dimanche 19 octobre 2014

Un dynamiseur forain



Il est bien évident que selon son âge, son expérience, son cheminement spirituel et sa connaissance de l’histoire de l’ Eglise, ce que l’on attend d’un prêtre évolue et se finalise, du fait que nos besoins changent et s’affermissent. Le baptisé découvrant sa nouvelle liberté de paroles, dominé par l’ institution Eglise et interdit pendant des siècles d’avis et d’ambition, veut en définitive être accompagné dans son cheminement et son engagement.

Mes expériences m’ont permis de rencontrer, agir et surtout découvrir Jésus-Christ, celui qui est différent de mon « caté » d’il y a 50 ans, et en primordial complément, de prier « grâce » à des prêtres comme Bernard, Jean-Pierre et Charles. Ils ont à cette heure plus de 80 ans chacun.

Si ma foi en Dieu, avec son lot de mystères mais aussi de doutes, se trouve un peu celle du « charbonnier », elle se confirme du fait que je me suis de plus en plus libéré de rites et d’une religiosité contraignants.

Si mes propos relevant de la théologie sont imprécis, voire emprunts de fantaisie, je reconnais au prêtre le droit de me remettre dans un axe plus vrai et plus humble.
A la lecture occasionnelle de l’ Evangile, je souhaite que le prêtre, considéré comme un conseiller spirituel, théoriquement un sachant, me fasse percevoir le message donné aux hommes.
De sa formation spécifique et surtout de son engagement au service des hommes en recherche de Vérité et de Sens à leur vie, j’ accepte que le prêtre soit un soutien, un guide, un dynamiseur mais en aucun cas celui d’un directeur, d’un chef, d’un prescripteur, en me rappelant à l’ordre et à mes obligations.

Je désire que lors d’une célébration, soit rappelé que c’est l’ensemble des présents qui célèbrent, commémorent et prient, que le prêtre est celui qui préside, comme un « chef » de famille offre, assiste, initie et participe autour d’une table lors d’un repas, sans dirigisme, sans reproches ou « gros yeux » si la parole est vivante, multiple, réfléchie et spontanée.

De l’expression « doyen forain », découverte tout récemment, j’en apprécie tous les sens : le sage qui apporte un plus spirituel à la communauté et celui qui se déplace, visite, rencontre ceux et celles qui désirent aller toujours mieux vers les autres.


Antoine Boudisseau



jeudi 16 octobre 2014

Quels prêtres pour demain ?

C’est la question que se posent les chrétiens engagés dans différentes fonctions dans une paroisse le jour où leur curé se retire: ils craignent qu’on leur impose un prêtre aux idées étroites ou un étranger de culture différente, ou bien que la paroisse soit agglomérée à un plus grand ensemble sous la coupe d’un prêtre assurant la messe de plus en plus loin des communautés locales.
Tout dépend de ce que l’on attend du prêtre. Si on pense que l’essentiel, c’est son pouvoir de dire la messe, alors on est prêt à accepter n’importe qui, au risque qu’il récuse les diverses initiatives et fonctions assumées par des laïcs pour revenir à des façons de faire du passé – comme cela s’est vu ici ou là –, au risque aussi de voir se déliter les petits groupes animant les communautés locales si toutes les activités sont centralisées dans le cadre d’un grand secteur pastoral.
La question revient à celle-ci : la vie chrétienne consiste-t-elle essentiellement à aller à la messe, aussi loin qu’il soit nécessaire d’aller la chercher ? Ou bien consiste-t-elle avant tout à se nourrir de l’Évangile pour en vivre, ce qui n’est pas une démarche solitaire mais communautaire ?
Si on pense que la priorité, c’est de s’imprégner de l’Évangile dans des échanges entre chrétiens d’une communauté locale, et si on pense qu’un laïc peut animer une telle communauté, alors on n’attendra pas que tout dépende du prêtre et on célèbrera le dimanche localement sans que ce soit une messe: ce  sera une célébration participative ayant une signification eucharistique dans la mesure où l’on évoque le don que le Christ a fait de sa vie et que l’on se dispose à faire comme lui, de notre vie, un don aux autres.
Ce que l’on attendra alors du prêtre, c’est qu’il soit un itinérant, un visiteur des communautés locales, pour les enseigner, leur apporter une animation spirituelle, et représenter l’évêque auprès d’elles, les reliant ainsi à l’Église universelle, présidant, lorsqu’il vient, une messe selon la liturgie officielle de l’Église.
Vraiment, de la conception que l’on a du rôle du prêtre, dépend la vie des communautés locales qui sont le terreau où peut s’enraciner l’Évangile en impliquant tous les chrétiens au plus près de leurs lieux de vie. Ou bien le prêtre est le dispensateur d’une messe qu’il faut aller chercher là où il est, de plus en plus loin, aux dépens des communautés locales qui se délitent, ou bien le prêtre est un animateur spirituel qui vient visiter des communautés locales menant leur vie chrétienne de façon autonome et qui les aide à vivre authentiquement l’Évangile.
Pour donner des bases de réflexion aux chrétiens engagés dans les paroisses et risquant de se trouver devant la question du remplacement de leur curé, on pourrait faire venir une personnalité compétente ayant des idées ouvertes vers l’avenir. Il y aurait, par exemple, un exposé suivi d’échanges par petits groupes et reprise finale par le conférencier.
Guy de Longeaux

Méditation sur Ephésiens 1,4

La liturgie de ce jour nous propose ce texte de l’apôtre Paul :
« en Christ, Dieu le Père nous a choisis avant la création du Monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard. »
C’est ce « avant la création du monde » qui m’a attiré l’esprit. Dèjà, souvent, Paul nous a, à la suite de Jésus, dit que nous aurions, que nous avions la vie éternelle…La vie éternelle c’est autre chose que l’immortalité, pour autant que les mots aient un sens.
Si « immortel » signifie : qui n’a pas de mort, « éternel » signifie : qui n’a ni fin ni début ; ainsi proclamons-nous à la fin de notre Credo que nous croyons que notre vie est éternelle.
Le texte aux Ephésiens irait donc dans ce sens. Nous sommes dans la pensée de Dieu, donc déjà dans la vie, déjà « existant » avant la création du Monde. Est-ce que cela ne viendrait pas éclairer le texte de la Création, dans la Genèse ? Ce texte nous dit que Dieu prit du limon de la terre pour en faire le corps de l’humain puis lui souffla un souffle de vie. Ce souffle de vie, : « Vous êtes Dieux et les Fils du Très-Haut ».
Voilà qui va nous faire « gamberger », et sur ce qui je suis…et sur qui est mon voisin, même mon ennemi ! ?
Gilles Lacroix