mardi 28 mai 2013

De Blaise Pascal à nos jours...



 La Charité, quelle importance ? Quatre opinions :
                          
« L’Eglise ne peut pas négliger le service de la charité, de même qu’elle ne peut négliger les Sacrements ni la Parole »
 Benoit XVI - Deus caritas est N° 22 - 25/12/2005

« – Figures - Tout ce qui ne va pas à la charité est figure.  L’unique objet de l’Ecriture est la charité.  Tout ce qui ne va pas à l’unique but en est la figure. Car, puisqu’il n’y a qu’un but, tout ce qui n’y va point en mots propres est figuré. »
Blaise Pascal – Pensées – N°670

« Le service de la charité est donc pour l’Eglise, aussi essentiel et indispensable que la célébration des sacrements et la proclamation de l’Evangile. Alors comment, aujourd’hui, dans nos secteurs, faire en sorte que la charité ne soit pas déléguée totalement aux œuvres et mouvements caritatifs ? »
Conseil  diocésain de pastorale-Blois 12/04/2013-Atelier 8

« Il importe de savoir quel est le but poursuivi. Quand Jésus parle du jugement dernier, il dit : « J’avais faim, j’avais froid, j’étais nu, j’étais emprisonné.»  Il ne dit pas un mot sur les sacrements, pas un mot sur les vertus, mais il dit « tu as partagé ou tu n’as pas partagé ? C’est sur cela que tu es jugé.  Ca ne veut pas dire que les sacrements, les vertus sont inutiles ; mais que ce ne sont que des moyens pour apprendre à aimer, le but étant : Tu aimeras. Voilà qu’on a donné aux moyens autant d’importance qu’au but, et même, on s’est davantage soucié de voir respectés les moyens ! »
Abbé Pierre – Testament –Bayard, 1993, p.109

L’Eglise hiérarchique semble craindre que les chrétiens ne prennent trop au sérieux la charité :
« La Charité, oui mais à condition qu’on ne lui accorde pas plus de place qu’aux sacrements et à la Parole. »
 Or La Parole rappelle presqu’en chaque page la primauté de la charité, de l’amour mutuel – alors que, comme le rappelle l’Abbé Pierre, elle n’a pas d’exigence concernant  les sacrements.
Ainsi dans nos paroisses et conseils pastoraux, on ne parle souvent de charité qu’après avoir traité les problèmes de  Liturgie et de Catéchèse, heureux encore quand alors on ne renvoie pas au Secours Catholique, chargé d’épuiser le sujet !
Comment ne pas souscrire au vœu de l’Abbé Pierre :
« Ce que l'Eglise doit faire connaître au monde, c'est "L'Infini est Amour." Ne soyons pas étonnés que le monde n'accepte de l'entendre que par des exemples! Et pas par les mots des intellectuels, des doctrinaires, des prédicateurs! »
Abbé Pierre – Testament –Bayard, 1993, p.117
Est-ce cette nécessité du témoignage qui rebute l’Eglise Cléricale ? ou qui la rebutait avant que le pape François ne fasse entendre une musique nouvelle…
Pierre van Waerebeke

Et vous, qu’en pensez-vous ?

samedi 25 mai 2013

DU PAIN ET DU VIN EN MÉMOIRE DE JÉSUS


Laissez-moi vous parler de la messe. Ou plutôt, laissez-moi vous parler de quelque chose de plus simple, d’un simple repas. Et laissez-moi vous dire que chaque fois que vous mangez et buvez, vous communiez avec l’autre, avec la Terre, avec l’Univers tout entier. Chaque bouchée que vous mâchez et chaque goutte que vous absorbez est un geste sacré : vous communiez avec le Tout ou avec l’Être ou avec la Vie. Vous communiez avec la grande Communion ou le Mystère de Dieu. Vivre, c’est vivre ensemble. Être, c’est inter-être.
José Arregi1-Bis
Il en va ainsi de chaque repas, et la messe n’est pas autre chose. La messe n’est rien de plus, car il ne peut y avoir rien de plus grand qu’un simple repas. Simplicité et plénitude se confondent. L’ordinaire et le naturel est le plus sacré. Chaque fois que vous mangez, faites-le avec une profonde gratitude et un profond respect pour ce que vous mangez, et compassion pour ceux qui ne peuvent manger.
C’est ainsi que mangeait Jésus de Nazareth. Sa religion était la religion du repas, encore que, en réalité, il ne fonda aucune religion, et il rompit même avec sa propre religion dans tout ce qui empêchait les gens de manger tous ensemble, qui imposait des jeûnes, déclarait impures certaines denrées et interdisait de partager la table avec les dénommés pécheurs, qui quasiment toujours étaient les pauvres. Quelqu’un a écrit non sans raison que Jésus fut mis à mort pour sa manière de manger ; tant il est vrai que, au moment de manger, il supprimait les frontières entre les saints et les pécheurs, entre le pur et l’impur, entre le sacré et le profane. Chose intolérable. Les responsables religieux et les bien-pensants le traitèrent de « glouton et ivrogne, ami des pécheurs ».
Jésus rêvait d’un autre monde nécessaire et possible, et il l’annonçait, il l’appelait « royaume de Dieu ». Et, pour expliquer ce que pouvait être ce monde nouveau dans le monde présent, il ne trouva rien de mieux que d’organiser un joyeux repas champêtre : chacun apporta et partagea le peu qu’il avait, et tous furent rassasiés et il y en eut même beaucoup de trop.
Lui pensait que le « royaume de Dieu » ou le monde nouveau dans ce monde – une grande table avec du pain en abondance et sans aucun exclu – était quelque chose d’imminent. Mais les autorités religieuses et politiques ne l’entendaient pas ainsi, et le projet de Jésus échoua. Pour autant Jésus ne cessa d’espérer contre tout espoir. Et, pressentant le pire, il persista à rêver au meilleur et il organisa  avec ses compagnes et compagnons les plus proches un dîner d’ adieux et d’espoir, et au moment de  partager le pain et de leur passer le vin il leur dit : « Souvenez-vous de moi dans le pain et le vin. Et chaque fois que vous mangerez et boirez ensemble, ravivez l’espérance du monde nouveau, et bâtissez le monde que vous espérez. Chaque fois que vous le ferez, moi, je ressusciterai ; vous, vous vous transfigurerez et le monde se transformera en Communion ».
Ainsi firent ses disciples après que le maître fût crucifié comme un malfaiteur. Le premier jour de la semaine, que plus tard on nomma dimanche ou « jour du Seigneur », ils se réunissaient dans les maisons, ils priaient ensemble, ils se rappelaient le message de Jésus, ils mangeaient du pain, buvaient du vin, la Vie ressuscitait. Et ils appelaient cela « cène du Seigneur » ou « fraction du pain ». Tout était très simple, et il n’y avait pas besoin de prêtre ni de consécration.
Les siècles passant, tout alla en se compliquant. La maison se convertit en temple, le repas en « sacrifice », la table en autel, la grâce en obligation. Et on institua des prêtres pour présider et procéder à la consécration du pain et du vin, comme si ceux-ci ne fussent pas sacrés par eux-mêmes. Et on appela cela « messe », ce qui ne fut pas si mal, puisque « messe » veut dire mission. « Ite missa est » disait-on à la fin : « Allez en paix. L’heure est à la mission ».
Il est temps que nous revenions au plus simple qui est aussi le plus plein, au-delà des canons, rubriques et présidences sacerdotales qui n’ont rien à voir avec Jésus. Il suffit que nous nous réunissions à deux ou plus dans une quelconque maison ou une quelconque chapelle libre pour nous souvenir de Jésus, partager la parole, prendre du pain et du vin, ressusciter l’espoir, tandis que les oiseaux chantent. Si vous vous sentez triste, Jésus vous console. Si vous êtes joyeux, Jésus est votre joyeux convive. Et peu importe que le pain soit de blé, de maïs ou de seigle, ou que le vin soit de raisin, d’orge ou de riz. Ce qui importe c’est qu’il soit le fruit de la terre et du travail, sacrement de la vie et du monde nouveau. C’est cela la vraie messe, la véritable mission.
José Arregi
publié sur site NSAE: "Nous sommes aussi l'Eglise"
Commentaire:

Ce texte est sympathique et il exprime bien le rejet de ce que aujourd'hui on nous sert comme "messe".
Mais l'Eucharistie n'est pas la référence à n'importe quel repas : elle fait mémoire du repas d'adieu de Jésus avant sa mort. Ce lien essentiel à la mort de Jésus manque à ce texte. C'est ce qui manque à ce texte pour pouvoir être considéré comme vraiment chrétien. Un chrétien ne peut pas dire : "La messe n'est rien de plus". 
Voilà mon point de vue. 
Jean Housset - 28-05-2013

dimanche 12 mai 2013

Réunions de chrétiens en son nom dans un milieu de vie


« Je pense qu’une évolution pourrait se faire sans heurt et sans idée préconçue. Je pense que des laïcs chrétiens pourraient se réunir en dehors des offices paroissiaux pour étudier et méditer l’Évangile, — réfléchir aux besoins apostoliques de leur environnement, — inviter d’autres gens non chrétiens ou non religieux à réfléchir avec eux — et cela sans heurt avec l’autorité ecclésiastique locale, car cela relève de leur esprit de liberté et (d’apostolat).
« Je pense aussi qu’ils pourraient célébrer ensemble la mort du Seigneur dans l’attente de son retour sans reprendre telles quelles les liturgies officielles, sans s’absenter non plus définitivement des offices paroissiaux. Cela suscitera sans doute des difficultés, car on les accusera de s’attribuer des pouvoirs sacerdotaux. Mais je ne crois pas que l’autorité ecclésiastique pourrait longtemps y faire obstacle, alors que Jésus a promis de se rendre présent partout où quelques croyants se réuniraient en son nom et que Saint Paul demande seulement aux chrétiens qui célèbrent le repas du Seigneur de discerner le corps du Christ, c’est-à-dire d’avoir le souci de l’unité que forment les chrétiens, de l’unité du corps du Christ dont ils sont membres. Je pense que ce conflit, qui surgira fatalement, devrait s’apaiser avec la bonne volonté mise de part et d’autre et avec les apaisements que les théologiens pourront directement lui apporter.
… … …
« Il importe de se rappeler que le lieu de l’annonce évangélique n’est pas celui où se rassemblent les fidèles pour rendre grâce et gloire à Dieu, c’est le monde où Dieu n’est plus connu et où le Christ souffre des souffrances du monde ; il souffre, non d’être ignoré du monde, mais des souffrances que les hommes s’infligent les uns aux autres par manque de charité. C’est pourquoi les laïcs qui aspirent à répandre dans le monde incroyant la charité du Christ ne cherchent pas à prendre la place et le pouvoir des prêtres à l’intérieur de l’Église. S’ils veulent rester en lien étroit avec elle, c’est parce qu’elle est le canal par où l’Esprit du Christ, qui est identiquement son amour vivant, vient à eux et se répand par eux dans le monde.
                                               Joseph Moingt. Quel avenir pour le christianisme… ?
                                                           Conférence de Chartres, 14 février 2013


jeudi 2 mai 2013

…des ministères



Quand on nous dit que l’Eglise a des ministères, que c’est à partir d’eux que s’organise sa vie, bien. Mais aussitôt il faut se rappeler que ces ministères sont des dons du Saint-Esprit, pas du tout quelque chose de permanent, d’organisé. Ce qui nous conduit à inverser le mouvement biblique : nous établissons des postes de pasteur, ou bien des bénéfices de curé, d’évêque, etc., et ensuite nous garnissons ces postes avec des  personnes que nous jugeons adéquates. Mais c’est l’inverse du mouvement montré dans les  Epitres : Le Saint-Esprit donne à son Eglise des hommes qui ont des dons, de charité ou de parole ou d’enseignement, et l’Eglise doit alors leur faire une place, même si elle n’était pas prévue. Si, pendant un temps, le Saint-Esprit ne donne pas celui qui a l’esprit de prophétie, mais fournit celui qui a le don de faire des miracles, eh bien, cette Eglise doit changer de forme et d’habitudes !
Jacques Ellul « La subversion du christianisme », page 184 - Seuil, 1984