dimanche 26 septembre 2010

Au sujet des "Roms"...

Jacques nous a bien dit de ne pas confondre : Gens du Voyage, Roms, Tsiganes, et qui sais-je encore…Bernard de son côté nous l’a plusieurs fois rappelé…


Puisque sur ma commune, des gens en roulotte viennent parfois s’installer, j'ai décidé de faire un geste, je suis allé leur dire bonjour.


Je pourrais faire plus : les accueillir chez moi : j’ai un grand jardin avec l’eau courante pas loin, l’électricité…Ils pourraient même s’installer dans mon cellier et mon garage : l’homme n’est-il pas plus important que la voiture ? Mais j’ai peur d’être envahi, maintenant que je suis habitué à la vie solitaire.


J’ai donc, a minima, décidé d’aller leur dire bonjour.
« Ce n’est pas souvent que quelqu’un vient nous parler » me dit la dame la plus âgée, la maman, je suppose, entourée de ses petits et grands. Et la conversation s’engage sur leur passage ici. Ils y sont bien reçus, le propriétaire du terrain les laisse occuper son champ ; ils y restent quelques jours, le temps de faire le tour du village à proposer les paniers qu’ils fabriquent eux-mêmes. Je vois là des paquets d’osier.
Va la conversation, et à un moment, mon cœur me dit : « fais un geste ». Je leur propose : « Si vous passez près de chez moi je ne vous achèterai pas de paniers, mais je vous offrirai un café ». Adresse donnée et retenue, je les quitte, satisfait de ma B.A. ou content d’un geste qui ne m’a pas beaucoup coûté, et dédouané de faire plus…

Pesant tout cela dans ma conscience, je me dis : c’est déjà ça … les connaissant mieux, je verrai bien où l’Esprit me poussera !


Gilles Lacroix, Mont près Chambord,16.09.2010.

mardi 14 septembre 2010

Communauté et célébration de la cène

  • Les communautés sont nécessaires au développement des immenses possibilités spirituelles des hommes que l’Eglise n’a pas réussi à mettre en œuvre parce qu’elle a conçu sa mission comme la tutelle qu’on exerce sur des mineurs condamnés à le rester toute leur vie.


  • Dans la réunion de la communauté, vous verriez une participation plus active des laïcs ?


  • Ces communautés ne peuvent pas exister et se développer normalement sans le renouvellement de la Cène tel que Jésus l’a demandé à ses disciples et qu’il leur avait annoncé bien avant sa mort en leur promettant sa présence parmi eux «Quand 2 ou 3 seraient réunis en son nom ».


  • Les chrétiens se réuniraient entre eux et prendraient la responsabilité de renouveler la mémoire de Jésus ?


  • Exactement, mais cela ne pourrait pas être réalisé avant qu’ils n’aient été préparés très explicitement à cette nouvelle manière de concevoir leur vie religieuse, si contraire, non à l’esprit de l’Evangile, mais à ce qui s’est pratiqué dans les siècles chrétiens…Même dans nos villages, où le niveau de culture est moins élevé, il l’est suffisamment pour que cette préparation spirituelle soit possible et que la communauté des chrétiens trouve dans cette célébration de la Cène, ou plutôt dans la concélébration,-car c’est là un des rares progrès de notre temps- la source de sa réalité et l’agent de son rayonnement spirituel.

  • …Cette manière de concevoir l’Eglise n’est pas due à la pénurie de vocations sacerdotales. Jusqu’à présent l’Eglise a réservé le sacerdoce à une classe sociale relativement fermée…Cette société faite d’hommes d’Eglise, au départ sans nul doute particulièrement spirituels et inspirés par le désir de servir, a été organisée à l’écart des communautés locales…La pénurie du recrutement sacerdotal est sans doute la circonstance providentielle qui imposera ce changement.


  • Extrait de « Questions à…Réponses de…Marcel Légaut »
    p. 86 et 89 (Aubier éditeur 1977)

Accepter et se taire ?

  • Des historiens ou des clercs, généralement septuagénaires – ce qui signifie qu’ils ont connu et partagé les espérances de Vatican II – osent des analyses sévères mais pertinentes du marasme triomphaliste qui s’est emparé de notre Église, et ils manifestent des inquiétudes pour l’avenir que provoque son passéisme ; ils osent aussi poser des questions essentielles à l’autorité. Ils proposent parfois des voies nouvelles pour que l’évangélisation ne paraisse pas une simple opération de “propagande” et se préoccupe davantage d’annoncer Jésus-Christ que du bon fonctionnement de l’institution romaine (strict respect des dogmes, participation “active” aux dévotions, magnificence des rites, …). Il faut célébrer leur courage, car la délation haineuse a toujours été un sport à la mode dans l’Église, et il faut entourer et soutenir ces pasteurs et ces théologiens : ils ne sont pas si nombreux.
  • Logiquement, le problème ne devrait pas être de savoir si ce qu’ils disent est totalement conforme à ce qu’on a dit et répété avant, mais de savoir si ce qu’ils disent est vrai et authentiquement évangélique. La “Tradition” a bon dos pour entretenir des “vérités” d’un moment, parfois liées à un état des connaissances ou à une situation historique particulière, et les faire perdurer en dépit de leur caducité. Dans le domaine des sciences, par exemple, combien de temps a-t-il fallu pour que la terre tourne autour du soleil, ou que l’évolution soit admise 2 ? Combien de dogmes ont été proclamés dans un contexte politique pas forcément très “catholique”. Plus grave pour la “religion”, combien de siècles ont été nécessaires pour qu’on se rende compte et qu’on reconnaisse que le Dieu-Père annoncé par Jésus était un Dieu de tendresse et de pitié (ce que d’ailleurs affirmait déjà l’Ancien Testament) au lieu d’un père fouettard attendant le pécheur au tournant. Remarquons en passant que cette idole était bien utile pour garder les fidèles, et même les “sujets”, dans une obéissance passive aux différents pouvoirs qui s’exerçaient sur eux. Une Tradition vivante doit non pas “s’adapter” aux variations des civilisations, mais écouter les changements vitaux et, en tenant compte de ce qui doit rester intangible (Dieu seul est saint et il est l’Unique, par ex.), discerner ce qui est transitoire, lié à une culture donnée. Les mitres d’évêques rappellent furieusement les coiffures des prêtres juifs de l’antiquité ; elles ne sont peut-être pas indispensables pour annoncer Jésus-Christ.
  • Depuis quelques années, un certain nombre de catholiques souffrent de voir leur Église demeurée coupée du monde comme elle le fut effectivement longtemps, et plus encore de constater qu’elle a amorcé une restauration autoritaire sous prétexte de revenir aux “valeurs fondamentales”. Ces catholiques, pas forcément “progressistes” 3, ont des choses à dire sur la vie qu’ils tentent de mener au nom de l’Évangile. Toutes ne sont sans doute pas “valables”, certaines peuvent être même trop proches de certains modes de penser contemporains qui ne sont pas a priori évangéliques. Mais comment se fait-il que le “Saint-Père” puisse rester sourd aux prières d’une partie du peuple de Dieu, refusant tout débat autre que formel avec ce monde où l’on vit, lui et nous ? Cette partie “non-traditionaliste” de l’Église appartient pourtant à la “famille” et, dans une famille digne de ce nom, on s’écoute, on échange pour parvenir à un accord plus profond, pour converger “en avant” des certitudes des uns et des autres. Le temps du pater familias, dont les pouvoirs étaient eux aussi sacralisés (parmi lesquels : le droit de vie et de mort) et s’exerçaient sans partage sur sa “domus ”, serviteurs, enfants et femme compris, a été dépassé, au profit d’un père aimant et prêt à accueillir tous ses enfants, fussent-ils “prodigues”. Et les régimes de gouvernements totalitaires ne maintiennent une unité de façade que pour un temps, laissant après eux malheurs et déliquescence (pensons, par ex. à l’ex-Yougoslavie ou à certains pays africains).
  • Car les “catholiques-critiques”, comme il arrive qu’on les appelle, sont (encore) des “fidèles”. D’autres sont partis et l’on doit regretter la perte de ces frères et sœurs qui étaient parfois des forces vives de l’Église. Le “Bon Pasteur” ne laisse-t-il pas ses 99 brebis pour se porter au secours de la “brebis perdue” ; il ne fait pas une encyclique pour condamner ses errances, il va directement la chercher par monts et par vaux, et se réjouit lorsqu'il l’a retrouvée. S’il vous plait, “Pères”, sachez percevoir, sous des critiques qui peuvent vous paraître injustes, qui peuvent l’être à la rigueur, une réaction d’amour déçu, amour de l’Église – non d’une organisation humaine pyramidale, mais celui du “peuple de Dieu” – et amour de Dieu-même, dont ils refusent les caricatures dessinées à l’aide de dogmes figés (que sait-on et que peut-on exprimer de la vérité de Dieu ?), de croyances et de rites parfois proches de superstitions.
  • Albert OLIVIER
    Garrigues et sentiers –Août 2010