dimanche 14 décembre 2014

Assemblée générale de Parvis


L'Assemblée Générale de Parvis s’est tenue à Rezé, près de Nantes, les 28-29-30 novembre 2014. 
CER 41  y était représenté par Gilles Lacroix (avec pouvoirs) et Guy de Longeaux (observateur)
 123 participants y représentaient 28 associations (sur 41 adhérentes à Parvis). Le thème général était : « Qui est mon prochain dans une société multiculturelle ? »
L’évêque de Nantes avait envoyé un message à l’AG lui souhaitant « une réflexion fructueuse ».

Évènements soulignés :
  • Parvis a adhéré à l’IMWAC (International Movement We Are Church)
  • l’excommunication de Martha Heizer, présidente de l’IMWAC et de son mari Gert , Autrichiens, accusés d’avoir fait (d’ailleurs depuis longtemps) des eucharisties sans prêtres.
  • initiatives pour une paix juste en Palestine (Parvis a proposé un groupe de travail au Conseil de l’Europe : co-développement, droit de l’homme, immigration…)
  • synode sur la famille : document de synthèse envoyé
  • voyage récent en Algérie d’une trentaine de personnes de Parvis qui ont rencontré des communautés chrétiennes et musulmanes, ainsi que des universités (où les femmes sont majoritaires)
Orientations pour 2015 :
  • l’international : atelier Afrique avec Hugo Castelli, participation à « Concile 50 », réunion à Rome en novembre 2015 d’environ 200 représentants d’associations telles que Parvis pour le 50ème anniversaire du Concile
  • les jeunes : accompagnement de l’équipe dirigeante de la JEC voulant relancer ce mouvement et adhérer à Parvis. Marie Damiens, de l’équipe dirigeante de la JEC, était présente. Elle est du Loir-et-Cher.
  • la revue Parvis recherche des abonnés et pourrait reprendre 2 revues qui disparaissent : Jonas et Jésus, cahiers de libre avenir. Envoyer à la revue des compte-rendu d’activité des associations ; envoyer des contributions (une « relecture théologique des actions que l’on fait localement »)
  • La cotisation est fixée pour 2015 à 2,50 € x nombre d’adhérents de chaque association

mercredi 10 décembre 2014

La Cène : ni trop, ni trop peu.


D'après un texte de André Gounelle  ainsi intitulé
présenté et commenté par Alain Dupuis.


Au moment du Concile Vatican II, Karl Barth  écrivait au Père Yves Congar : "Comment pouvez-vous accorder une telle importance à l'eucharistie, alors que dans le Nouveau Testament elle occupe si peu de place ?" Deux remarques montrent la pertinence de cette question de Barth, qui, au premier abord, peut étonner.
  1. Si on compare les divers récits du jeudi saint que l'on trouve dans le Nouveau Testament (il y en a quatre), l'ordre de répétition "faites ceci en mémoire de moi" qui institue le rite, n'est rapporté ou raconté ni par Matthieu, ni par Marc, ni par les manuscrits les plus anciens de Luc, et encore moins par Jean qui ne dit pas un mot d'un partage et d'une distribution de pain et de vin au cours du dernier repas de Jésus avec ses disciples avant la crucifixion (à la place, il relate le lavement des pieds). Seul Paul, dans la première épître aux Corinthiens, insiste sur cet ordre. Ce constat amène à douter de l'historicité de cet ordre de répétition attribué à Jésus. En tout cas, il indique qu'une partie des écrivains canoniques et de l'Église primitive n'a pas considéré comme très importante la célébration de la Cène. Ils n'ont pas jugé qu'elle faisait nécessairement partie du message qu'ils avaient à transmettre. Ce silence ne doit pas nous détourner de partager le pain et le vin ; il ne disqualifie pas ni n'autorise à écarter le récit de Paul. Par contre, il devrait nous empêcher d'accorder une valeur excessive à la Cène ; il fonctionne un peu comme un garde-fou contre une hypertrophie sacramentelle.
  2. L'un des problèmes que rencontre l'interprétation du Nouveau Testament dans ce domaine tient à la difficulté de distinguer la Cène des repas communautaires, d'abord du groupe des disciples, ensuite de l'Église primitive. Peut-être d'ailleurs, à l'origine se confondaient-ils… ; ce qu'écrit Paul aux Corinthiens le suggère. Quoi qu'il en soit, ce n'est plus du tout le cas aujourd'hui. Nos Cènes et nos eucharisties sont des rites, des liturgies, qui n'évoquent que de manière fugitive et lointaine tout ce qui se passe et s'échange autour d'une table amicale ou familiale. Certainement nos Églises seraient plus proches des pratiques des premiers chrétiens en organisant un repas paroissial après chaque culte plutôt qu'une Cène dominicale. Chaque fois qu'on mentionne dans le Nouveau Testament un repas avec bénédiction et fraction de pain, ce qui correspond d'ailleurs aux coutumes de la piété juive, il ne s'agit pas forcément d'une Cène telle que nous l'entendons, d'un moment cultuel spécial, d'un sacrement.
    Il me semble donc que le Nouveau Testament conforte cette volonté de n'en faire ni trop, ni trop peu. L'être humain a besoin de rites, de cérémonies. On ne doit pas l'en priver, mais toujours lui rappeler leur caractère secondaire, accessoire, et ne pas faire d'un moyen pédagogique un acte magique. Je ne cache pas combien me mettent mal à l'aise certains propos que j'entends parfois dans les textes introductifs à la Cène. Quand on me dit que le pain et le vin deviennent ou portent le corps du Christ, quand on m'affirme qu'ils répètent le sacrifice du Christ, il m'arrive de m'en abstenir, par protestation, et je ne suis pas le seul. Par contre, quand on en parle comme d'un signe qui me rappelle la présence et l'action du Christ dans ma vie, qui évoque ce qu'il a fait autrefois, ce qu'il continue de faire aujourd'hui et ce qu'il fera demain, alors je la prends avec joie et avec profit, car elle prend alors son juste sens, et qu'on a su n'en faire ni trop ni trop peu.

André Gounelle

(Tous les propos qui sont de la plume même de l'auteur sont en italique).
      André Gounelle, protestant d'origine cévenole, occupa divers postes d'aumônerie et pastoraux, avant d'être nommé professeur à la Faculté de Théologie Protestante de Montpellier, jusqu'à sa retraite. Parmi ses nombreux ouvrages, on recommande la lecture de son " Parler du Christ", paru chez Van Dieren (Paris) en 2003.
      Karl Barth : théologien protestant (1886 – 1968), incontournable dans l'histoire de la théologie chrétienne du 20ème siècle. Il fut observateur au Concile Vatican II.
     Yves Congar : théologien catholique français, dominicain, dont l'œuvre courageuse, rigoureuse et novatrice, touchant en particulier l'Ecclésiologie, marqua profondément l'avant-concile et le concile Vatican II où il fut expert. Très malade et très éprouvé par des persécutions vaticanes, il fut finalement réhabilité et fait cardinal peu avant sa mort.

mercredi 26 novembre 2014

Hors des sentiers battus...



Les éditions Temps Présent *viennent de publier un nouveau livre « JESUS UNE VIE HORS DES SENTIERS BATTUS » de notre ami Guy de Longeaux. Une passionnante enquête qui atténue l’image du magicien  faiseur de miracles et le resitue dans son époque, en s’appuyant sur les travaux de théologiens et d’historiens. Dans la lignée de Jacques Duquesne  qui a écrit la préface  il nous raconte le destin extraordinaire de cet homme ordinaire. Il se livre aussi à une analyse des forces et des faiblesses de l’Eglise d’aujourd’hui  et appelle à retrouver les forces de l’ESPRIT .

*Temps Présent est par ailleurs co-éditeur de la revue du « Réseau du Parvis », fédération qui regroupe une cinquantaine d’associations ( dont "Chrétiens  en Recherche 41" ) de catholiques  réformateurs et de protestants libéraux,

jeudi 13 novembre 2014

Quitter Nicée et revenir à Nazareth.


André Costabel
LPC n° 11 / 2010
Les religions chrétiennes sont frappées d'un doute sur leur avenir dans l'évolution du monde. C'est pourquoi surgit cette question : Est-il opportun de penser qu'un retour aux sources soit de nature à effacer ce doute ? Une étude d'Etienne Verougstraete, il y a une trentaine d'années, traitait de l'évolution du Christianisme au cours des trois premiers siècles. Elle montrait de façon claire comment, au concile de Nicée, l'aboutissement avait été de faire du fils de Dieu, Le Dieu, le fils de la Trinité divine.
Tout était parti du Nazaréen avec son message qui bousculait sur bien des points les lois du Judaïsme. Comme le décrit J.M.Muller dans son livre Désarmer les Dieux, Jésus a concrétisé les prophéties d'Isaïe et de Michée qui, en contradiction avec la majeure partie du Premier Testament, prévoyaient le temps de la fraternité universelle, un temps désiré par Dieu où le fer des épées servirait uniquement à cultiver la terre. Au jardin des oliviers, le symbole de cette concrétisation est le désarmement de Pierre par Jésus.
Pour soulager et éteindre les souffrances de l'humanité, il fallait proscrire le désir de vengeance, le dogme du mal rendu contre le mal. C'est ainsi que le bassin méditerranéen fut secoué par un vaste mouvement issu de l'enseignement évangélique, rassemblant tous ceux qui souffraient de la brutalité de l'Empire romain. L'attitude des martyrs symbolise cette adhésion massive.
Mais Rome veillait à conserver l'unité de l'Empire. Les chrétiens, de leur côté, se dispersèrent dans des discussions de plus en plus violentes pour définir qui était Jésus. Constantin, devenu empereur, soucieux d'assurer la pérennité de Rome, annexa le Christianisme et, pour être sûr de l'unité politique, légiféra à travers différents conciles dont Nicée sur les fondements de la religion instrument du pouvoir. Ses successeurs, Théodose en particulier, allèrent encore plus loin en utilisant la répression de l'Etat pour obtenir l'adhésion des peuples aux conceptions de la religion émises par les conciles.
Les dogmes ont été proclamés ainsi que l'obligation absolue d'y adhérer sous peine de sanctions. Le magnifique élan des premiers siècles vers le règne de l'amour du prochain fut rompu au profit de structures organisées en vue d'assurer la possession d'une vérité indiscutable. Mais cette dernière est de plus en plus en porte-à-faux par rapport aux connaissances acquises, et le mal continue à secouer le monde.
Revenir à Nazareth, c'est faire retour vers le Christ authentique, celui de l'histoire. Il ne s'agit pas de tout retenir de la période de Jésus au contexte totalement différent du nôtre, où régnait l'illusion que l'homme était le centre d'intérêt du monde et le centre d'intérêt de Dieu. Il s'agit simplement de redonner la place essentielle aux valeurs qui étaient la base de l'enseignement de Jésus : l'amour, le refus de toute justification de la violence, l'effort permanent vers la perfection. C'était de ces valeurs qu'était née l'espérance d'un monde meilleur qui avait enflammé l'enthousiasme des premiers chrétiens.
L'affirmation par le concile de Nicée de la toute-puissance de Dieu le Fils a permis à des forces d'intolérance d'assombrir l'histoire. En quittant Nicée et ses dogmes imposés, une nouvelle espérance est possible touchant à la fraternité des peuples, à la convergence des religions du monde, à une nouvelle approche dans la façon de penser Dieu et Jésus.
Quitter Nicée c'est semer les germes d'un puissant regain de vie du Christianisme.
André Costabel





mercredi 5 novembre 2014

"La foi du charbonnier"

Voici longtemps que je pense que Dieu, qui nous a créées intelligents, ne peut pas nous en vouloir, au contraire, de nous poser bien des questions. J’ai jadis osé interroger le site de l’Église Catholique en France sur deux ou 3 points que je trouvais plutôt curieux dans les évangiles (anachronisme, incohérence des paroles/faits) et j’ai alors été dirigé avec profit sur les Cahiers Evangile n° 45 dont vous trouverez là la présentation : http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/fichelivre.asp?n_liv_cerf=7022 . En un mot, il y a bien des choses à trier et reconsidérer. Ce que dit Joseph Moingt de la Résurrection n’est pas très éloigné de ce qu’en écrit St Jean (1 Jn 3,2) sur notre propre future résurrection : « dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement ». Voici belle lurette que ce que j’en comprends, c’est que les apôtres ont eu l’évidence que Jésus était toujours vivant et présent, mais pas comme un corps normal : il est là, puis il disparaît, ou se fait reconnaître sans qu’on l’ait d’abord reconnu (même Marie de Magdala qui l’aimait pourtant de près « Rabbouni »). Mon cœur de foi ? « Dieu est Amour » et « Aimez-vous les uns les autres » (...même ici) ! Ce qu’est Dieu, personne n’en « sait » strictement rien, mais on le « croit ». Et on a, selon l’expression consacrée, de bonnes raisons de le « croire ». Quant à ce qui se passera après notre mort, on n’en « sait » pas plus, mais c’est précisément l’objet de notre Espérance. Paix et joie à tous les (futurs) saints que nous serons au Ciel par les mérites de Jésus-Christ.
"PapiSenior" - 31/10/2014 - forum "la vie.fr"

mardi 4 novembre 2014

Méditation sur Philippiens, 2,5-11.


Amis, je vous livre ma méditation de ce matin sur le texte que nous propose la liturgie de ce mardi.

La phrase à laquelle je me suis particulièrement attaché : 
 « Le Christ qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. »
C’est autour du mot « condition » que j’ai réfléchi et demandé lumière.
Elle m’a été donnée par Roselyne Dupont-Roc qui, l’an passé, avait laissé un mot à ce sujet dans « Prions en Eglise », et par Joseph Moingt dans son livre « L’homme qui venait de Dieu » p.149.
R.Dupont-Roc remarque que le mot « condition » est la traduction du mot grec « morphè » : « forme ». Il est plastique et peut exprimer aussi bien la simple apparence que l’expression de l’être-même. »
J. Moingt explique ainsi la « condition » de vie de Jésus, sa « nature » par rapport à celle de Dieu: « De nature semblable et non la même, elle peut être mise en condition de diminution ou de détérioration car elle ne possède pas l’absolue immuabilité de la pure nature incréée. »
Ainsi avons-nous à nous demander qui est Jésus…
Comme ce Jésus est proche de nous, et comme il nous rapproche de celui qu’il nous demande d’appeler « Père », qu’il nomme lui-même : ABBA : (Papa).
Voilà à quoi sert la méditation : mieux comprendre qui je suis en comprenant mieux qui est Jésus, ce qui me fait être autrement avec ceux qui sont semblables à moi.


Gilles Lacroix 04.11.2014.

dimanche 19 octobre 2014

Un dynamiseur forain



Il est bien évident que selon son âge, son expérience, son cheminement spirituel et sa connaissance de l’histoire de l’ Eglise, ce que l’on attend d’un prêtre évolue et se finalise, du fait que nos besoins changent et s’affermissent. Le baptisé découvrant sa nouvelle liberté de paroles, dominé par l’ institution Eglise et interdit pendant des siècles d’avis et d’ambition, veut en définitive être accompagné dans son cheminement et son engagement.

Mes expériences m’ont permis de rencontrer, agir et surtout découvrir Jésus-Christ, celui qui est différent de mon « caté » d’il y a 50 ans, et en primordial complément, de prier « grâce » à des prêtres comme Bernard, Jean-Pierre et Charles. Ils ont à cette heure plus de 80 ans chacun.

Si ma foi en Dieu, avec son lot de mystères mais aussi de doutes, se trouve un peu celle du « charbonnier », elle se confirme du fait que je me suis de plus en plus libéré de rites et d’une religiosité contraignants.

Si mes propos relevant de la théologie sont imprécis, voire emprunts de fantaisie, je reconnais au prêtre le droit de me remettre dans un axe plus vrai et plus humble.
A la lecture occasionnelle de l’ Evangile, je souhaite que le prêtre, considéré comme un conseiller spirituel, théoriquement un sachant, me fasse percevoir le message donné aux hommes.
De sa formation spécifique et surtout de son engagement au service des hommes en recherche de Vérité et de Sens à leur vie, j’ accepte que le prêtre soit un soutien, un guide, un dynamiseur mais en aucun cas celui d’un directeur, d’un chef, d’un prescripteur, en me rappelant à l’ordre et à mes obligations.

Je désire que lors d’une célébration, soit rappelé que c’est l’ensemble des présents qui célèbrent, commémorent et prient, que le prêtre est celui qui préside, comme un « chef » de famille offre, assiste, initie et participe autour d’une table lors d’un repas, sans dirigisme, sans reproches ou « gros yeux » si la parole est vivante, multiple, réfléchie et spontanée.

De l’expression « doyen forain », découverte tout récemment, j’en apprécie tous les sens : le sage qui apporte un plus spirituel à la communauté et celui qui se déplace, visite, rencontre ceux et celles qui désirent aller toujours mieux vers les autres.


Antoine Boudisseau



jeudi 16 octobre 2014

Quels prêtres pour demain ?

C’est la question que se posent les chrétiens engagés dans différentes fonctions dans une paroisse le jour où leur curé se retire: ils craignent qu’on leur impose un prêtre aux idées étroites ou un étranger de culture différente, ou bien que la paroisse soit agglomérée à un plus grand ensemble sous la coupe d’un prêtre assurant la messe de plus en plus loin des communautés locales.
Tout dépend de ce que l’on attend du prêtre. Si on pense que l’essentiel, c’est son pouvoir de dire la messe, alors on est prêt à accepter n’importe qui, au risque qu’il récuse les diverses initiatives et fonctions assumées par des laïcs pour revenir à des façons de faire du passé – comme cela s’est vu ici ou là –, au risque aussi de voir se déliter les petits groupes animant les communautés locales si toutes les activités sont centralisées dans le cadre d’un grand secteur pastoral.
La question revient à celle-ci : la vie chrétienne consiste-t-elle essentiellement à aller à la messe, aussi loin qu’il soit nécessaire d’aller la chercher ? Ou bien consiste-t-elle avant tout à se nourrir de l’Évangile pour en vivre, ce qui n’est pas une démarche solitaire mais communautaire ?
Si on pense que la priorité, c’est de s’imprégner de l’Évangile dans des échanges entre chrétiens d’une communauté locale, et si on pense qu’un laïc peut animer une telle communauté, alors on n’attendra pas que tout dépende du prêtre et on célèbrera le dimanche localement sans que ce soit une messe: ce  sera une célébration participative ayant une signification eucharistique dans la mesure où l’on évoque le don que le Christ a fait de sa vie et que l’on se dispose à faire comme lui, de notre vie, un don aux autres.
Ce que l’on attendra alors du prêtre, c’est qu’il soit un itinérant, un visiteur des communautés locales, pour les enseigner, leur apporter une animation spirituelle, et représenter l’évêque auprès d’elles, les reliant ainsi à l’Église universelle, présidant, lorsqu’il vient, une messe selon la liturgie officielle de l’Église.
Vraiment, de la conception que l’on a du rôle du prêtre, dépend la vie des communautés locales qui sont le terreau où peut s’enraciner l’Évangile en impliquant tous les chrétiens au plus près de leurs lieux de vie. Ou bien le prêtre est le dispensateur d’une messe qu’il faut aller chercher là où il est, de plus en plus loin, aux dépens des communautés locales qui se délitent, ou bien le prêtre est un animateur spirituel qui vient visiter des communautés locales menant leur vie chrétienne de façon autonome et qui les aide à vivre authentiquement l’Évangile.
Pour donner des bases de réflexion aux chrétiens engagés dans les paroisses et risquant de se trouver devant la question du remplacement de leur curé, on pourrait faire venir une personnalité compétente ayant des idées ouvertes vers l’avenir. Il y aurait, par exemple, un exposé suivi d’échanges par petits groupes et reprise finale par le conférencier.
Guy de Longeaux

Méditation sur Ephésiens 1,4

La liturgie de ce jour nous propose ce texte de l’apôtre Paul :
« en Christ, Dieu le Père nous a choisis avant la création du Monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard. »
C’est ce « avant la création du monde » qui m’a attiré l’esprit. Dèjà, souvent, Paul nous a, à la suite de Jésus, dit que nous aurions, que nous avions la vie éternelle…La vie éternelle c’est autre chose que l’immortalité, pour autant que les mots aient un sens.
Si « immortel » signifie : qui n’a pas de mort, « éternel » signifie : qui n’a ni fin ni début ; ainsi proclamons-nous à la fin de notre Credo que nous croyons que notre vie est éternelle.
Le texte aux Ephésiens irait donc dans ce sens. Nous sommes dans la pensée de Dieu, donc déjà dans la vie, déjà « existant » avant la création du Monde. Est-ce que cela ne viendrait pas éclairer le texte de la Création, dans la Genèse ? Ce texte nous dit que Dieu prit du limon de la terre pour en faire le corps de l’humain puis lui souffla un souffle de vie. Ce souffle de vie, : « Vous êtes Dieux et les Fils du Très-Haut ».
Voilà qui va nous faire « gamberger », et sur ce qui je suis…et sur qui est mon voisin, même mon ennemi ! ?
Gilles Lacroix

vendredi 23 mai 2014

Un billet de Gilles

Méditation sur Jean : 15,12-17, proposée ce 23.05.014.
Les distractions au cours d’une méditation, notre pape François, dans la célèbre interview donnée aux revues jésuites, les reconnaît et semble y voir, pourquoi pas, des aspects positifs.
Ce matin, j’ai été arrêté dans ma méditation sur le texte d’évangile proposé, par la proximité de trois mots : commander, esclave et ami.
« Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande »
« Je ne vous appelle pas esclaves mais amis ».
Je suis allé voir dans mon gros « Bailly » le sens du mot « entellomai » traduit par « je commande » ou « je prescris ». Le premier sens donné par le dictionnaire est : « je recommande », puis vient : « je commande ».
Voilà, voilà, mes frères ! nous n’allons pas assez aux origines, au sources. Je comprends maintenant que Jésus m’appelle « ami » et pas « serviteur » : il ne me commande pas, il me recommande< ;
Là, le « re » n’est pas réitération du verbe commander mais adoucissement de sens. J’ai fermé mon Bailly , soulagé dans mon esprit et épanoui dans mon coeur.
Je vous recommande l’exercice du dictionnaire, pour la méditation.

Gilles Lacroix.

jeudi 1 mai 2014

Rites et spiritualité


Les rites sacrés n’étouffent-ils pas la spiritualité en empêchant les relations interpersonnelles alors que celles-ci sont le milieu  de vie de la spiritualité ? Une chose est le recueillement en commun lorsqu’il exprime un accord des personnes donnant une même signification à ce qu’elles accomplissent, autre chose est l’isolement de chacune dans l’obéissance à des injonctions sacrées.
Voyez ce chrétien se rendant à la messe à peu près chaque dimanche. Il ne lui convient pas de se soumettre à des rites qui s’imposeraient à lui au nom de leur caractère sacré. Pendant les cantiques il reste muet, il ne baisse pas la tête lors de la « consécration », il voit des enfants de chœur (ou « servants d’autel ») qui se tiennent les mains jointes, et ça le gêne, il voit certaines personnes s’avancer dans une attitude pieuse pour la communion et faire une génuflexion avant de recevoir l’hostie sur la langue, et ça le gêne. Il a l’impression que ces personnes s’aliènent dans des postures  convenues et des gestes obligés, croyant se mettre ainsi en relation avec Dieu. Et, ce faisant, ces personnes s’isolent les unes des autres, s’enfermant chacune dans son propre jeu, dans son petit théâtre. Elles croient peut-être vivre ces rites en commun avec les autres, mais c’est largement illusoire dans la mesure où les autres n’entrent peut-être pas dans le jeu parce qu’ils ne perçoivent pas ces rites de la même façon. Je pense à ce prêtre disant que, lorsqu’il concélèbre, il pense qu’il ne donne sans doute pas du tout la même signification que son voisin aux paroles qu’ils prononcent ensemble.
Selon Jésus, parlant à la Samaritaine, Dieu n’est pas à chercher dans un lieu consacré, ni en accomplissant des gestes rituels, mais « en esprit » — dans la conscience —  et « en vérité » — dans la vérité de la vie, qui se fait dans les échanges entre les  personnes.
Un théologien nous réconcilie avec le sacré tout en en changeant le sens lorsqu’il écrit que ce qui est sacré, ce sont les relations entre personnes :
« Le rite chrétien sacralise avant tout la relation aux autres. L’espace sacré, ce n’est pas le temple matériel. L’espace sacré, nous le lisons notamment chez saint Paul, c’est notre corps, notre corps individuel, et c’est le corps social que nous formons avec les autres…, celui que Paul appelle le corps du Christ. Et qu’est-ce que le corps du Christ ? Eh bien, c’est l’ensemble des chrétiens qui s’unissent les uns aux autres en vue de rayonner la fraternité autour d’eux »[1]
Malheureusement,  le chrétien dont on a parlé plus haut s’ennuie à la messe. Un ministre du culte, dûment consacré pour cette fonction, habillé d’ornements liturgiques, lit des textes vénérables en forme de prières lourdes de considérations théologiques interminables qui ont beau être en français — et non plus en latin, comme avant le concile Vatican II — et qui ont beau n’être pas toujours exactement les mêmes d’un dimanche à l’autre,  sont comme le bruit d’un fleuve qui s’écoule sans autre répit qu’un cantique interrompant de temps en temps la cascade fastidieuse. Et, pendant ce temps, les voisins sont là sans que l’on puisse rompre le silence avec eux, ce silence bruyant  qui occupe les trois quarts de la durée de la messe.
On est loin de la convivialité et de la profondeur des échanges qu’elle permettait lors de la Cène de Jésus avec ses disciples la veille de sa mort.
Guy de Longeaux




[1] Faire bouger l’Église catholique,  JosephMoingt - éd. Desclée de Brouwer, 2013,  pp. 100-101

Penser et croire en toute liberté

« Penser et croire en toute liberté ». Il ne s’agit pas seulement ainsi de défendre la liberté de la foi et de la conscience, mais aussi et surtout la volonté d’unir la pensée et la foi. […] La foi ne saurait correspondre à une sorte de mépris de la réflexion. Certes, il ne s’agit pas de prouver l’existence de Dieu, mais bien plutôt de prêcher un Dieu crédible. Il n’est pas absurde de croire en Dieu. […] Bien des formulations traditionnelles constituent aussi un repoussoir pour des hommes et des femmes désireux d’accorder leur foi avec l’apport des Lumières en tenant compte de la raison critique et des contextes culturels et scientifiques de l’homme moderne. […] La foi dit oui en dépit de tout ce qui nous pousse à dire non. Elle est jour après jour un doute à la fois légitime et surmonté.

Comment ne pas partager avec nos frères protestants libéraux cette devise due à Laurent Gagnebin ? (site Evangile et Liberté)

dimanche 27 avril 2014

Le pape Jean-Paul II canonisé…

 ... malgré quelques réserves.
Extrair d’un article publié par Associated Press le vendredi 25 avril 2014 .
 - Le pape Jean-Paul II fut l’un des principaux artisans de l'effondrement du communisme en Europe de l'Est. Ses nombreux voyages à l'étranger et sa façon de rappeler les enseignements de l'Église ont grandement inspiré une nouvelle génération de catholiques à l'aube du XXIe siècle.
Mais son pontificat n'est pas sans tache. Le scandale des agressions sexuelles commises par des hommes d'Église aura terni le règne de 26 ans de Jean-Paul II, qui sera canonisé dimanche à Rome.
Le pape et ses proches conseillers n'ont commencé à saisir la gravité du problème qu'à la fin de son pontificat, même si les évêques américains les avaient priés de trouver une façon d'exclure les prêtres pédophiles dès la fin des années 1980.
Jean-Paul II a vu trop de prêtres faussement accusés de crimes imaginaires sous les régimes nazis et communistes pour ne pas se méfier des accusations portées contre les religieux pédophiles. Le déclin du clergé après les turbulentes années 1960 l'a sans doute influencé: il ne voulait pas perdre les trop peu nombreux prêtres qui restaient encore fidèles au sacerdoce.
L'actuel pape François a hérité du pire cafouillage de Jean-Paul II en matière d'agressions sexuelles: la congrégation de la Légion du Christ, considérée comme un modèle par le souverain pontife polonais. François, qui canonise Jean-Paul II ce dimanche, doit maintenant décider s'il ira de l'avant avec la réforme vaticane imposée après que la Légion eut reconnu que son fondateur avait agressé des séminaristes et était le père de trois enfants.
Mais l'aveu de la Légion à propos de la double vie de Marcial Maciel n'était pas une révélation pour le Vatican. Des documents provenant des archives vaticanes démontrent que plusieurs papes — dont Jean XXIII, qui sera lui aussi canonisé dimanche — n'ont pas tenu compte des affirmations crédibles voulant que Maciel était un escroc, un drogué, un pédophile et un fraudeur…/…

…/…Robert Ghal, un théologien à l'Université pontificale de la Sainte-Croix, à Rome, estime qu'il aurait été dans l'intérêt de l'Église de mener une enquête exhaustive sur ce scandale, y compris dans les «recoins du Vatican» où l'influence des anciens appuis de Maciel se fait toujours sentir.
«Jean-Paul II n'aurait jamais laissé se poursuivre les agressions sexuelles », estime-t-il. « Celui qui pouvait regarder les dictateurs dans les yeux n'aurait jamais abdiqué ses responsabilités de traduire en justice ceux qui ont commis des agressions sexuelles ou morales. L'histoire demande de la clarté. Le moment est venu pour cela.»

jeudi 24 avril 2014

Le père dominicain Maurice Barth est très récemment décédé


 


C'était - entre autres - un spécialiste de Amérique latine , très attaché à Mgr Oscar  Romero ( l'évêque assassiné en pleine messe par des tueurs protégés par le gouvernement d'alors ).
En juin 2013, il a publié un livre assez pessimiste "Où va mon Eglise ? Réflexions crépusculaires" dans la collection "Chemins de traverse".

Extraits des dernières pages :                                                                                        

Tous les silencieux ont perdu espoir que le système puisse bouger un jour, ou ont peur que leur foi soit ébranlée. En effet, l’Évangile a tellement été alourdi par l’énorme travail dogmatique et ecclésial que la foi a fini par se confondre avec le système qui le transmet. Au point que si on critique l’interprétation du message évangélique par la tradition ecclésiale, on a l’impression de toucher le cœur de la foi… La foi est devenue si étroitement liée à ce qu’en dit l’institution qu’on ne peut critiquer celle-ci sans toucher à celle-là.

L’assemblée des croyants – l’ecclésia – s’est réduite à une institution qui, au cours des siècles, a transformé l’annonce de la foi en défense de la foi, qui est finalement devenue une autodéfense tout court. L’institution Église ne semble pas ressentir la nécessité de changer. …

Post scriptum :

Ce qui précède avait été rédigé en 2012, et rien ne doit être modifié, mais je voudrais ajouter ce qui suit : en mars 2013 il y a eu au Vatican l’élection du pape François, qui pourrait faire repartir l’espérance, car il s’est posé d’abord comme pasteur, il a débloqué le dossier de la béatification de Mgr Oscar Romero et il a émis quelques doutes sur la légitimité de la banque du Vatican ; ces trois interventions sont symboliquement importantes.


L’avenir nous dira si le pape François pourra alimenter cet espoir de façon crédible.

vendredi 4 avril 2014

Pape François : le philosophe qui influence son pontificat

Le programme du pontificat de François, qui met l’accent sur la pratique de l’Evangile, concorde avec la pensée du philosophe uruguayen Alberto Methol Ferré, pour qui cette pratique est la meilleure réponse à l’idéologie aujourd’hui dominante.



© DR

Elisabeth de Baudoüin
3/04/2014

« Le Pape et le philosophe ». Ce livre interview paru en 2007, qui vient d’être réédité en Argentine et édité pour la première fois en Italie, permet de mieux comprendre la pensée du pape François et son jugement sur le monde d’aujourd’hui. C’est ce que rapporte le journaliste vaticaniste italien Sandro magister.

L’auteur de cet ouvrage, l’uruguayen Alberto Methol Ferré, décédé en 2009 à l’âge de 80 ans, comptait parmi les amis du  cardinal Bergoglio. Il rendait souvent visite à ce dernier, depuis Montevideo, où il vivait. Quand le livre parut, l’archevêque de Buenos Aires en fit une présentation, soulignant sa « profondeur métaphysique ». Bergoglio, qui parlait de Methol Ferré comme d’un « génial penseur », considérait qu’il avait mis à nu la nouvelle idéologie dominante : « l’athéisme libertin » ou « hédoniste », explique Sandro Magister.

Qu’est-ce que l’athéisme libertin ? Une forme de pensée où Dieu n’est pas nommé, et où l’idée que l’existence humaine est destinée au plaisir a remplacé le messianisme d’inspiration marxiste (celui-ci ayant périclité - peu ou prou - avec la chute du communisme au siècle dernier).

Bergoglio en a parlé comme d’un « théisme nébulisé ou diffus, sans incarnation historique, créateur de l'œcuménisme maçonnique, dans le meilleur des cas ». Pour Methol Ferré, derrière cette pensée unique et totalitaire, se cache un besoin caché de beauté.

Selon ce philosophe, l’Eglise est la seule instance capable de lutter contre cette nouvelle pensée dominante qui, selon Bergoglio, « constitue l’atmosphère du temps où nous vivons, le nouvel opium du peuple ». A son avis, il ne s’agit pas de s’y opposer par la dialectique, et encore moins par des interdits ou des règles abstraites. Cette pensée étant moins une idéologie qu’une pratique, c’est une – autre – pratique qu’il faut en effet lui opposer. Celle de l’Evangile, « intellectuellement bien équipée », parait la mieux à même de l’affronter.

Mettre l’Evangile en pratique au quotidien : c’est exactement ce que François appelle inlassablement à faire, que ce soit le matin à Sainte Marthe, dans ses interventions Place Saint Pierre, plus largement dans toutes ses rencontres avec le Peuple de Dieu. En mettant ainsi l’accent sur le « vécu » et en proposant les valeurs de l’Evangile comme un code de bonheur, capable de soigner les cœurs blessés et nourrir les âmes affamées, il propose une vraie alternative à la culture hédoniste dominante. L’Eglise, dont le pape boit le lait depuis sa plus tendre enfance, n’a pas attendu le « génial penseur » pour appeler à pratiquer l’Evangile. Ceci dit, la pensée de Ferré n’est peut-être pas tout à fait étrangère au programme du pontificat de François.
from "Aleteia"

dimanche 9 mars 2014

CHERCHEZ… ET VOUS TROUVEREZ (MT7,7)


Nous savons qu’à l’aube de l’humanité, l’homme très vite se pose des questions par rapport aux forces naturelles qu’il ne peut contrôler. Il croit qu’il y a une force secrète derrière chaque chose qui est bienveillante quand elle donne et malveillante quand elle prend. Cette force secrète, il va l’appeler dieu, le dieu de l’eau, le dieu de la terre… Mais ce dieu peut être la pire des choses quand il envoie une tornade ou un incendie et la meilleure des choses quand il envoie une pluie fertilisante ou un feu qui réchauffe. Il faut donc s’attacher les dieux pour qu’ils soient favorables aux hommes. Pour cela, il faut les connaître, les nommer, les situer et donc leur donner une histoire et un lieu de vie. La plupart de ces forces naturelles viennent des cieux, qui sont inaccessibles à l’homme, c’est donc là qu’habitent les dieux, pense-t-il. Quand à leur histoire, il s’inspirera tout simplement de sa propre histoire pour écrire celle des dieux. C’est ainsi que l’homme donne aux dieux ses qualités et ses défauts, mais à la super puissance. A ceux-ci rien n’est impossible, ni dans le don, ni dans la vengeance. Il faut donc vivre en harmonie avec eux, et pour cela, il vaut mieux ne pas attendre leur intervention, mais infléchir leur volonté. C’est ainsi que l’homme créera des rites pour parler aux dieux et des sanctuaires pour officier. Il invente les incantations et les prières, les sacrifices allant de l’offrande du végétal, en passant par le sacrifice animal pour arriver au sacrifice humain. C’est que le dieu finira toujours par répondre en envoyant enfin la pluie, la paix… tout finit toujours par arriver, mais parfois cela dure et c’est pourquoi l’homme donnera chaque fois aux dieux quelque chose qui lui est de plus en plus cher jusqu’au moment où il sera exaucé.
Le judaïsme à travers le personnage d’Abraham choisira de donner sa confiance à un seul Dieu, créateur de toutes les forces naturelles. Il découvrira qu’il ne peut aimer un dieu sanguinaire qui demande des sacrifices humains et nous donnera l’image d’un dieu qui veut la vie et non la mort. Quel grand tournant pour l’histoire de l’humanité ! Plus tard encore, Jésus par son enseignement induira l’idée à ceux qui deviendront chrétiens après sa mort, d’abolir les sacrifices d’animaux. Nouveau pas en avant dans la civilisation !
Pour nous chrétiens, il nous reste donc la prière, les rites, les sanctuaires et sans doute pour nombre d’entre-nous l’héritage d’une façon de penser et d’agir comme nos lointains ancêtres. C’est-à-dire demander tout à Dieu et prier sans cesse pour obtenir ce que l’on désire, en utilisant des enchères. Non plus des sacrifices d’animaux ou d’humains, mais des mortifications, des privations, des offrandes de bougies, des pèlerinages, des recherches d’indulgences… en allant même jusqu’à payer des congrégations priantes afin d’avoir une valeur ajoutée à nos demandes.
Mais qui est ce Dieu que l’homme prie aujourd’hui ?

mardi 14 janvier 2014

Une nouvelle ligne pastorale est nécessaire :

les réponses de  « Noi Siamo Chiesa »  au questionnaire sur les problèmes de la famille.

Le Synode sur « Les défis pastoraux concernant la famille dans le contexte de l’évangélisation » invite les Églises particulières à participer activement à la préparation de ce Synode en répondant à un questionnaire. Le document est public, et c’est une occasion unique pour que toutes les sensibilités ecclésiales s’expriment.
Noi Siamo Chiesa » (NSC), branche italienne d'IMWAC (International Movement We Are Church - Mouvement International Nous Sommes Eglise) a envoyé au Secrétaire général du Synode des évêques, Mgr Lorenzo Baldisseri, ses propres réponses et les rend simultanément publiques. Les voici:
NSC a constaté et déploré l’importance, dans notre pays, des réticences et des retards d’une grande partie des structures ecclésiastiques (surtout celles des diocèses) à répondre au questionnaire. Cette attitude parle d’elle-même. Les plus actifs dans la réflexion sur les problèmes posés sont des groupes et des mouvements catholiques de base.
NSC a élaboré ses réponses après avoir engagé une réflexion collective et rassemblé les points de vue qui ont été développés sur ces questions au cours des quinze dernières années, dans de nombreuses rencontres, documents et livres. Le résumé qui suit constitue une première approche rapide mais, pour éviter les malentendus possibles, il renvoie à une lecture complète du texte .
1 – Sur l’enseignement de l’Église sur la famille
L’enseignement de l’Eglise est accepté quand il tient le langage de la proximité avec les joies et les peines des individus et des couples, en soutien aux efforts visant à construire des relations profondes et matures. La pastorale familiale actuelle est emprisonnée dans des interdictions (sur l’utilisation du préservatif, sur les relations avant le mariage, etc.) basées sur une conception, toujours enracinée, qui voit dans le sexe quelque chose de potentiellement coupable et qui rejette la possibilité que la relation de mariage puisse se briser. De nombreux préceptes du Magistère sont inadéquats pour la société contemporaine et surtout sont superposés au message de l’Evangile ou lui sont étrangers. D’autre part NSC considère que les conceptions libérales qui se sont progressivement établies dans la société ont conduit à une libéralisation excessive des mœurs dans le sens individualiste et égoïste.
2 – Sur le mariage et la loi naturelle
 Le concept de loi naturelle, au moins en ce qui concerne les questions abordées ici, apparaît de plus en plus comme une construction culturelle, historiquement datée, insuffisante pour rendre compte des multiples aspects de la réalité humaine. Le processus de changement en cours dans toute la société affecte aussi la famille. Il existe une grande diversité de typologies dont nous devons prendre acte et pour cela il n’est pas possible de parler de « la famille » comme d’une institution immuable, d’un seul modèle unique toujours valide. Plus que de «la famille» il faut de plus en plus parler des « familles ».
Il faudrait remettre en valeur le mariage simplement civil et en même temps promouvoir, ensuite, un itinéraire du couple vers le mariage religieux.
3 – La pastorale de la famille
Une pastorale de la famille, si on veut l’appeler ainsi, exige une réflexion générale faisant partie du processus global de réforme de l’Eglise. Les « succès » dans la pastorale viennent des familles qui ont surtout témoigné de leur foi, révélant aux enfants l’image d’une réalité familiale ouverte aux relations sociales et unie. Nous pensons à une expérience chrétienne vécue dans les faits plutôt qu’agitée en drapeau pour faire preuve de force. Des événements comme la « Journée de la famille » ne renforcent pas notre foi dans l’Eglise, mais la mettent plutôt en crise.

La revanche des progressistes ?

François : 
Le christianisme n’oppose pas tradition et discours social
Publié le 28 novembre 2013 à 9:00 dans MondePolitiqueSociété

Un bruit court dans certains milieux: le pape François représenterait la revanche de la ligne progressiste dans l’Eglise ! Après les pontificats soi-disant  « conservateurs » de Jean-Paul II et Benoît XVI, le nouveau souverain pontife incarnerait le retour à la tentative d’ouverture au monde engagée par le dernier concile. D’une Eglise moralisatrice et doctrinale, nous reviendrions à une Eglise  de nouveau en phase avec notre temps, disposée, à tout le moins, au dialogue avec lui.
L’Eglise retrouverait les intuitions de Vatican II et mettrait (provisoirement?) un terme aux ères glaciaires traversées par Rome depuis trente ans. La parole papale redeviendrait audible. Les déshérités, matériels comme spirituels, retrouveraient droit au chapitre. Au lieu de se crisper sur des revendications identitaires, le clergé serait disposé à reprendre langue avec la société. Tolérance et décontraction à tous les étages !
Les observateurs qui soutiennent cette opinion ont-ils lu les écrits, les discours, de François? Et ceux de Benoît, de  Jean-Paul ? A ce niveau, la rupture est-elle si avérée? N’est-ce pas Jean-Paul II qui a lancé les rencontres inter-religieuses d’Assise? Benoît XVI n’a-t-il pas eu de cesse d’appeler au dialogue entre foi et culture en tant qu’éminent penseur et philosophe? Tous deux ne se réclamaient-ils pas d’ailleurs de Vatican II?  Le premier y avait en effet joué un rôle éminent. Quant à Joseph Ratzinger, jeune théologien à l’époque, il y avait également participé en tant expert et assistant du Cardinal Frings.