C’est la question que se posent les chrétiens engagés
dans différentes fonctions dans une paroisse le jour où leur curé se retire: ils craignent qu’on leur
impose un prêtre aux idées étroites ou un
étranger de culture différente, ou bien que la paroisse
soit agglomérée à un plus grand ensemble sous la
coupe d’un prêtre assurant la messe de plus en plus loin
des communautés locales.
Tout dépend de ce que l’on attend du prêtre. Si on
pense que l’essentiel, c’est son pouvoir de dire la
messe, alors on est prêt à accepter n’importe qui,
au risque qu’il récuse les diverses initiatives et
fonctions assumées par des laïcs pour revenir à
des façons de faire du passé – comme cela s’est
vu ici ou là –, au risque aussi de voir se déliter
les petits groupes animant les communautés locales si toutes
les activités sont centralisées dans le cadre d’un
grand secteur pastoral.
La question revient à celle-ci : la vie chrétienne
consiste-t-elle essentiellement à aller à la messe,
aussi loin qu’il soit nécessaire d’aller la
chercher ? Ou bien consiste-t-elle avant tout à se
nourrir de l’Évangile pour en vivre, ce qui n’est
pas une démarche solitaire mais communautaire ?
Si on pense que la priorité, c’est de s’imprégner
de l’Évangile dans des échanges entre chrétiens
d’une communauté locale, et si on pense qu’un laïc
peut animer une telle communauté, alors on n’attendra
pas que tout dépende du prêtre et on célèbrera
le dimanche localement sans que ce soit une messe: ce sera une célébration participative ayant une
signification eucharistique dans la mesure où l’on
évoque le don que le Christ a fait de sa vie et que l’on
se dispose à faire comme lui, de notre vie, un don aux autres.
Ce que l’on attendra alors du prêtre, c’est qu’il
soit un itinérant, un visiteur des communautés locales,
pour les enseigner, leur apporter une animation spirituelle, et
représenter l’évêque auprès d’elles,
les reliant ainsi à l’Église universelle,
présidant, lorsqu’il vient, une messe selon la liturgie
officielle de l’Église.
Vraiment, de la conception que l’on a du rôle du prêtre,
dépend la vie des communautés locales qui sont le
terreau où peut s’enraciner l’Évangile en
impliquant tous les chrétiens au plus près de leurs
lieux de vie. Ou bien le prêtre est le dispensateur d’une
messe qu’il faut aller chercher là où il est, de
plus en plus loin, aux dépens des communautés locales
qui se délitent, ou bien le prêtre est un animateur
spirituel qui vient visiter des communautés locales menant
leur vie chrétienne de façon autonome et qui les aide à
vivre authentiquement l’Évangile.
Pour donner des bases de réflexion aux chrétiens
engagés dans les paroisses et risquant de se trouver devant la
question du remplacement de leur curé, on pourrait faire venir
une personnalité compétente ayant des idées
ouvertes vers l’avenir. Il y aurait, par exemple, un exposé
suivi d’échanges par petits groupes et reprise finale
par le conférencier.
Guy de Longeaux
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