vendredi 28 septembre 2012

L’Eglise est-elle donc vénale comme tant d’institutions humaines ?




« Frappez-le au porte-monnaie », entend-on dire lorsqu’on veut obliger quelqu’un à revenir au réel.
Un article de La Croix du lundi 24 09.2012 nous apprend que de nombreux catholiques allemands, autrichiens, suisses, pour obliger l’Eglise catholique à accorder sa vie à sa parole, décident de ne plus lui verser leur « impôt » et l’Eglise réagit en les excluant et de la maison, et de la famille.
Pourquoi ce refus des catholiques?
Pourquoi cette réaction de l’Institution ?

Pourquoi le refus de payer l’impôt » ? l’article ne le dit pas . Il sera dit plus tard espérons-le. Nous savons que depuis la fin du concile Vatican II, les catholiques allemands ont été très réactifs. Eclairés par leurs théologiens dont plusieurs étaient conseillers théologiques au concile, ils ont insisté pour prendre leur place dans la vie de leur Eglise. Cette place était désignée par des articles du concile. Ainsi de l’article 10  de Lumen Gentium.
Il était montré clairement dans cet article que le « sacerdoce commun des fidèles, (comme) le sacerdoce ministériel (de la hiérarchie) participe de l’unique  sacerdoce du Christ ».
Des théologiens ont bien introduit des subtilités dans le texte pour que les réactionnaires puissent argumenter : il y aurait dans ce sacerdoce unique des différences qui seraient « essentielles » entre clercs et laïcs…de quoi occuper les instances de l’Eglise à écrire des pages de théologie, au lieu d’annoncer l’Evangile.
Mais les catholiques ne s’y sont pas laissés prendre, et ils ont attaqué au porte-monnaie, dernier recours pour être entendus : on veut notre place, toute notre place, sinon, on ne paie pas.

L’Eglise a utilisé les armes qu’elle avait au temps où elle mettait les rois et les empereurs sous le cilice et la cendre, au cas où ça prendrait encore : un genre d’excommunication, « approuvée par le congrégation romaine pour les évêques le 28.08.2012 ».
Pour ceux qui ne paient plus l’impôt, plus de sacrements : baptême, eucharistie, mariage…plus d’enterrement à l’église, même pas de cérémonie d’à Dieu.
Tu t’es battu ta vie durant pour que l’Institution Eglise donne aux chrétiens la place qu’avaient dans l’Eglise les premiers chrétiens (cf. les Actes des Apôtres). Tu as donné ta vie pour annoncer l’Evangile, mais tu refuses de donner ton argent à cette institution accrochée sur ses habitudes, sa législation, loin de la loi de l’Evangile…l’institution te regarde comme un scélérat. Elle te rejetterait en enfer s’il existait!

L’Institution ne remet rien en cause de ce qu’elle dit et fait. Elle fulmine lois et obligations comme lorsqu’elle gouvernait le Monde au Moyen Age. On la dirait dans sa cuirasse, tirant ses flèches contre un ennemi qui n’est plus face à elle puisqu’il est de ses troupes et elle ne le comprend pas.
                                                            Gilles Lacroix

mardi 25 septembre 2012

Le même Esprit ( le vent du large)

                   
Notre persévérance  réciproque dans nos liens avec nos frères en Jésus Christ de l’Eglise Réformée de France  de la région orléanaise nous  vaut un nouveau message très tonique, nous donnant à découvrir qu’ils posent les mêmes interrogations que celles qui conduisent CER 41 à chercher des formes de célébration plus invitantes, plus participatives que celles qui nous rassemblent dans
 les liturgies dominicales.

L’ objectif : réussir l’accueil de nouveaux -venus qui  vivent en marge du  sérail, avec une pensée toute particulière pour les Jeunes, « cœur de notre ressourcement » peu présents dans les assemblées.
Faire naître chez tous, le désir de revenir  y vivre des échanges et une communion, favorisés par un contexte de proximité.

L’analyse avait permis de faire émerger un certain nombre de facteurs qu’on pouvait juger responsables de l’appauvrissement des assemblées habituelles…

. Questionnement sur le manque de chaleur humaine des grands édifices, peu  propices pour  réussir un véritable accueil et l‘échange dans les petites assemblées,
. Ressenti de liturgies ne laissant pas de place  à l’improvisation, au choix des chants, à l’échange…
. Manque d’encrage des lieux de culte du dimanche (cultes tournants)  qui ne permet pas de stabiliser les communautés, préjudiciable pour l’accueil.
. …………………

Le pasteur nous permettra  de dévoiler le moteur de cette initiative , dans ces quelques lignes, puisque cette réflexion, qui converge vers la nôtre,  nous est fraternellement adressée.

 Les Cultes participatifs : l’origine de cette expérience

Ainsi faut-il nommer les fruits de cette expérience voulant associer Culte et Participation des « laîcs », initiée par « les Terres du Milieu », entité géographique située entre Nimes et Montpelier, région riche en temples… mais pauvre en pasteurs.



Forte  des ressentis recueillis dans la démarche initiale,  l’équipe de réflexion a élaboré une trame qui va structurer une autre forme de culte :
-         large temps pour le choix des chants, y associant les plus jeunes
-         liturgie (textes et silences)
-         large temps d’échange après la prédication
-         temps pour l’offrande, l’intercession… la bénédiction
-         pique-nique partagé avec ceux qui le peuvent.

Un souhait, garder le rythme toute l’année, même pendant les vacances.

De la conclusion formulée à l’issue des 6 mois de cette expérience  ressentie très positive, nous avons retenu
« L’accueil de personnes nouvelles est un défi permanent et passionnant. Le travail de réflexion et de pédagogie est à poursuivre  de la part des Conseillers presbytéraux pour expliquer clairement qu’il y a de la place pour différentes formules dans nos communautés.
Plutôt que d’opposer les Eglises « historiques » et les Eglises dites « émergentes », la reconnaissance mutuelle entre ces deux attentes ne peut que les renforcer l’une et l’autre. 
Si nos Eglises saisissent cette occasion d’élargir l’espace de leurs tentes (*) pour annoncer et vivre l’Evangile, avec de nouvelles personnes, sans aucun doute, ce sera une joie et une porte de plus ouverte dans nos communautés. »

Merci pour ce « Vent du large »…
Une invitation antérieure nous avait conduit à participer au culte du Jour de Pâques, au temple d’Orléans, en cette année 2012

(*) référence à Isaïe 54,2
     « Elargis l’espace de ta tente,
       déploie sans hésiter la toile de ta demeure,
       allonge tes cordages, renforce tes piquets »

                                                                                                    Bernard Moreau - CER41

samedi 15 septembre 2012

L'habit fait-il le ...clerc

La semaine dernière des cousins du Nord sont venus me voir. Nous avons eu l’occasion d’aller faire quelques courses dans une grande surface et nous avons rencontré un prêtre en soutane.
« Vous avez ça ici…chez nous on n’en voit pas »
Ils parlent bref mes gens du Nord, et le « ça » n’est en rien désobligeant., mais ça (leur réaction), m’a rappelé le temps des années 60 lorsque,  en paroisse à Paris, nous considérions comme une victoire de nous être libérés de la soutane.

A cette époque, la Mission de Paris voulue par le cardinal Suhard, les Prêtres ouvriers, le Nid fondé par le Père Talvas et une personne prostituée et alcoolique sortie de là avec l’aide de ce  prêtre qui lui avait dit un jour où il la voyait dans le caniveau : « Germaine, je ne vous abandonnerai jamais », le livre des abbés Henri Godin et Yvan Daniel « La France pays de mission ? », la Mission de France, le livre de Jean Sulivan : « Car je t’aime ô Eternité », le soutien des alors cardinaux de Paris, nous disaient : vous êtes le levain dans la pâte.
Et nous voulions être près des gens, comme Jésus dans son pays, à son époque, artisan charpentier comme d’autres l’étaient. Car Jésus n’était ni « prêtre », ni « lévite », il ne faisait partie d’aucune association particulière sinon peut-être de la corporation des charpentiers, mais ça il ne l’a pas fait savoir.

A cette époque nous avons quitté la soutane
Aujourd’hui certains veulent la reprendre, pour montrer quoi ? qu’ils sont différents des autres comme on voit cette recherche de différence dans d’autres religions …ce qui met certains très mal à l’aise ?
Serait -ce pour montrer une religion catholique au moment où l’on redécouvre la parabole du levain dans la pâte, cachée dans 3 mesures de farine (Mt. 13/33 ; Lc. 13/20) est-ce pour faire venir des gens à l’église ?
Pourtant Jésus disait d’éviter de longs phylactères comme en portent les pharisiens pour être vus des autres.
Le levain dans la pâte, le sel dans l’aliment, ça ne se voit pas, et dès qu’on s’en rend compte c’est qu’il y en a trop.
                               Gilles Lacroix, prêtre – septembre 2012       

mercredi 12 septembre 2012

Faire bouger l'Église catholique:le livre


Vient de paraître :
Faire bouger l'Église catholique
Joseph Moingt


Rappelons que cet ouvrage publie les textes de 3 conférences données par le père Joseph Moingt, en particulier celle de septembre 2010 à Blois. Dans un style simple et accessible à tous, le père Moingt montre comment, avec l'évolution des mentalités, l'Église s'est trou­vée en porte à faux par rapport à la société actuelle. Avec une analyse sans complaisance et préconisant une profonde mutation de l’Église, il ouvre une large perspective d'espérance, loin des peurs, des préjugés ou des crispations du passé.
Les annexes de l'ouvrage précisent les structures d'Église préconisées par Joseph Moingt et certaines notions telles que le « sacerdoce commun des fidèles ». Ces annexes sont dues à la plume de trois membres de l'association CER41 : Jean Housset, Gilles Lacroix et Guy de Longeaux.
L'édition de Faire  bouger l'Eglise catholique a lieu sous l'égide de l'asso­ciation CER41.
Retrouvez ce livre de 180 pages en librairie  (15 €)
Par ailleurs une rencontre avec Joseph Moingt est en préparation (début 2013 ?)



mardi 4 septembre 2012

La difficile sortie d'un catholicisme magique




 Pareille question me parait en impliquer immédiatement nombre d'autres, infiniment plus fondamentales : faut-il encore des prêtres? et, en plus, faut-il encore des messes? Ou, plus radicalement , faut-il encore une (ou des) religion(s) institutionnalisée(s) ? comme par exemple le catholicisme, qui a été – et reste provisoirement encore – un peu la nôtre?
.../ beaucoup de catholiques ont eu – et ont encore – une conception assez magique du rôle du prêtre. Mais comment s'en étonner ? Tout le système de la religion (et de la théologie catholique) est basé sur ces phénomènes éminemment 'magiques' que sont le miracle et le miraculeux, jusqu'à y inclure la personne même de Jésus, présenté comme un être éminemment 'miraculeux' et ce non seulement dans ses actes (les miracles qu'il aurait accomplis) mais, plus fondamentalement encore, dans sa personne : il nous a été présenté comme le Fils et le Verbe du Père éternel, né d'une vierge elle-même fécondée par l'Esprit-Saint et exempté de ce fait du péché originel et des traumatismes que ce péché entraîne. Comment peut-on, dans ces conditions radicalement exceptionnelles, être présenté au monde comme un 'exemple' à suivre ou à imiter par une humanité blessée (nous a-t-on dit) par cette catastrophique tare originelle ? D'autre part il n'est peut-être pas inutile de rappeler que ce ne sont pas les premiers chrétiens qui ont divinisé et 'miraculisé' Jésus : ce sont les évangélistes d'abord et saint Paul, avant que l'empereur Constantin ne l'ait fait officiellement au concile de Nicée, et ce malgré une majorité arienne des évêques présents à ce Concile.

La voix du cardinal Martini s’est éteinte


L'Eglise est en retard de 200 ans 
Aurions-nous peur ?


La Croix (mis à jour le 2/9/12 - 15 H 33)
Dans une ultime interview, publiée samedi 1er septembre à titre posthume par le Corriere della Serra , le cardinal Martini encourage l’Église à « entreprendre un chemin radical de changement ». En voici de larges extraits en français.

Le cardinal italien Carlo Maria Martini

« L’Église est fatiguée. Notre culture a vieilli, nos églises sont vastes, nos maisons religieuses sont vides, et l’appareil bureaucratique de l’Église se développe. Nos rites et nos habits sont pompeux (…) Nous nous trouvons dans la situation du jeune homme riche qui s’éloigne, empli de tristesse, alors que Jésus l’appelle à devenir son disciple. Je sais bien qu’il est difficile de tout laisser… Mais au moins pourrions-nous chercher des hommes libres et attentifs au prochain, comme l’ont été Mgr Romero et les martyrs jésuites du Salvador. Où sont les héros qui pourraient nous inspirer ? En aucun cas, nous ne devrions nous en tenir aux limites de l’institution. (…) Dans l’Église aujourd’hui, je vois tant de cendres qui cachent les braises que je me sens souvent pris d’un sentiment d’impuissance. Comment peut-on libérer ces braises pour revigorer la flamme de l’amour ? (…)
Je conseille au pape et aux évêques de chercher, pour les postes de direction, douze personnes « hors normes », proches des pauvres, entourées de jeunes, qui expérimentent des choses nouvelles. Nous avons besoin de ce contact avec des hommes qui brûlent, pour que l’Esprit puisse se diffuser partout.

Mon premier conseil est la conversion. L’Église doit reconnaître ses propres erreurs et entreprendre un chemin radical de changement, à commencer par le pape et les évêques. À commencer par les questions posées sur la sexualité et le corps. (…) Nous devons nous demander si les gens écoutent encore les conseils de l’Église en matière sexuelle. L’Église est-elle encore, dans ce domaine, une autorité de référence ou seulement une
caricature pour les médias ?

Mon deuxième conseil est l’écoute de la Parole de Dieu. (…) Seul celui qui reçoit cette Parole dans son cœur peut aider au renouvellement de l’Église et saura répondre avec justesse aux demandes personnelles. (…) Ni le clergé ni le droit canonique ne peuvent se substituer à l’intériorité de l’homme. Tous les règlements, les lois, les dogmes ne nous sont donnés que pour clarifier la voix intérieure et aider au discernement de l’Esprit.

Enfin, les sacrements sont pour moi, non pas des instruments de discipline, mais un appui à la guérison des hommes pris dans les faiblesses de la vie. Portons-nous les sacrements à ceux qui ont besoin d’une force nouvelle ? Je pense à tous les divorcés et aux familles recomposées. Ils ont besoins d’une protection spéciale. L’Église soutient l’indissolubilité du mariage. C’est une grâce lorsqu’un mariage et une famille y parviennent. (…) L’attention que nous porterons aux familles recomposées sera déterminante pour la proximité de l’Église avec la génération de leurs enfants. Une femme abandonnée par son mari trouve un nouveau compagnon qui s’occupe d’elle et de ses enfants. Ce second amour réussit. Si cette famille est discriminée, la mère et ses enfants s’éloigneront. Si ces parents se sentent extérieurs à l’Église, ne se sentent pas soutenus par elle, l’Église
perdra les générations futures. (...) La demande d’accès des divorcés à la communion doit être prise en compte.
Comment l’Église peut-elle venir en aide avec la force des sacrements à ceux qui vivent des situations familiales complexes ? (…)
L’Église est en retard de 200 ans. Aurions-nous peur ? Peur au lieu de courage ? La foi, la confiance, le courage sont les fondements de l’Église. (…) Seul l’amour peut vaincre la fatigue. Je le vois bien avec toutes les personnes qui m’entourent désormais. »