A l’immobilisme traditionaliste et conservateur qui a pour conséquence que le discours de l’Eglise ne passe plus.
Ce qui renforce la difficulté, c’est que
les traditionalistes sont de bonne foi quand ils pensent devoir conserver les
formules du passé pour être fidèles à l’Eglise, à la foi, à la religion, à
Jésus…Or, la tradition n'est pas de dire ce que nos pères ont dit mais ce
qu’ils auraient dit s’ils avaient vécu aujourd’hui.
Une autre difficulté réside dans le fait
que beaucoup de chrétiens progressistes « quittent sur la pointe des
pieds » selon l’expression bien connue. Et ceci a pour conséquence
que ceux qui « restent » sont majoritairement conservateurs.
Pour résister de manière
constructive, il faut agir positivement. Nous avons bénéficié du travail
accompli par de nombreux pionniers avant nous. Je voudrais
particulièrement en citer deux.
Le premier est le père dominicain Jean-Pierre
CHARLIER, exégète, qui nous a aidés à comprendre correctement la Bible et à
nous débarrasser d’interprétations fondamentalistes, c.à.d. littérales et
historicisantes. Le second est Marcel LEGAUT, maître de
spiritualité, qui nous a aidés à découvrir la fidélité à Jésus, au-delà de tout
ce que notre religion a ajouté, modifié, oublié, déformé au cours des siècles…
Pour concrétiser cette résistance
constructive, nous essayons de vulgariser, c.à.d. de simplifier et de mettre à
la portée des non-spécialistes le travail qui est fait par des historiens,
exégètes, théologiens, philosophes et autres maîtres de la spiritualité.
Voici un exemple très important, puisqu’il
concerne ce que beaucoup considèrent comme le centre de notre foi, à savoir, la
Résurrection du Christ
Combien de chrétiens, encore aujourd’hui,
n’ont jamais entendu qu’il y a deux sens différents du mot
résurrection. Le premier, le sens habituel, signifie la réanimation du
cadavre et le retour à la vie antérieure, telle qu’elle était avant la
mort. Ce n’est pas le cas de la Résurrection du Christ.
Le second sens est le retour à une Vie
toute autre, qui est la vie même de Dieu, une vie dans l’Esprit. Et là,
c’est le cas de la Résurrection du Christ. Il ne s’agit donc pas d’interpréter
les récits d’apparition du Ressuscité au sens littéral ou matériel.
Si Marie-Madeleine et les Apôtres ont
« vu » Jésus, c’est avec les yeux de la foi, pas avec leurs yeux de
chair.
Il est évident que nous ne pouvons plus
confondre l’objet de notre foi avec les croyances d’une
autre époque. On voit de suite que le chantier est vaste : le péché
originel, l’immaculée conception, la virginité physique de Marie, les miracles,
etc.
Pour rassurer les hésitants, nous aimons
attirer l’attention sur les leçons du passé, comme par exemple les
affaires GALILEE etDARWIN. En effet, il est
beaucoup plus à la gloire de Dieu de créer l’humanité par cette merveilleuse
évolution des espèces dont parlent les scientifiques, que par la manière
anthropomorphique du récit de la Genèse.
Vous pouvez comprendre combien cela nous
fait souffrir de voir ceux que nous aimons « quitter sur la pointe des
pieds » à cause d’un discours désuet qui n’est plus crédible. Vous
pouvez comprendre aussi notre joie et notre enthousiasme dans la résistance
constructive à un conservatisme de bonne foi mais mal informé.
André VERHEYEN
(*) Cet article a été publié dans les
« Notes de travail de l’A.C.I."(Agir en Chrétiens Informés)
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