- Je ne demande pas qu’on change l’Église. Je demande qu’elle soit vivante. Je réclame qu’elle reste fidèle à sa mission, qu’elle porte la parole du Christ à nos contemporains, qu’elle témoigne du monde renouvelé par l’Esprit. Il ne s’agit pas de la conserver comme un trésor au risque d’en faire un conservatoire des moeurs d’antan. Il ne s’agit pas de la rafistoler par quelques astuces pour qu’elle survive un hiver ou deux de plus. Il s’agit qu’elle trouve les gestes et les mots qui diront Dieu au monde d’aujourd’hui.
- Elle est mon Église et il n’est pas question de me désolidariser d’elle. J’assume son histoire avec fierté souvent, avec honte parfois, avec résignation toujours. Je prends tout en elle, le meilleur et le pire, les croisades et les conciles, Alexandre VI et Jean-Paul II, la cour de Rome et les saints. Je crois que cette histoire d’hommes avec ses héros et ses lâches, ses audaces et ses calculs, n’est sainte que par l’Evangile qu’elle porte.
- Disponible au présent
- Je lui demande seulement de rester dans l’histoire sans se figer dans l’éternel. Je lui demande de ne pas sacraliser son passé au point d’être indisponible au présent. Je l’implore de renoncer aux réussites mondaines et aux vaines richesses pour ne pas «contrister» l’Esprit qui l’appelle.
- J’aimerais qu’elle se rende compte qu’il lui faut changer parce que le monde qui est le champ de sa mission change. Il me plairait qu’elle reconnaisse le travail de l’Esprit mieux que les traces du démon. Les nouveautés ne sont pas forcément des valeurs qui se perdent mais souvent aussi des « signes des temps », prémices du Royaume. Il faut qu’elle. ouvre les portes de l’espérance au lieu de cultiver les archives de la nostalgie.
- Elle a inventé l’école pour tous. Elle a appris aux hommes à lire et à écrire. Elle a voulu que l’homme grandisse, mais elle s’affole aujourd’hui parce que son discours ne passe plus. Son «catéchisme » peut être aussi riche et cohérent que possible, mais des hommes adultes n’attendent plus un catéchisme. Ils souhaitent qu’on écoute leurs questions avant de leur donner des réponses. Ils préfèrent dialoguer avec Dieu plutôt qu’on leur parle de Lui.
- Elle a dénoncé les mariages d’intérêts, les unions arrangées par les parents. Elle a défendu la liberté des époux et promu l’amour au coeur du couple. Mais elle est toute surprise aujourd’hui qu’on n’accepte plus la triste fidélité hypocrite d’autrefois. La Bible nous parle pourtant d’une alliance d’amour en permanence trahie et en permanence renouvelée.
- Le parti des pauvres
- De tout temps la grandeur de l’Église a été de prendre le parti des pauvres. Même quand elle ne savait pas apporter la justice elle consolait par sa charité. Aujourd’hui encore des chrétiens sont présents dans la recherche d’une politique plus juste et dans les urgences caritatives. C’est là qu’on comprend le Christ. C’est là qu’on attend ses disciples. Mais les médias s’amusent à ne voir l’Église qu’à travers un pontife jouant au dernier monarque absolu, dans un cérémonial d’un autre âge, loin des problèmes de fins de mois de leur public.
- Un cri comme celui-ci, vers qui le faire entendre ? Une prière comme celle-ci, vers quel saint l’adresser ? A quelle adresse poster le courrier ? Ya-t-il une chance de changer quelque chose ? La lourdeur de l’administration vaticane - ce n’est pas un mammouth mais une énorme baleine échouée sur le sable - donne l’impression que rien ne peut la réveiller. Mes mots ne feront pas plus de bruit que l’aile d’un papillon sur le dos du cétacé. Mais, après tout, on sait qu’un vol de papillon dans l’hémisphère sud peut engendrer une tempête dans l’hémisphère nord. Et puis il y a beaucoup de papillons. Et puis dans le vent qu’ils font souffle aussi l’Esprit. Pourquoi ne seraient-ils pas capables de réveiller la baleine : une grande marée et un petit ouragan et la voilà remise à l’eau, légère et vivante !
- Mgr Jacques Noyer,
Évêque émérite d’Amiens
...................................en recherche d'un christianisme plus proche des Evangiles.
mercredi 16 juin 2010
La baleine et le papillon
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