« Je
pense qu’une évolution pourrait se faire sans heurt et sans idée préconçue.
Je pense que des laïcs chrétiens pourraient se réunir en dehors des offices
paroissiaux pour étudier et méditer l’Évangile, — réfléchir aux besoins
apostoliques de leur environnement, — inviter d’autres gens non chrétiens ou
non religieux à réfléchir avec eux — et cela sans heurt avec l’autorité
ecclésiastique locale, car cela relève de leur esprit de liberté et (d’apostolat).
« Je
pense aussi qu’ils pourraient célébrer ensemble la mort du Seigneur dans
l’attente de son retour sans reprendre telles quelles les liturgies
officielles, sans s’absenter non plus définitivement des offices
paroissiaux. Cela suscitera sans doute des difficultés, car on les accusera de
s’attribuer des pouvoirs sacerdotaux. Mais je ne crois pas que l’autorité
ecclésiastique pourrait longtemps y faire obstacle, alors que Jésus a promis de
se rendre présent partout où quelques croyants se réuniraient en son nom et que
Saint Paul demande seulement aux chrétiens qui célèbrent le repas du Seigneur
de discerner le corps du Christ, c’est-à-dire d’avoir le souci de
l’unité que forment les chrétiens, de l’unité du corps du Christ dont ils
sont membres. Je pense que ce conflit, qui surgira fatalement, devrait
s’apaiser avec la bonne volonté mise de part et d’autre et avec les apaisements
que les théologiens pourront directement lui apporter.
…
… …
« Il importe de se rappeler que le lieu de l’annonce
évangélique n’est pas celui où se rassemblent les fidèles pour rendre grâce et
gloire à Dieu, c’est le monde où Dieu n’est plus connu et où le Christ souffre
des souffrances du monde ; il souffre, non d’être ignoré du monde, mais
des souffrances que les hommes s’infligent les uns aux autres par manque de
charité. C’est pourquoi les laïcs qui aspirent à répandre dans le monde
incroyant la charité du Christ ne cherchent pas à prendre la place et le pouvoir
des prêtres à l’intérieur de l’Église. S’ils veulent rester en lien étroit
avec elle, c’est parce qu’elle est le canal par où l’Esprit du Christ, qui
est identiquement son amour vivant, vient à eux et se répand par eux dans le
monde.
Joseph
Moingt. Quel avenir pour le christianisme… ?
Conférence
de Chartres, 14 février 2013
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