La première intitulée Lettre
d’un protestant au prochain pape émane de Daniel Marguerat ancien doyen de
la faculté de théologie de Lausanne qui
s’autorise à adresser des souhaits au nouveau pape car, pour lui l’histoire montre que protestants et catholiques
ont des destins indissolublement liés : « Le gel de l’œcuménisme a déçu les millions de
fidèles qui s’étaient engagés dans des projets communs avec les autres Églises
et se trouvent aujourd’hui désavoués par de jeunes prêtres aussi rigides que
leur col romain. La théologie de la libération, qui souleva en Amérique du sud
un tel enthousiasme populaire est aujourd’hui exsangue ; affirmer
« l’option prioritaire de Dieu pour les pauvres » n’est visiblement
plus d’actualité, ni au Brésil ni ailleurs. Le scandale des prêtres pédophiles
a ébranlé la confiance des fidèles dans l’institution, non seulement à cause de
son immoralité mais aussi parce qu’elle a dévoilé le persistant silence des
évêques devant des délits qu’ils n’ignoraient pas. Quant à la pénurie de
prêtres, n’insistons pas. (…)
Force et faiblesse du
protestantisme et catholicisme sont à l’inverse l’une de l’autre.
La force protestante est de respecter sa pluralité, mais sa fragilité génétique
est une incapacité à exprimer et mettre en œuvre son unité. La force du
catholicisme romain réside dans un sentiment d’appartenance qui l’unifie, mais
il ne sait accueillir sa diversité interne, qu’il a tendance à rejeter. (…) Arrivera-t-il,
le jour où toutes les Églises chrétiennes reconnaîtront qu’elles ont ensemble
hérité du Christ ? Viendra-t-il, ce jour où elles se reconnaîtront
partenaires d’un mouvement religieux appelé « christianisme », sans
qu’aucune ne revendique pour elle seule toute la vérité ? » (1)
La seconde réflexion m’a été adressée par un ami très engagé dans la
construction européenne. « Jésus le Galiléen mettait en garde contre les rites détachés de
l'esprit, et était sévère avec les castes aspirant au pouvoir. Le message qu'il
a laissé est un permanent appel à la priorité qui doit être donnée aux petits,
aux faibles et aux modestes, une insistance constante sur la nécessité d'un
soin désintéressé des autres, une volonté indéfectible d'ouverture aux
étrangers et aux exclus, de pardon, de pauvreté et de réconciliation.
Or il existe des lieux
où la pratique chrétienne cherche à être fidèle à l'enseignement de son
fondateur, où les plus jeunes ne sont pas rebutés par l'archaïsme, il existe des lieux de dialogue
entre les confessions, les langues et les cultures. Parmi ces lieux et ces
réseaux, l'un se nomme Taizé, modeste village où une communauté oecuménique
s'est établie il y a soixante-dix ans, et vers lequel convergent des chrétiens
de tous âges, de toutes origines, de toutes confessions.
Rêvons : un jour de Pentecôte,
comme ivres de débats, les cardinaux osent soudain prendre une décision aussi
audacieuse que salutaire : celle de confier à un simple frère de la
Communauté de Taizé, le soin de présider aux destinées de l'Eglise catholique.
A y regarder de près, aucun obstacle formel ne les en empêche, »
Il
nous reste à souhaiter que le prochain conclave soit ouvert à l’Esprit de Dieu
qui, selon la Bible, « renouvelle la
face de la terre ».
Chronique hebdomadaire de Bernard Ginisty du 1er mars 2013
(1) L’intégralité de cette « Lettre » est publiée sur le site chrétien Garrigues et sentiers :
http://www.garriguesetsentiers.org/
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