mardi 30 juillet 2013

Discours du pape François aux évêques du Brésil

 

Comme aucun pape avant lui, François se confronte à la question douloureuse des catholiques qui ont quitté l’Eglise, phénomène attesté en Amérique Latine, mais qu’ont connu tous les pays, notamment européens, depuis une cinquantaine d’années. Il évoque ainsi “le mystère difficile de ceux qui quittent l’Église” et se laissent séduire par d’autres propositions.
Cette question largement taboue est l’occasion d’une autocritique sévère : “Peut-être l’Église est-elle apparue trop faible, peut-être trop éloignée de leurs besoins, peut-être trop pauvre pour répondre à leurs inquiétudes, peut-être trop froide dans leurs contacts, peut-être trop autoréférentielle, peut-être prisonnière de ses langages rigides, peut-être le monde semble avoir fait de l’Église comme une survivance du passé, insuffisante pour les questions nouvelles ; peut-être l’Église avait-elle des réponses pour l’enfance de l’homme mais non pour son âge adulte.”
Le pape accuse l’Eglise d’apparaître tellement exigeante dans ses “standards” qu’elle décourage d’emblée les gens. “Beaucoup ont cherché des faux-fuyants parce que la "mesure" de la Grande Église apparaît trop haute. Beaucoup ont pensé : l’idée de l’homme est trop grande pour moi, l’idéal de vie qu’elle propose est en dehors de mes possibilités, le but à atteindre est inaccessible, hors de ma portée.”
Une Eglise ennuyeuse, rigide, froide, nombriliste ! Jamais Benoit XVI et Jean-Paul II n’ont fait pareille autocritique. Bergoglio lui, n’a pas peur de dire sa vérité en pensant à tous ces éloignés :“Face à cette situation, que faire ? Il faut une Église qui n’a pas peur de sortir dans leur nuit. Il faut une Église capable de croiser leur route. Il faut une Église en mesure de s’insérer dans leurs conversations. Il faut une Église qui sait dialoguer avec ces disciples” désenchantés et qui considèrent désormais le Christianisme “comme un terrain stérile, infécond, incapable de générer du sens. (...) Aujourd’hui, il faut une Église en mesure de tenir compagnie, d’aller au-delà de la simple écoute.”
Le pape n’hésite pas non plus à évoquer un autre sujet taboudans l’institution : la place des femmes : “Ne réduisons pas l’engagement des femmes dans l’Église, mais promouvons leur rôle actif dans la communauté ecclésiale. En perdant les femmes l’Église risque la stérilité.” Même si la mention est lapidaire, c’est la première fois qu’un pape reconnaît que l’Eglise a perdu une part de sa crédibilité auprès des femmes.
La solution, passe, d’une part pour le pape, par l’exercice de la maternité de l’Eglise, c’est à dire l’exercice de la miséricorde. “Celle-ci engendre, allaite, fait grandir, corrige, alimente, conduit par la main… Il faut alors une Église capable de redécouvrir les entrailles maternelles de la miséricorde. Sans la miséricorde il est difficile aujourd’hui de s’introduire dans un monde de "blessés" qui ont besoin de compréhension, de pardon, d’amour.” Dans ce domaine, il y a des progrès à réaliser :“Dans un hopital de campagne, l’urgence est de panser les plaies”.

L’autre dimension est l’empathie affective et la proximité : “Je voudrais que nous nous demandions tous aujourd’hui : sommes-nous encore une Église capable de réchauffer le cœur ?"
Jean Mercier

           dans " L’encyclique cachée de François à Rio de Janeiro" 

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