riz. Ce qui importe c’est qu’il soit le fruit de la terre et du travail, sacrement de la vie et du monde nouveau. C’est cela la vraie messe, la véritable mission.
José Arregi
publié sur site NSAE: "Nous sommes aussi l'Eglise"
Commentaire:

Ce texte est sympathique et il exprime bien le rejet de ce que aujourd'hui on nous sert comme "messe".
Mais l'Eucharistie n'est pas la référence à n'importe quel repas : elle fait mémoire du repas d'adieu de Jésus avant sa mort. Ce lien essentiel à la mort de Jésus manque à ce texte. C'est ce qui manque à ce texte pour pouvoir être considéré comme vraiment chrétien. Un chrétien ne peut pas dire : "La messe n'est rien de plus". 
Voilà mon point de vue. 
Jean Housset - 28-05-2013

dimanche 12 mai 2013

Réunions de chrétiens en son nom dans un milieu de vie


« Je pense qu’une évolution pourrait se faire sans heurt et sans idée préconçue. Je pense que des laïcs chrétiens pourraient se réunir en dehors des offices paroissiaux pour étudier et méditer l’Évangile, — réfléchir aux besoins apostoliques de leur environnement, — inviter d’autres gens non chrétiens ou non religieux à réfléchir avec eux — et cela sans heurt avec l’autorité ecclésiastique locale, car cela relève de leur esprit de liberté et (d’apostolat).
« Je pense aussi qu’ils pourraient célébrer ensemble la mort du Seigneur dans l’attente de son retour sans reprendre telles quelles les liturgies officielles, sans s’absenter non plus définitivement des offices paroissiaux. Cela suscitera sans doute des difficultés, car on les accusera de s’attribuer des pouvoirs sacerdotaux. Mais je ne crois pas que l’autorité ecclésiastique pourrait longtemps y faire obstacle, alors que Jésus a promis de se rendre présent partout où quelques croyants se réuniraient en son nom et que Saint Paul demande seulement aux chrétiens qui célèbrent le repas du Seigneur de discerner le corps du Christ, c’est-à-dire d’avoir le souci de l’unité que forment les chrétiens, de l’unité du corps du Christ dont ils sont membres. Je pense que ce conflit, qui surgira fatalement, devrait s’apaiser avec la bonne volonté mise de part et d’autre et avec les apaisements que les théologiens pourront directement lui apporter.
… … …
« Il importe de se rappeler que le lieu de l’annonce évangélique n’est pas celui où se rassemblent les fidèles pour rendre grâce et gloire à Dieu, c’est le monde où Dieu n’est plus connu et où le Christ souffre des souffrances du monde ; il souffre, non d’être ignoré du monde, mais des souffrances que les hommes s’infligent les uns aux autres par manque de charité. C’est pourquoi les laïcs qui aspirent à répandre dans le monde incroyant la charité du Christ ne cherchent pas à prendre la place et le pouvoir des prêtres à l’intérieur de l’Église. S’ils veulent rester en lien étroit avec elle, c’est parce qu’elle est le canal par où l’Esprit du Christ, qui est identiquement son amour vivant, vient à eux et se répand par eux dans le monde.
                                               Joseph Moingt. Quel avenir pour le christianisme… ?
                                                           Conférence de Chartres, 14 février 2013


jeudi 2 mai 2013

…des ministères



Quand on nous dit que l’Eglise a des ministères, que c’est à partir d’eux que s’organise sa vie, bien. Mais aussitôt il faut se rappeler que ces ministères sont des dons du Saint-Esprit, pas du tout quelque chose de permanent, d’organisé. Ce qui nous conduit à inverser le mouvement biblique : nous établissons des postes de pasteur, ou bien des bénéfices de curé, d’évêque, etc., et ensuite nous garnissons ces postes avec des  personnes que nous jugeons adéquates. Mais c’est l’inverse du mouvement montré dans les  Epitres : Le Saint-Esprit donne à son Eglise des hommes qui ont des dons, de charité ou de parole ou d’enseignement, et l’Eglise doit alors leur faire une place, même si elle n’était pas prévue. Si, pendant un temps, le Saint-Esprit ne donne pas celui qui a l’esprit de prophétie, mais fournit celui qui a le don de faire des miracles, eh bien, cette Eglise doit changer de forme et d’habitudes !
Jacques Ellul « La subversion du christianisme », page 184 - Seuil, 1984

samedi 13 avril 2013

Eglise et Tradition


Le pape François a exprimé vendredi son attachement au plein respect de la tradition de l'Eglise, seule habilitée selon lui à interpréter correctement les écritures, rejetant "l'interprétation subjective" de celles-ci, dans son premier discours devant la commission biblique du Vatican.Dans cette intervention devant des "experts" --et non cette fois devant de simples fidèles, comme la plupart des discours du mois écoulé--, le pape jésuite s'est référé longuement pour la première fois à un texte du Concile Vatican II (1962/65), la constitution "Dei Verbum" ("le Verbe de Dieu") sur le rôle de l'Eglise. "Une unité indissoluble entre Sainte Ecriture et Tradition" "Le Concile, a-t-il martelé de sa voix douce, l'a rappelé avec une grande clarté: tout ce qui concerne le mode d'interprétation des écritures est soumis en dernière instance au jugement de l'Eglise, laquelle accomplit son mandat divin et le ministère de conserver et interpréter la parole de Dieu".  Pour le pape argentin, "il existe une unité indissoluble entre Sainte Ecriture et Tradition", qui sont "conjointes et communiquent entre elles", "formant d'une certaine manière une seule chose".  "La Sacrée tradition transmet intégralement la parole de Dieu (....) De cette manière, a-t-il expliqué, l'Eglise puise sa certitude sur toutes les choses révélées pas seulement dans l'Ecriture Sainte. L'une comme l'autre doivent être acceptées et vénérées avec des sentiments semblables de piété et de respect", a-t-il dit, dans un discours qui révèle un pape très respectueux de l'autorité de l'Eglise.
Par: rédaction 7 sur 7 - 12/04/13 -  Source: Belga

mardi 2 avril 2013

Lettre à un nouveau pape


Cher François,
Ce ne peut être par les clichés sur tes habitudes que nous pouvons bien te connaître, et bien que tes comportements envers les pauvres nous soient répétés à longueur de pages de presse, nous ne pouvons encore moins savoir ce qu'il y a dans ton esprit et derrière tes idées.
Les premières images de toi au balcon du Vatican, montrant comme une forme abattement, se sont vite dissipées pour voir ensuite un homme charismatique et attentif.
Cher François, tu manifestes une grande et belle humilité comme tu nous montres une exemplaire simplicité. Nous ne pouvons que nous en réjouir.
Cependant  ton évidente humilité ne risque-t-elle pas d’être un obstacle, voire une certaine gêne, à une fermeté indispensable, pour mettre enfin de l'ordre dans cette curie romaine qui, en définitive, met à mal la raison d'être de l'Eglise, l' annonce de l'Evangile.
Que tes pensées, cher François soient envers les pauvres, cela est fort louable, mais il serait bon que tu rappelles à l'ensemble de tes clercs qu'ils sont au service des fidèles, et non le contraire trop souvent, et qu'ils soient aussi avec les laïcs engagés, les soutiens de ceux que l' institution, essentiellement penchée sur la liturgie, a éloigné du message évangélique.
François, tu nous demandes de prier pour toi, tu nous sollicites de t'envoyer la force de l'Esprit, merci pour cette grande confiance.
Saches François, combien de catholiques qui ont vécu Vatican II comme une immense bouffée d'air frais, sont encore dans une profonde frustration et de ce fait seront attentifs à tes initiatives et décisions.
Nous sommes très nombreux avec toi, allez bonne route. 

Antoine Boudisseau

lundi 1 avril 2013

A Propos...de NOTRE futur évêque


Quelques vieux textes de la Tradition ecclésiale !

« La lettre de Clément de Rome rappelait que ceux qui ont reçu  la charge des Apôtres ou, plus tard d’autres personnages éminents l’ont reçue  avec  l’assentiment de toute l’Eglise (…). Vers 200, la Tradition apostolique d’Hyppolyte (de Rome) prescrivait qu’on ordonne comme évêque celui qui avait été choisi par tout le peuple » et le pape Léon le Grand (vers 450 ) affirmait ; « Nul ne sera ordonné contre le gré d’un peuple, sans qu’il ait été demandé » 


Dans les Constitutions Apostoliques (vers 380), on attribue à Pierre : « Je prescris qu’on ordonne évêque (…) quelqu’un d’irréprochable en tout, choisi au mérite par tout le peuple. »

(Tiré de « L’Eglise locale -ecclésiologie de communion et catholicité » Jean-Marie Tillard, (dominicain) édit. Du Cerf. 1995.)

Et c’était pour le Peuple le droit de choisir son évêque !
Gilles

Notre espérance ….


Dans nos milieux de chrétiens engagés, il est de bon ton d’être « critique » : il ne faudrait surtout pas être surpris en train de « baisser la garde »! Ni se laisser aller à des espoirs qui risqueraient d’être déçus. Notre souci d’« analyse » prend le pas sur la confiance et le besoin quasi maladif d’identifier les problèmes existants nous empêche trop souvent de nous réjouir sans arrière pensée de ce qu’il peut y avoir de positif dans une situation donnée.

Quel que soit l’inconnu qu’allait nous révéler le « Habemus papam », l’espérance évangélique qui n’est qu’un autre nom de l’Amour nous invitait déjà à l’ouverture et à la confiance : Dieu (bien sûr à travers toutes les médiations bien humaines –et donc faites du meilleur et du pire– des cardinaux et du conclave) allait continuer d’être présent au monde et à son Église à travers le 266e successeur de Pierre.
Ce nouveau pape a bien sûr nourri, par de nombreux gestes qu’il a posés dès la première semaine qui a suivi sont élection, cette espérance spirituelle. Mais il a tout autant, et pas seulement chez les chrétiens, réjoui des cœurs et suscité des espoirs pour un autre visage d’Église (et donc de Dieu) offert au monde : un visage de bonté, d’accueil et de tendresse (trois autres noms de l’Amour). Plein de gens, dans l’Église et hors de l’Église, ont été touchés par cet homme, son sourire, ses paroles, ses actes du quotidien : faudrait-il bouder notre plaisir sous prétexte que ces réactions bien humaines et légitimes relèvent des émotions? Faudrait-il lever le nez sur la proximité qu’a vécue le cardinal Bergoglio avec les pauvres et les petites gens et sur l’intérêt qu’il leur a porté sous prétexte que cela ne s’attaque pas automatiquement aux causes et aux structures de la pauvreté? Le sourire et la simplicité du pape François sont-ils moins importants ou significatifs parce que ses relations avec les autorités argentines durant la guerre sale n’ont pas été aussi prophétiques qu’on pouvait le souhaiter?
Aucun humain, fût-il pape, ne peut être à lui seul à la hauteur de tous les espoirs humains (d’autant plus que nos espoirs ne sont pas nécessairement ceux de tous les autres)! Aucun pape, aussi saint soit-il, ne peut non plus combler totalement l’espérance qui est la nôtre, puisque celle-ci aspire à rien de moins que Dieu lui-même et son Royaume.
Le pape François semble vouloir démystifier bien des attitudes et des traditions qu’on croyait immuablement associées à la papauté : tant mieux! Il semble vouloir d’une Église pour les pauvres : si cela se concrétise, ce serait un énorme changement de cap! Il veut une Église d’ouverture, de bonté et de tendresse : quel progrès!
Sera-t-il capable de livrer la marchandise? Nul ne le sait. Son pontificat sera-t-il assez long pour qu’il puisse apporter les changements souhaités? Impossible à savoir. Sera-t-il récupéré ou boycotté par la Curie? Seul le temps nous le dira. Répondra-t-il à tous nos souhaits et désirs légitimes? À cela, au moins, on peut déjà répondre « non » sans aucun risque de se tromper!
Mais cela n’enlève absolument rien à la joie d’avoir un pape François qui ouvre des portes, secoue les traditions et donne enfin un certain visage humain, et donc limité, à une fonction à la fois spirituelle et humaine : la papauté en ce début du XXIe siècle.

Extrait d’un texte de Dominique Boisvert - RFAN - 1 avril 2013

samedi 2 mars 2013

Un billet de Gilles


Réflexions sur la parabole des vignerons homicides : Matthieu 21/33-43-ss.

Jésus présente cette parabole aux chefs des prêtres et pharisiens.
Jésus qui n’est qu’un simple laïc, qui n’est pas de la hiérarchie sort cette parabole aux dignitaires. Il sait  que ces chefs ont déjà résolu de le supprimer. Pourtant Jésus augmente la pression
-envers eux : vous êtes des tueurs comme les vignerons de la parabole que je vous raconte ;
- envers lui : ce qu’il leur dit, la vérité, les rend encore plus haineux.

Dans notre Eglise, lorsque nous apprenons les dévoiements de certains, au sommet de l’Institution, devons-nous continuer à courber la tête et même comme certains catholiques le font, laisser faire ?  Mieux, trouver des excuses quand ce n’est pas nier les faits et accuser de mensonge les personnes qui dévoilent ces vilenies ?
Nous n’avons pas la pureté de vie de Jésus, cela doit-il nous empêcher de parler et d’agir ?
Peut-être même que, nous sentant obligés d’être accusateurs, parce qu’il faut bien que ces horreurs au sein du lieu de l’Autorité cessent, peut-être même que, de lutter pour nettoyer notre Eglise, nous « oblige » à nous transformer nous-mêmes.
Gilles Lacroix 01.03.2013.

vendredi 1 mars 2013

Suggestions pour un conclave

Au moment où l'Eglise catholique va choisir le nouveau responsable de son unité, les chrétiens et les communautés qu'ils constituent, partout dans le monde se doivent d’exprimer  leur point de vue. J’aimerais vous faire partager deux réflexions.
La première intitulée Lettre d’un protestant au prochain pape émane de Daniel Marguerat ancien doyen de la faculté de théologie  de Lausanne qui s’autorise à adresser des souhaits au nouveau pape car, pour lui l’histoire montre que protestants et catholiques ont des destins indissolublement liés  : « Le gel de l’œcuménisme a déçu les millions de fidèles qui s’étaient engagés dans des projets communs avec les autres Églises et se trouvent aujourd’hui désavoués par de jeunes prêtres aussi rigides que leur col romain. La théologie de la libération, qui souleva en Amérique du sud un tel enthousiasme populaire est aujourd’hui exsangue ; affirmer « l’option prioritaire de Dieu pour les pauvres » n’est visiblement plus d’actualité, ni au Brésil ni ailleurs. Le scandale des prêtres pédophiles a ébranlé la confiance des fidèles dans l’institution, non seulement à cause de son immoralité mais aussi parce qu’elle a dévoilé le persistant silence des évêques devant des délits qu’ils n’ignoraient pas. Quant à la pénurie de prêtres, n’insistons pas. (…)
Force et faiblesse du protestantisme et catholicisme sont à l’inverse l’une de l’autre. La force protestante est de respecter sa pluralité, mais sa fragilité génétique est une incapacité à exprimer et mettre en œuvre son unité. La force du catholicisme romain réside dans un sentiment d’appartenance qui l’unifie, mais il ne sait accueillir sa diversité interne, qu’il a tendance à rejeter. (…) Arrivera-t-il, le jour où toutes les Églises chrétiennes reconnaîtront qu’elles ont ensemble hérité du Christ ? Viendra-t-il, ce jour où elles se reconnaîtront partenaires d’un mouvement religieux appelé « christianisme », sans qu’aucune ne revendique pour elle seule toute la vérité ? »  (1)

dimanche 17 février 2013

Je ne suis pas Pape…


Armand VeilleuxCe texte a été écrit lors de l’accession de Joseph Ratzinger/ Benoît XVI au trône suprême. Publié en son temps sur le site Jonas, nous l'avons retrouvé sur le blog de l'Oratoire du Louvre. Il est aujourd'hui à nouveau, d'une brûlante actualité. 

L’auteur de cette page est le père Armand Veilleux, prieur de l’abbaye de Scourmont, en Belgique. C’est un homme d’une rare qualité humaine et spirituelle. Il parle comme seul un moine peut le faire, sans un mot de trop. Mais chacun de ses mots claque dans votre esprit. Il fut le n°2 mondial des Trappistes et il eut en charge l’accompagnement du monastère de Tibhirine, tristement célèbre

Ça y est !  Je ne suis pas pape. Les Cardinaux en ont élu un autre !  Je puis donc maintenant publier mon programme sans risquer de faire une indue pression sur les collégiens cardinalices.
Si j’avais été élu pape, j’aurais tout de suite choisi d’être essentiellement l’évêque du diocèse de Rome.   J’aurais même demandé au Cardinal Ratzinger de condamner (avant sa démission spontanée) comme erronée – et peut-être même comme hérétique – toute opinion prétendant faire du pape l’évêque de l’Église universelle ou le curé du monde.
J’aurais sorti des armoires et de la naphtaline le vieux rêve de Vatican II concernant la collégialité épiscopale et j’aurais convoqué durant ma première année de pontificat un synode de l’Église universelle avec pouvoir de décision collégiale, y prenant part comme primus inter pares.

Pour préparer ce synode j’aurais envoyé un message à toutes les conférences épiscopales en leur disant « n’ayez plus peur », les encourageant à prendre à nouveau leurs responsabilités et faire savoir au synode les besoins des femmes et des hommes de leurs régions, chrétiens et non chrétiens.  J’aurais prié le Cardinal Ratzinger de faire un nouveau document sur le fondement théologique de telles conférences épiscopales.  J’aurais aussi invité les évêques locaux à prendre leurs responsabilités en main sans craindre de se faire taper sur les doigts par les monsignorini des diverses congrégations romaines.

samedi 16 février 2013

Le « Pacte des catacombes »


Réunis dans les catacombes de Rome dans les derniers jours du Concile, à l’initiative de dom Helder Camara, quarante évêques ont signé un texte qui a été appelé « Pacte des catacombes »
Les Informations Catholiques Internationales ont publié ce texte dans le N° de janvier 1966, le voici :

Nous, évêques réunis en Concile Vatican II,
-           ayant été éclairés sur les déficiences de notre vie de pauvreté selon l'Évangile ;
-           encouragés les uns par les autres, dans une démarche où chacun de nous voudrait éviter la singularité et la présomption ;
-           unis à tous nos frères dans l'Épiscopat ;
-           comptant surtout sur la force et la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, sur la prière des fidèles et des prêtres de nos diocèses respectifs ;
-                   nous plaçant par la pensée et la prière, devant la Trinité, devant l'Église du Christ, devant les prêtres et les fidèles de nos diocèses, dans l'humilité et la conscience de notre faiblesse mais aussi avec toute la détermination et la force dont Dieu veut bien nous donner la grâce,

nous nous engageons à ce qui suit :

1) Nous essaierons de vivre selon le mode ordinaire de notre population en ce qui concerne l'habitation, la nourriture, les moyens de locomotion et tout ce qui s'ensuit. Cf. Mt, 5, 3 ; Mt, 6, 33s ; Mt, 8, 20.

2) Nous renonçons pour toujours à l'apparence et à la réalité de richesse spécialement dans les habits (étoffes riches, couleurs voyantes), les insignes en matière précieuse (ces signes doivent être en effet évangéliques). Cf. Mc, 6, 9 ; Mt,10, 9s ; Actes, 3, 6. Ni or ni argent.

3) Nous ne posséderons ni immeubles, ni meubles, ni comptes en banque, etc., en notre propre nom ; et s'il faut posséder, nous mettrons tout au nom du diocèse, ou des oeuvres sociales ou caritatives. Cf. Mt, 6, 19-21 ; Lc, 12, 33s.

4) Nous confierons, chaque fois qu'il est possible, la gestion financière et matérielle, dans nos diocèses, à un comité de laïcs compétents et conscients de leur rôle apostolique, en vue d'être moins des administrateurs que des pasteurs et apôtres. Cf. Mt, 10, 8 ; Actes, 6, 1-7.

5) Nous refusons d'être appelés oralement ou par écrit par des noms et des titres signifiant la grandeur et la puissance (Éminence, Excellence, Monseigneur). Nous préférerons être appelés du nom évangélique de Père.

6) Nous éviterons, dans notre comportement nos relations sociales, ce qui peut sembler donner des privilèges, des priorités ou même .une préférence quelconque aux riches et aux puissants (par exemple par des banquets offerts ou acceptés, par des services religieux). Cf. Lc, 13, 12-14 ; 1 Cor, 9, 14-19).

7) Nous éviterons de même d'encourager ou de flatter la vanité de quiconque en vue de récompenser ou de solliciter les dons, ou pour toute autre raison. Nous inviterons nos fidèles à considérer leurs dons comme une participation normale au culte, à l'apostolat et à l'action sociale. Cf. Mt, 6, 2-4 ; Lc 15, 9-13 ; 2 Cor, 12, 4.

8) Nous donnerons tout ce qui est nécessaire de notre temps, réflexion, coeur, moyens, etc., au service apostolique et pastoral des personnes et des groupes laborieux et économiquement faibles et sous-développés, sans que cela porte préjudice aux autres personnes et groupes du diocèse. Nous soutiendrons les laïcs, religieux, diacres ou prêtres que le Seigneur appelle à évangéliser les pauvres et les ouvriers en
partageant la vie ouvrière et le travail. Cf. Lc, 4, 18s ; Mc, 6, 4 ; Mt, 11, 4s ; Actes, 1,8, 3s ; Actes, 20, 33-35 ; 1 Cor, 4 12 et 9,1-27.

9) Conscients des exigences de la justice et de la charité et de leurs rapports mutuels, nous essaierons de transformer les oeuvres de « bienfaisance » en oeuvres sociales basées sur la charité et la justice qui tiennent compte de tous et de toutes les exigences, comme un humble service des organismes publics compétents. Cf. Mt, 25, 31-46 ; Lc 13, 12-14, et 33s.

10) Nous mettrons tout en oeuvre pour que les responsables de notre gouvernement et de nos services publics décident et mettent en application les lois, les structures et les institutions sociales nécessaires à la justice, à l'égalité et au développement harmonisé et total de tout l'homme chez tous les hommes et par là à
l'avènement d'un autre ordre social, nouveau, digne des fils de l'homme et des fils de Dieu. Cf. Actes, 2, 44s ; Actes, 4, 32-35 ; Actes, 5, 4 ; 2 Cor, 8 et 9 ; 1 Tim, 5, 16.

11) La collégialité des évêques trouvant sa plus évangélique réalisation dans la prise en charge commune des masses humaines en état de misère physique, culturelle et morale (deux tiers de l'humanité) nous nous engageons :
-       -        à participer, selon nos moyens, aux investissements urgents des épiscopats des nations pauvres ;
-        -  à demander ensemble, au niveau des organismes internationaux, en témoignant toujours de l'Évangile, comme l'a fait le Pape Paul VI à l'ONU, la mise en place de structures économiques et culturelles qui ne fabriquent plus de nations prolétaires dans un monde de plus en plus riche, mais permettent aux
masses pauvres de sortir de leur misère.

12) Nous nous engageons à partager dans la charité pastorale notre vie avec nos frères dans le Christ, prêtres, religieux et laïcs, pour que notre ministère soit un vrai service ; ainsi
-           nous nous efforcerons de « réviser notre vie » avec eux ;
-           nous susciterons des collaborateurs pour être davantage des animateurs selon l'esprit que des chefs selon le monde ;
-           nous chercherons à être plus humainement présents, accueillants ;
-           nous nous montrerons ouverts à tous, quelle que soit leur religion. Cf. Mc, 8, 34s ; Actes, 6, 1-7 ; 1 Tim, 3, 8-10.

13) Revenus dans nos diocèses respectifs, nous ferons connaître à nos diocésains notre résolution, les priant de nous aider par leur compréhension, leur concours et leurs prières.

Que Dieu nous aide à être fidèles !