vendredi 1 mars 2013

Suggestions pour un conclave

Au moment où l'Eglise catholique va choisir le nouveau responsable de son unité, les chrétiens et les communautés qu'ils constituent, partout dans le monde se doivent d’exprimer  leur point de vue. J’aimerais vous faire partager deux réflexions.
La première intitulée Lettre d’un protestant au prochain pape émane de Daniel Marguerat ancien doyen de la faculté de théologie  de Lausanne qui s’autorise à adresser des souhaits au nouveau pape car, pour lui l’histoire montre que protestants et catholiques ont des destins indissolublement liés  : « Le gel de l’œcuménisme a déçu les millions de fidèles qui s’étaient engagés dans des projets communs avec les autres Églises et se trouvent aujourd’hui désavoués par de jeunes prêtres aussi rigides que leur col romain. La théologie de la libération, qui souleva en Amérique du sud un tel enthousiasme populaire est aujourd’hui exsangue ; affirmer « l’option prioritaire de Dieu pour les pauvres » n’est visiblement plus d’actualité, ni au Brésil ni ailleurs. Le scandale des prêtres pédophiles a ébranlé la confiance des fidèles dans l’institution, non seulement à cause de son immoralité mais aussi parce qu’elle a dévoilé le persistant silence des évêques devant des délits qu’ils n’ignoraient pas. Quant à la pénurie de prêtres, n’insistons pas. (…)
Force et faiblesse du protestantisme et catholicisme sont à l’inverse l’une de l’autre. La force protestante est de respecter sa pluralité, mais sa fragilité génétique est une incapacité à exprimer et mettre en œuvre son unité. La force du catholicisme romain réside dans un sentiment d’appartenance qui l’unifie, mais il ne sait accueillir sa diversité interne, qu’il a tendance à rejeter. (…) Arrivera-t-il, le jour où toutes les Églises chrétiennes reconnaîtront qu’elles ont ensemble hérité du Christ ? Viendra-t-il, ce jour où elles se reconnaîtront partenaires d’un mouvement religieux appelé « christianisme », sans qu’aucune ne revendique pour elle seule toute la vérité ? »  (1)

La seconde réflexion m’a été adressée par un ami très engagé dans la construction européenne. « Jésus le Galiléen  mettait en garde contre les rites détachés de l'esprit, et était sévère avec les castes aspirant au pouvoir. Le message qu'il a laissé est un permanent appel à la priorité qui doit être donnée aux petits, aux faibles et aux modestes, une insistance constante sur la nécessité d'un soin désintéressé des autres, une volonté indéfectible d'ouverture aux étrangers et aux exclus, de pardon, de pauvreté et de réconciliation.
Or il existe des lieux où la pratique chrétienne cherche à être fidèle à l'enseignement de son fondateur, où les plus jeunes ne sont pas rebutés par  l'archaïsme, il existe des lieux de dialogue entre les confessions, les langues et les cultures. Parmi ces lieux et ces réseaux, l'un se nomme Taizé, modeste village où une communauté oecuménique s'est établie il y a soixante-dix ans, et vers lequel convergent des chrétiens de tous âges, de toutes origines, de toutes confessions.
Rêvons : un jour de Pentecôte, comme ivres de débats, les cardinaux osent soudain prendre une décision aussi audacieuse que salutaire : celle de confier à un simple frère de la Communauté de Taizé, le soin de présider aux destinées de l'Eglise catholique. A y regarder de près, aucun obstacle formel ne les en empêche, »

Il nous reste à souhaiter que le prochain conclave soit ouvert à l’Esprit de Dieu qui, selon la Bible, « renouvelle la face de la terre ».
Chronique hebdomadaire de Bernard Ginisty du 1er mars 2013 
(1) L’intégralité de cette « Lettre » est publiée sur le site chrétien Garrigues et sentiers : http://www.garriguesetsentiers.org/

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