jeudi 13 novembre 2014

Quitter Nicée et revenir à Nazareth.


André Costabel
LPC n° 11 / 2010
Les religions chrétiennes sont frappées d'un doute sur leur avenir dans l'évolution du monde. C'est pourquoi surgit cette question : Est-il opportun de penser qu'un retour aux sources soit de nature à effacer ce doute ? Une étude d'Etienne Verougstraete, il y a une trentaine d'années, traitait de l'évolution du Christianisme au cours des trois premiers siècles. Elle montrait de façon claire comment, au concile de Nicée, l'aboutissement avait été de faire du fils de Dieu, Le Dieu, le fils de la Trinité divine.
Tout était parti du Nazaréen avec son message qui bousculait sur bien des points les lois du Judaïsme. Comme le décrit J.M.Muller dans son livre Désarmer les Dieux, Jésus a concrétisé les prophéties d'Isaïe et de Michée qui, en contradiction avec la majeure partie du Premier Testament, prévoyaient le temps de la fraternité universelle, un temps désiré par Dieu où le fer des épées servirait uniquement à cultiver la terre. Au jardin des oliviers, le symbole de cette concrétisation est le désarmement de Pierre par Jésus.
Pour soulager et éteindre les souffrances de l'humanité, il fallait proscrire le désir de vengeance, le dogme du mal rendu contre le mal. C'est ainsi que le bassin méditerranéen fut secoué par un vaste mouvement issu de l'enseignement évangélique, rassemblant tous ceux qui souffraient de la brutalité de l'Empire romain. L'attitude des martyrs symbolise cette adhésion massive.
Mais Rome veillait à conserver l'unité de l'Empire. Les chrétiens, de leur côté, se dispersèrent dans des discussions de plus en plus violentes pour définir qui était Jésus. Constantin, devenu empereur, soucieux d'assurer la pérennité de Rome, annexa le Christianisme et, pour être sûr de l'unité politique, légiféra à travers différents conciles dont Nicée sur les fondements de la religion instrument du pouvoir. Ses successeurs, Théodose en particulier, allèrent encore plus loin en utilisant la répression de l'Etat pour obtenir l'adhésion des peuples aux conceptions de la religion émises par les conciles.
Les dogmes ont été proclamés ainsi que l'obligation absolue d'y adhérer sous peine de sanctions. Le magnifique élan des premiers siècles vers le règne de l'amour du prochain fut rompu au profit de structures organisées en vue d'assurer la possession d'une vérité indiscutable. Mais cette dernière est de plus en plus en porte-à-faux par rapport aux connaissances acquises, et le mal continue à secouer le monde.
Revenir à Nazareth, c'est faire retour vers le Christ authentique, celui de l'histoire. Il ne s'agit pas de tout retenir de la période de Jésus au contexte totalement différent du nôtre, où régnait l'illusion que l'homme était le centre d'intérêt du monde et le centre d'intérêt de Dieu. Il s'agit simplement de redonner la place essentielle aux valeurs qui étaient la base de l'enseignement de Jésus : l'amour, le refus de toute justification de la violence, l'effort permanent vers la perfection. C'était de ces valeurs qu'était née l'espérance d'un monde meilleur qui avait enflammé l'enthousiasme des premiers chrétiens.
L'affirmation par le concile de Nicée de la toute-puissance de Dieu le Fils a permis à des forces d'intolérance d'assombrir l'histoire. En quittant Nicée et ses dogmes imposés, une nouvelle espérance est possible touchant à la fraternité des peuples, à la convergence des religions du monde, à une nouvelle approche dans la façon de penser Dieu et Jésus.
Quitter Nicée c'est semer les germes d'un puissant regain de vie du Christianisme.
André Costabel





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