La tentation de diaboliser l’autre, pour extérioriser le mal que l’on porte en soi, constitue le risque majeur de toute politique qui se veut généreuse. La pensée binaire qui divise le monde en bien et mal, en vrai et faux, en vice et vertu reste une pensée infantile incapable d’assumer la complexité et l’ambiguïté de l’être humain. S’il est important, au plan intellectuel, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal, on tombe dans la confusion mentale et la violence aveugle lorsque l’on prétend classer les êtres humains au nom de ces valeurs, méconnaissant ainsi que chacun est porteur de la possibilité du meilleur et du pire.
En quoi cet idéal, « faire le Bien », à priori noble, est-il si dangereux ? Parce qu’il repose, le plus souvent, sur une répartition manichéenne du monde entre le Bien et le Mal, au lieu d’admettre que chacun d’entre nous porte à la fois les deux tentations, celle du Bien et celle du Mal.
Dès lors, combattre pour le Bien, c’est trop souvent combattre l’autre au lieu de lutter d’abord contre ce qui, chez soi-même, est porteur du Mal que l’on dénonce si facilement chez autrui. La vie quotidienne fournirait mille exemples de notre incapacité d’assumer notre propre complexité et nos complicités avec ce que nous dénonçons. Combien de fois, par exemple, dans des discussions spontanées de bistrot nous découvrons que la sympathie avec notre voisin passe plus facilement lorsque nous découvrons que nous pouvons dénoncer ensemble un adversaire commun.
Dès lors, combattre pour le Bien, c’est trop souvent combattre l’autre au lieu de lutter d’abord contre ce qui, chez soi-même, est porteur du Mal que l’on dénonce si facilement chez autrui. La vie quotidienne fournirait mille exemples de notre incapacité d’assumer notre propre complexité et nos complicités avec ce que nous dénonçons. Combien de fois, par exemple, dans des discussions spontanées de bistrot nous découvrons que la sympathie avec notre voisin passe plus facilement lorsque nous découvrons que nous pouvons dénoncer ensemble un adversaire commun.
La politique n’est pas la continuité du jeu d’enfant du gendarme et du voleur. Certes, il y a des voleurs et il faut des gendarmes. Mais l’humanité a progressé le jour où elle a commencé à juger le voleur en examinant son action dans le cadre de son histoire et de son conditionnement et à admettre que le gendarme n’avait pas tous les droits parce qu’il était le plus fort et investi de l’autorité publique.
Bernard Ginisty
Extrait de Garrigues et Sentiers :« la tentation de s’identifier au bien »
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