vendredi 23 mai 2014

Un billet de Gilles

Méditation sur Jean : 15,12-17, proposée ce 23.05.014.
Les distractions au cours d’une méditation, notre pape François, dans la célèbre interview donnée aux revues jésuites, les reconnaît et semble y voir, pourquoi pas, des aspects positifs.
Ce matin, j’ai été arrêté dans ma méditation sur le texte d’évangile proposé, par la proximité de trois mots : commander, esclave et ami.
« Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande »
« Je ne vous appelle pas esclaves mais amis ».
Je suis allé voir dans mon gros « Bailly » le sens du mot « entellomai » traduit par « je commande » ou « je prescris ». Le premier sens donné par le dictionnaire est : « je recommande », puis vient : « je commande ».
Voilà, voilà, mes frères ! nous n’allons pas assez aux origines, au sources. Je comprends maintenant que Jésus m’appelle « ami » et pas « serviteur » : il ne me commande pas, il me recommande< ;
Là, le « re » n’est pas réitération du verbe commander mais adoucissement de sens. J’ai fermé mon Bailly , soulagé dans mon esprit et épanoui dans mon coeur.
Je vous recommande l’exercice du dictionnaire, pour la méditation.

Gilles Lacroix.

jeudi 1 mai 2014

Rites et spiritualité


Les rites sacrés n’étouffent-ils pas la spiritualité en empêchant les relations interpersonnelles alors que celles-ci sont le milieu  de vie de la spiritualité ? Une chose est le recueillement en commun lorsqu’il exprime un accord des personnes donnant une même signification à ce qu’elles accomplissent, autre chose est l’isolement de chacune dans l’obéissance à des injonctions sacrées.
Voyez ce chrétien se rendant à la messe à peu près chaque dimanche. Il ne lui convient pas de se soumettre à des rites qui s’imposeraient à lui au nom de leur caractère sacré. Pendant les cantiques il reste muet, il ne baisse pas la tête lors de la « consécration », il voit des enfants de chœur (ou « servants d’autel ») qui se tiennent les mains jointes, et ça le gêne, il voit certaines personnes s’avancer dans une attitude pieuse pour la communion et faire une génuflexion avant de recevoir l’hostie sur la langue, et ça le gêne. Il a l’impression que ces personnes s’aliènent dans des postures  convenues et des gestes obligés, croyant se mettre ainsi en relation avec Dieu. Et, ce faisant, ces personnes s’isolent les unes des autres, s’enfermant chacune dans son propre jeu, dans son petit théâtre. Elles croient peut-être vivre ces rites en commun avec les autres, mais c’est largement illusoire dans la mesure où les autres n’entrent peut-être pas dans le jeu parce qu’ils ne perçoivent pas ces rites de la même façon. Je pense à ce prêtre disant que, lorsqu’il concélèbre, il pense qu’il ne donne sans doute pas du tout la même signification que son voisin aux paroles qu’ils prononcent ensemble.
Selon Jésus, parlant à la Samaritaine, Dieu n’est pas à chercher dans un lieu consacré, ni en accomplissant des gestes rituels, mais « en esprit » — dans la conscience —  et « en vérité » — dans la vérité de la vie, qui se fait dans les échanges entre les  personnes.
Un théologien nous réconcilie avec le sacré tout en en changeant le sens lorsqu’il écrit que ce qui est sacré, ce sont les relations entre personnes :
« Le rite chrétien sacralise avant tout la relation aux autres. L’espace sacré, ce n’est pas le temple matériel. L’espace sacré, nous le lisons notamment chez saint Paul, c’est notre corps, notre corps individuel, et c’est le corps social que nous formons avec les autres…, celui que Paul appelle le corps du Christ. Et qu’est-ce que le corps du Christ ? Eh bien, c’est l’ensemble des chrétiens qui s’unissent les uns aux autres en vue de rayonner la fraternité autour d’eux »[1]
Malheureusement,  le chrétien dont on a parlé plus haut s’ennuie à la messe. Un ministre du culte, dûment consacré pour cette fonction, habillé d’ornements liturgiques, lit des textes vénérables en forme de prières lourdes de considérations théologiques interminables qui ont beau être en français — et non plus en latin, comme avant le concile Vatican II — et qui ont beau n’être pas toujours exactement les mêmes d’un dimanche à l’autre,  sont comme le bruit d’un fleuve qui s’écoule sans autre répit qu’un cantique interrompant de temps en temps la cascade fastidieuse. Et, pendant ce temps, les voisins sont là sans que l’on puisse rompre le silence avec eux, ce silence bruyant  qui occupe les trois quarts de la durée de la messe.
On est loin de la convivialité et de la profondeur des échanges qu’elle permettait lors de la Cène de Jésus avec ses disciples la veille de sa mort.
Guy de Longeaux




[1] Faire bouger l’Église catholique,  JosephMoingt - éd. Desclée de Brouwer, 2013,  pp. 100-101

Penser et croire en toute liberté

« Penser et croire en toute liberté ». Il ne s’agit pas seulement ainsi de défendre la liberté de la foi et de la conscience, mais aussi et surtout la volonté d’unir la pensée et la foi. […] La foi ne saurait correspondre à une sorte de mépris de la réflexion. Certes, il ne s’agit pas de prouver l’existence de Dieu, mais bien plutôt de prêcher un Dieu crédible. Il n’est pas absurde de croire en Dieu. […] Bien des formulations traditionnelles constituent aussi un repoussoir pour des hommes et des femmes désireux d’accorder leur foi avec l’apport des Lumières en tenant compte de la raison critique et des contextes culturels et scientifiques de l’homme moderne. […] La foi dit oui en dépit de tout ce qui nous pousse à dire non. Elle est jour après jour un doute à la fois légitime et surmonté.

Comment ne pas partager avec nos frères protestants libéraux cette devise due à Laurent Gagnebin ? (site Evangile et Liberté)