Les religions chrétiennes sont frappées d'un doute sur leur
avenir dans l'évolution du monde. C'est pourquoi surgit cette question :
Est-il opportun de penser qu'un retour aux sources
soit de nature à effacer ce doute ? Une étude d'Etienne
Verougstraete, il y a une trentaine d'années, traitait de l'évolution du
Christianisme au cours des trois premiers siècles. Elle
montrait de façon claire comment, au concile de Nicée,
l'aboutissement avait été de faire du fils de Dieu, Le Dieu, le fils de
la Trinité divine.
Tout était parti du Nazaréen avec son message qui bousculait
sur bien des points les lois du Judaïsme. Comme le décrit J.M.Muller
dans son livre Désarmer les Dieux, Jésus a concrétisé les
prophéties d'Isaïe et de Michée qui, en contradiction avec
la majeure partie du Premier Testament, prévoyaient le temps de la
fraternité universelle, un temps désiré par Dieu où le fer
des épées servirait uniquement à cultiver la terre. Au
jardin des oliviers, le symbole de cette concrétisation est le
désarmement de Pierre par Jésus.
Pour soulager et éteindre les souffrances de l'humanité, il
fallait proscrire le désir de vengeance, le dogme du mal rendu contre le
mal. C'est ainsi que le bassin méditerranéen fut
secoué par un vaste mouvement issu de l'enseignement
évangélique, rassemblant tous ceux qui souffraient de la brutalité de
l'Empire romain. L'attitude des martyrs symbolise cette adhésion
massive.
Mais Rome veillait à conserver l'unité de l'Empire. Les
chrétiens, de leur côté, se dispersèrent dans des discussions de plus en
plus violentes pour définir qui était Jésus. Constantin,
devenu empereur, soucieux d'assurer la pérennité de Rome,
annexa le Christianisme et, pour être sûr de l'unité politique, légiféra
à travers différents conciles dont Nicée sur les
fondements de la religion instrument du pouvoir. Ses
successeurs, Théodose en particulier, allèrent encore plus loin en
utilisant la répression de l'Etat pour obtenir l'adhésion des
peuples aux conceptions de la religion émises par les
conciles.
Les dogmes ont été proclamés ainsi que l'obligation absolue
d'y adhérer sous peine de sanctions. Le magnifique élan des premiers
siècles vers le règne de l'amour du prochain fut rompu au
profit de structures organisées en vue d'assurer la
possession d'une vérité indiscutable. Mais cette dernière est de plus en
plus en porte-à-faux par rapport aux connaissances acquises,
et le mal continue à secouer le monde.
Revenir à Nazareth, c'est faire retour vers le Christ
authentique, celui de l'histoire. Il ne s'agit pas de tout retenir de la
période de Jésus au contexte totalement différent du nôtre,
où régnait l'illusion que l'homme était le centre d'intérêt
du monde et le centre d'intérêt de Dieu. Il s'agit simplement de
redonner la place essentielle aux valeurs qui étaient la base
de l'enseignement de Jésus : l'amour, le refus de toute
justification de la violence, l'effort permanent vers la perfection.
C'était de ces valeurs qu'était née l'espérance d'un monde
meilleur qui avait enflammé l'enthousiasme des premiers
chrétiens.
L'affirmation par le concile de Nicée de la toute-puissance
de Dieu le Fils a permis à des forces d'intolérance d'assombrir
l'histoire. En quittant Nicée et ses dogmes imposés, une
nouvelle espérance est possible touchant à la fraternité des
peuples, à la convergence des religions du monde, à une nouvelle
approche dans la façon de penser Dieu et Jésus.
Quitter Nicée c'est semer les germes d'un puissant regain de vie du Christianisme.
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