lundi 4 avril 2011

Notes de lecture

Joseph Moingt, Croire quand même, Libres entretiens sur le présent et le futur du catholicisme, éd. Temps présent 2010, 244 pages.
  • Ce n’est ni une description de la situation présente de l’Eglise catholique, ni une prédiction de son avenir. C’est plutôt un cri d’alarme attirant l’attention sur un système de fonctionnement qui, s’il n’est pas remis à jour, menace de faire couler le grand paquebot catholique, déjà en mauvaise posture. Mais ce n’est pas seulement un cri d’alarme, c’est aussi une mise en évidence des ressources existantes qui permettraient sa rénovation. D’une part, dit-il, le mode de gouvernance catholique, autoritaire et clérical, est en décalage complet avec le caractère démocratique et laïque des sociétés occidentales. D’autre part un fossé « se creuse entre : la lecture « savante » de la Bible, par les exégètes et théologiens, la lecture « dogmatique » que le Magistère voudrait imposer, et la lecture « naïve » des fidèles ». De plus il constate que la foi se trouve canalisée dans les règles de sacralité d’une religion, alors que le monde occidental est « sorti de la religion » (Marcel Gauchet, comme toujours cité). La spécificité de la foi chrétienne, nous est-il rappelé, étant de viser Dieu dans un homme de notre histoire, cela situe la relation à Dieu dans le cadre des relations humaines, à la différence des religions situant la relation à Dieu dans le sacré. A ce sujet, Joseph Moingt met en évidence le caractère communautaire du sacrement, ce qui le préserve de toute magie. Mais finalement, quel est le facteur principal d’ébranlement de l’institution, minant l’équilibre d’ensemble ? C’est la conception du sacerdoce et la tenue en lisière du laïcat qu’elle implique. Le grand problème actuel de l’Eglise est désigné comme celui du monopole conservé par les clercs aux dépens des laïcs, à une époque où ceux-ci ont, depuis longtemps, acquis dans la société, une autonomie individuelle et un pouvoir de décision collective qu’ils n’ont pas dans l’Eglise, où pourtant ils sont en première ligne dans le fonctionnement ecclésial quotidien, en particulier les femmes. Quant à l’avenir, l’auteur n’a pas l’espoir de voir venir d’en haut le changement, tellement il y aurait de remises en cause à envisager dans un système bien verrouillé. Ce n’est pas, pour des raisons semblables, un nouveau concile qu’il faudrait d’urgence convoquer – où, d’ailleurs les laïcs ne seraient encore pas représentés –, ce ne sont pas non plus des mesures du type mariage des prêtres ou ordination des femmes qui sont la première urgence – quoique elles soient parfaitement envisageables –, car ce serait renforcer l’idée que l’avenir de l’Eglise ne dépend que du ministère ordonné. C’est de « la base laïque » que l’auteur a l’espoir de voir repartir l’Eglise. La mission de l’Eglise, qui est l’annonce d’un humanisme évangélique, est une mission collective qui demande à être réalisée au cœur de la société sécularisée de notre époque. Cette mission relève particulièrement de l’initiative de chrétiens se constituant en communautés là où il y a des collectivités humaines où faire vivre l’humanisme du « royaume de Dieu ». Des petites communautés prenant en charge leur être-chrétien et reconnues comme cellule d’Eglise dans leur autonomie.
  • Guy de Longeaux

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