lundi 25 juin 2012

Etre ...ou ne pas l'être ?

Un mini-forum, qui ne demande qu'à s'enrichir de vos contributions (par mail à pvw@wanadoo.fr)


De : Pierre [mailto:pvw@wanadoo.fr]
Envoyé : vendredi 25 mai 2012 22:23


Anniversaire du Concile Vatican II



Le théologien Hans Küng a refusé l'invitation de venir célébrer le 50e anniversaire du Concile Vatican II, lors du Katholikentag à Mannheim (Allemagne), les samedi 19 et dimanche 20 mai.

Il a donné à son refus de participer à ce qu'il a appelé le « Gala du Concile » une explication de 4 pages dont sont extraits les 2 passages suivants :

"J'ai été honoré de recevoir l'invitation mais est-on d'humeur à une célébration à une époque où l'Eglise est dans une telle détresse douloureuse ?" 
"A mon avis, il n'y a aucune raison de faire un gala festif. Mais plutôt un service honnête de pénitence ou un service funèbre pour le Concile"


Banque du Vatican : scandales en série


En 2009, l'IOR nommait président Ettore Gotti Tedeschi, représentant en Italie du groupe espagnol Santander, en remplacement d'Angelo Caloia. M. Gotti Tedeschi, spécialiste de l'éthique de la finance, avait été choisi pour remettre en ordre les comptes du IOR.
Mais en septembre 2010, M. Gotti Tedeschi et son directeur général, Paolo Cipriani, étaient placés sous enquête pour violation d'une loi italienne anti-blanchiment. S'ils n'étaient pas soupçonnés de blanchiment d'argent sale, il leur était reproché des omissions entourant des mouvements de fonds d'un total de 23 millions d'euros. Le parquet italien, en juin suivant, avait levé tous les soupçons.
Le 30 décembre 2010, le pape Benoît XVI a créé une Autorité financière pour lutter contre le blanchiment d'argent sale et le financement du terrorisme, et afin de se mettre en conformité avec les normes internationales.

Enterrement du Concile Vatican II ; scandales de la banque du Vatican : après tant d’autres, deux informations qui amènent Pierre à réagir brutalement :

« Personnellement, je ne me considère plus comme catholique, mais simplement comme chrétien  attaché aux valeurs des évangiles……….et non aux dogmes de la religion vaticane que l’Histoire nous amène à …relativiser

 (lire par exemple à ce sujet: « Comment Jésus est devenu Dieu » de Frédéric Lenoir) »

« Qu’en pensent mes honorables confrères ? »


De : Guy  [mailto:guylongeaux@wanadoo.fr]
Envoyé : lundi 28 mai 2012 13:51
Guy réagit :,
« Ces mots reçus il y a quelques jours m'ont écorché les oreilles et me tournent dans la tête.
Ils m’inspirent la courte réflexion suivante :



être encore catholique ou ne l’être plus ?

Parce qu’il est déçu, voire dégouté par cette Église dont il ne voit aucune réforme possible rapidement, il s’en détourne.
C’est un impatient.
Que va-t-il faire alors en solitaire pour vivre l’Évangile ? Peut-on être un disciple solitaire de celui qui a dit : « Là où 2 ou 3 sont réunis en mon nom… » ?
Avec quels 2 ou 3 ou plus va-t-il se réunir en son nom ?
Comment ces 2 ou 3 ou plus vont-ils faire corps avec le grand corps du Christ ?
Même s’ils sont en marge, n’ont-ils pas à se raccrocher d’une manière ou d’une autre ?
A terme, pleins de petits groupes à la marge ne finiront-ils pas par faire pencher le corps tout entier ? On peut l’espérer. Mais il faudra du temps. »


De : Pierre [mailto:pvw@wanadoo.fr]
Envoyé : mercredi 30 mai 2012 10:45

Merci Guy d’avoir répondu à ce mail peut-être agressif…
Mais,
            Etre catholique, c’est quoi ?
Est-ce accepter, sans réserve ni murmure le credo de Nicée-Constantinople ou celui dit « des apôtres » :


             Etre chrétien, est-ce « croire à des affirmations » laborieusement élaborées par des conciles réunis et décidant sur ordres des empereurs romains ? Conciles essayant de concilier l’inconciliable pour maintenir l’unité de l’empire.
            Est-ce donner foi à l’infaillibilité pontificale, à l’immaculée conception et à l’assomption de la Vierge ? Reconnaître comme autorité suprême un « saint siège » complètement déconnecté de la Société ?
            Ou ne serait-ce pas plutôt croire en cet « Agapè » qu’on traduit mal par Amour ou Charité, des mots qu’on retrouve en tant de pages des évangiles, croire en « l’autre », le voir comme un frère en humanité quelle que soit son attitude à notre égard.
Alors, pour reprendre tes mots, que faire pour vivre l’Evangile en solitaire ?
-          Pourquoi en solitaire ?
-                       J’ai des amis, (rares, mais 2 ou 3 ne suffisent-ils pas ?) avec lesquels je partage l’essentiel de mes convictions. J’espère qu’ils réagiront à cette « profession de foi » par des critiques certainement constructives.
-           
-          Comment vivre l’Evangile ?
-                       Non pas en participant à des rites ou liturgies aux côtés de personnes dont la religion n’est pas la mienne, qui généralement  rêvent  d’une Eglise identique à celle de leur enfance…où la messe du dimanche assure le salut éternel !
-                      Mais en essayant de pratiquer très concrètement cet Agapè auprès des plus humbles : responsable d’une équipe locale du Secours Catholique, en liaison avec les assistantes sociales, j’ai la chance de nouer des liens avec des familles ou personnes isolées et en grande pauvreté, matérielle et souvent affective ; la chance de pouvoir mettre mon action en accord avec mes convictions. C’est une grande richesse à laquelle rien ne me ferait  renoncer malgré les pesanteurs et même les incohérences de l’Institution Secours Catholique.
Pas plus Catholique que Protestant ou Orthodoxe, je me sens « adhérent direct » au Christianisme.
Fraternellement
Pierre


De : Antoine [mailto:lepere@neuf.fr]
Envoyé : mercredi 30 mai 2012 11:39

Pierre, bonjour
ton mail initial engendre réactions et remarques, personnellement  je serais presque en total accord avec toi, si le sens de catholique je pouvais correctement le cerner ; autant CHRETIEN c'est évident, facile, précis et attractif

je ne saurai jeter la pierre envers Guy, étant donné que sa réflexion n'est pas si inutile et mérite attention
et ton impatience je ne la critiquerai pas car d'une certaine façon tu as raison d'en avoir marre d'entendre comme à dire, et te conformer à ce que d'autres  décident, ont décidé et imposé ...

comme tu as eu raison de ne pas être présent à la profession de foi des enfants de N Dame des Aydes, le jour de l' Ascension !,
c'est vrai que Vatican II cela fait 50 ans, et que ceux qui animaient le truc  je pense qu'ils n'en avaient pas lu les bonnes pages
ayant un petit neveu concerné par la célébration, j'y ai retrouvé mon frère cadet, qui après la prière universelle est venu me trouver et d'un commun accord nous avons quitté les lieux tant ce que entendions écorchait nos oreilles, nous indignait voire nous révoltait ... c'est dans ces cas qu'il vaut mieux être sourd que d'entendre des inepties très éloignées du message évangélique et de ce qui semblerait intéressant comme les nouvelles évangélisations ( celles de J 23 et non celles de B 16 ... )

accorde moi de te demander de ne pas trop rester avec 2 ou 3 amis ... saches que dans le troupeau "bêlant" il y a aussi beaucoup de moutons noirs qui poussent dans le même sens que le tien, ou plutôt vers le tien, mais il y a des bergers qui surveillent ... alors c'est difficile

à l' ACO le thème pour les 4 ans, entre 2 rencontres nationales, c'est : Résiste et Espère ... Pierre c'est ainsi que je pense à toi

Cordialement

Antoine




Qui est Jésus pour nous ?


Il faut parfois lurgence du grand départ pour que notre foi prenne la parole et dise tout haut ce que notre cœur murmurait déjàdans le silenceCest ce qui est arrivé à Michel Jacquey (1934-2011),philosophe de formationqui a été chercheur/formateur au CNRSau service des jeunes en dif-ficulté.Après avoir pris ses distances avec la foi de son enfanceil a cheminé ces dernières années, en lisant Ettyy HillesumMaître EckhartAdolphe GeschéJoseph Moingt …, échangeant avec des amisprêtres  et des laïcs.
Atteint dun canceril a livré à lordinateur les lignes qui suiventle 22 septembre 2011 à 19hIl est  mort à minuitSa fille a lu ce texte à la messe dadieu.

                                           Anne Soupa - 22 juin 2012 (diffusé sur site CCBF)

Je ne pourrais absolument pas témoigner, comme d’autres sont sans doute en mesure de le faire, d’un amour brûlant pour la personne du Christ. Je mesure donc le caractère très limité de ce que je peux répondre à la question. Je pense même que, me concernant, il vient très vite un moment où il vaut mieux que je me taise.
Mon point de départ est le suivant. Comme nous tous, je suis hanté par le problème du mal. Du mal perpétré, comme du mal innocent. Il y a trop de choses dans ce monde qui sont vraiment de nature à nous faire perdre espoir. Une immense protestation s’élève en chacun de nous contre les injustices et les malheurs de ce monde.
Il est même possible que nous ne croyions en Dieu, que parce que quelque chose en nous se mobilise de façon trop pressante en faveur des souffrances et des malheurs du monde. Nous vivons dans un monde qui a trop besoin d’être sauvé.
On demandait un jour à Paul Ricoeur pourquoi il venait si souvent à Taizé. Il a répondu : « J’ai besoin de vérifier ma conviction qu’aussi radical que soit le mal, il n’est pas aussi profond que la bonté ! » Voilà une démarche forte où l’on peut suivre Ricoeur.
Le pouvoir agissant de la bonté: Voilà quelque chose auquel je crois. Et il est frappant de voir à quel point le Jésus des Évangiles est un Jésus qui apporte la guérison, un Jésus qui guérit. Pour évoquer ce Jésus guérisseur il y a une très belle expression de Jean-Baptiste Metz, qui évoque « le premier regard de Jésus ». Ce premier regard de Jésus ne porte pas d’abord sur l’universalisme du péché humain mais sur celui de la souffrance du monde. C’est « une prise de responsabilité pleine de commisération en faveur du monde. » Pour Jésus, le péché consistera dans le refus de prendre part à la souffrance des autres, dans le refus de voir au-delà du sombre horizon de sa propre histoire.

vendredi 15 juin 2012

Après les joutes électorales...

La tentation de diaboliser l’autre, pour extérioriser le mal que l’on porte en soi, constitue le risque majeur de toute politique qui se veut généreuse. La pensée binaire qui divise le monde en bien et mal, en vrai et faux, en vice et vertu reste une pensée infantile incapable d’assumer la complexité et l’ambiguïté de l’être humain. S’il est important, au plan intellectuel, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal, on tombe dans la confusion mentale et la violence aveugle lorsque l’on prétend classer les êtres humains au nom de ces valeurs, méconnaissant ainsi que chacun est porteur de la possibilité du meilleur et du pire.

En quoi cet idéal, « faire le Bien », à priori noble, est-il si dangereux ? Parce qu’il repose, le plus souvent, sur une répartition manichéenne du monde entre le Bien et le Mal, au lieu d’admettre que chacun d’entre nous porte à la fois les deux tentations, celle du Bien et celle du Mal.
Dès lors, combattre pour le Bien, c’est trop souvent combattre l’autre au lieu de lutter d’abord contre ce qui, chez soi-même, est porteur du Mal que l’on dénonce si facilement chez autrui. La vie quotidienne fournirait mille exemples de notre incapacité d’assumer notre propre complexité et nos complicités avec ce que nous dénonçons. Combien de fois, par exemple, dans des discussions spontanées de bistrot nous découvrons que la sympathie avec notre voisin passe plus facilement lorsque nous découvrons que nous pouvons dénoncer ensemble un adversaire commun.
La politique n’est pas la continuité du jeu d’enfant du gendarme et du voleur. Certes, il y a des voleurs et il faut des gendarmes. Mais l’humanité a progressé le jour où elle a commencé à juger le voleur en examinant son action dans le cadre de son histoire et de son conditionnement et à admettre que le gendarme n’avait pas tous les droits parce qu’il était le plus fort et investi de l’autorité publique.
Bernard Ginisty
Extrait de Garrigues et Sentiers :« la tentation de s’identifier au bien »