dimanche 27 avril 2014

Le pape Jean-Paul II canonisé…

 ... malgré quelques réserves.
Extrair d’un article publié par Associated Press le vendredi 25 avril 2014 .
 - Le pape Jean-Paul II fut l’un des principaux artisans de l'effondrement du communisme en Europe de l'Est. Ses nombreux voyages à l'étranger et sa façon de rappeler les enseignements de l'Église ont grandement inspiré une nouvelle génération de catholiques à l'aube du XXIe siècle.
Mais son pontificat n'est pas sans tache. Le scandale des agressions sexuelles commises par des hommes d'Église aura terni le règne de 26 ans de Jean-Paul II, qui sera canonisé dimanche à Rome.
Le pape et ses proches conseillers n'ont commencé à saisir la gravité du problème qu'à la fin de son pontificat, même si les évêques américains les avaient priés de trouver une façon d'exclure les prêtres pédophiles dès la fin des années 1980.
Jean-Paul II a vu trop de prêtres faussement accusés de crimes imaginaires sous les régimes nazis et communistes pour ne pas se méfier des accusations portées contre les religieux pédophiles. Le déclin du clergé après les turbulentes années 1960 l'a sans doute influencé: il ne voulait pas perdre les trop peu nombreux prêtres qui restaient encore fidèles au sacerdoce.
L'actuel pape François a hérité du pire cafouillage de Jean-Paul II en matière d'agressions sexuelles: la congrégation de la Légion du Christ, considérée comme un modèle par le souverain pontife polonais. François, qui canonise Jean-Paul II ce dimanche, doit maintenant décider s'il ira de l'avant avec la réforme vaticane imposée après que la Légion eut reconnu que son fondateur avait agressé des séminaristes et était le père de trois enfants.
Mais l'aveu de la Légion à propos de la double vie de Marcial Maciel n'était pas une révélation pour le Vatican. Des documents provenant des archives vaticanes démontrent que plusieurs papes — dont Jean XXIII, qui sera lui aussi canonisé dimanche — n'ont pas tenu compte des affirmations crédibles voulant que Maciel était un escroc, un drogué, un pédophile et un fraudeur…/…

…/…Robert Ghal, un théologien à l'Université pontificale de la Sainte-Croix, à Rome, estime qu'il aurait été dans l'intérêt de l'Église de mener une enquête exhaustive sur ce scandale, y compris dans les «recoins du Vatican» où l'influence des anciens appuis de Maciel se fait toujours sentir.
«Jean-Paul II n'aurait jamais laissé se poursuivre les agressions sexuelles », estime-t-il. « Celui qui pouvait regarder les dictateurs dans les yeux n'aurait jamais abdiqué ses responsabilités de traduire en justice ceux qui ont commis des agressions sexuelles ou morales. L'histoire demande de la clarté. Le moment est venu pour cela.»

jeudi 24 avril 2014

Le père dominicain Maurice Barth est très récemment décédé


 


C'était - entre autres - un spécialiste de Amérique latine , très attaché à Mgr Oscar  Romero ( l'évêque assassiné en pleine messe par des tueurs protégés par le gouvernement d'alors ).
En juin 2013, il a publié un livre assez pessimiste "Où va mon Eglise ? Réflexions crépusculaires" dans la collection "Chemins de traverse".

Extraits des dernières pages :                                                                                        

Tous les silencieux ont perdu espoir que le système puisse bouger un jour, ou ont peur que leur foi soit ébranlée. En effet, l’Évangile a tellement été alourdi par l’énorme travail dogmatique et ecclésial que la foi a fini par se confondre avec le système qui le transmet. Au point que si on critique l’interprétation du message évangélique par la tradition ecclésiale, on a l’impression de toucher le cœur de la foi… La foi est devenue si étroitement liée à ce qu’en dit l’institution qu’on ne peut critiquer celle-ci sans toucher à celle-là.

L’assemblée des croyants – l’ecclésia – s’est réduite à une institution qui, au cours des siècles, a transformé l’annonce de la foi en défense de la foi, qui est finalement devenue une autodéfense tout court. L’institution Église ne semble pas ressentir la nécessité de changer. …

Post scriptum :

Ce qui précède avait été rédigé en 2012, et rien ne doit être modifié, mais je voudrais ajouter ce qui suit : en mars 2013 il y a eu au Vatican l’élection du pape François, qui pourrait faire repartir l’espérance, car il s’est posé d’abord comme pasteur, il a débloqué le dossier de la béatification de Mgr Oscar Romero et il a émis quelques doutes sur la légitimité de la banque du Vatican ; ces trois interventions sont symboliquement importantes.


L’avenir nous dira si le pape François pourra alimenter cet espoir de façon crédible.

vendredi 4 avril 2014

Pape François : le philosophe qui influence son pontificat

Le programme du pontificat de François, qui met l’accent sur la pratique de l’Evangile, concorde avec la pensée du philosophe uruguayen Alberto Methol Ferré, pour qui cette pratique est la meilleure réponse à l’idéologie aujourd’hui dominante.



© DR

Elisabeth de Baudoüin
3/04/2014

« Le Pape et le philosophe ». Ce livre interview paru en 2007, qui vient d’être réédité en Argentine et édité pour la première fois en Italie, permet de mieux comprendre la pensée du pape François et son jugement sur le monde d’aujourd’hui. C’est ce que rapporte le journaliste vaticaniste italien Sandro magister.

L’auteur de cet ouvrage, l’uruguayen Alberto Methol Ferré, décédé en 2009 à l’âge de 80 ans, comptait parmi les amis du  cardinal Bergoglio. Il rendait souvent visite à ce dernier, depuis Montevideo, où il vivait. Quand le livre parut, l’archevêque de Buenos Aires en fit une présentation, soulignant sa « profondeur métaphysique ». Bergoglio, qui parlait de Methol Ferré comme d’un « génial penseur », considérait qu’il avait mis à nu la nouvelle idéologie dominante : « l’athéisme libertin » ou « hédoniste », explique Sandro Magister.

Qu’est-ce que l’athéisme libertin ? Une forme de pensée où Dieu n’est pas nommé, et où l’idée que l’existence humaine est destinée au plaisir a remplacé le messianisme d’inspiration marxiste (celui-ci ayant périclité - peu ou prou - avec la chute du communisme au siècle dernier).

Bergoglio en a parlé comme d’un « théisme nébulisé ou diffus, sans incarnation historique, créateur de l'œcuménisme maçonnique, dans le meilleur des cas ». Pour Methol Ferré, derrière cette pensée unique et totalitaire, se cache un besoin caché de beauté.

Selon ce philosophe, l’Eglise est la seule instance capable de lutter contre cette nouvelle pensée dominante qui, selon Bergoglio, « constitue l’atmosphère du temps où nous vivons, le nouvel opium du peuple ». A son avis, il ne s’agit pas de s’y opposer par la dialectique, et encore moins par des interdits ou des règles abstraites. Cette pensée étant moins une idéologie qu’une pratique, c’est une – autre – pratique qu’il faut en effet lui opposer. Celle de l’Evangile, « intellectuellement bien équipée », parait la mieux à même de l’affronter.

Mettre l’Evangile en pratique au quotidien : c’est exactement ce que François appelle inlassablement à faire, que ce soit le matin à Sainte Marthe, dans ses interventions Place Saint Pierre, plus largement dans toutes ses rencontres avec le Peuple de Dieu. En mettant ainsi l’accent sur le « vécu » et en proposant les valeurs de l’Evangile comme un code de bonheur, capable de soigner les cœurs blessés et nourrir les âmes affamées, il propose une vraie alternative à la culture hédoniste dominante. L’Eglise, dont le pape boit le lait depuis sa plus tendre enfance, n’a pas attendu le « génial penseur » pour appeler à pratiquer l’Evangile. Ceci dit, la pensée de Ferré n’est peut-être pas tout à fait étrangère au programme du pontificat de François.
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