Il faudrait pourtant remettre l'Église à sa place,
c'est-à-dire « en bas », avec un certain nombre de grandes
réintégrations, une sorte de grands «
pardons ». Demandons aux prêtres mis à l'écart de revenir, pour ceux qui
le souhaitent. Rendons le droit de parler et
d'écrire aux théologiens de la Libération. Ce ne sont pas la poignée
d'intégristes qui ont besoin d'être
réintégrés, mais les millions d'hommes et de femmes ayant des problèmes avec leur foi hésitante dans un contexte de modernité, avec leur vie intime
remplie de problèmes dans les multiples questions séculières d'une société ou le « relativisme » est en fait la
diversité infinie des situations et
des cultures. Ce sont eux qui doivent
se sentir à nouveau au cœur de la problématique de la foi et de
l'Église.
Il est difficile de dire à leur place ce que
pensent les prêtres de la génération
conciliaire, atteignant nombreux les soixante-dix
ans, ou plus âgés. Il est encore plus difficile de connaître les profondeurs des prêtres beaucoup plus jeunes qui
avaient dix ans ou qui n'étaient pas nés à la date du Concile. Formés à une
culture de reconquête et de restauration de la chrétienté, comment vont-ils se
situer dans l'histoire du XXI' siècle ? Ils se sont emboîtés dans le
célibat contraint. Dans l'obéissance, ils ont emboîté le pas d'une hiérarchie conservatrice. Comment vont-ils se
situer face aux aspirations majoritaires des chrétiens, en France par
exemple, à voir évoluer le statut du presbytérat ?
Pour la parole et l'écrit, ils sont sous la tutelle
d'épiscopats largement rajeunis, que l'on va donc voir
durer, sur un profil d'orientations conservatrices ou prêt à suivre Rome dans tous ses détours. Comme
cela a toujours été, ces évêques appartiennent pour la plupart à cette
catégorie d'ecclésiastiques entrés dans des séminaires bien choisis, avec la
perspective de devenir évêques, ressentie dès leur plus jeune âge. Fils de
familles favorisées ou porteuses de particules,
ils ont « fait » les Carmes ou le séminaire français de Rome. Ils ne
sont pas venus pour tenir des paroisses au-delà
de l'indispensable début de carrière, parcourant ensuite les étapes
graduées vers de plus hautes responsabilités. Une fois parvenus dans les postes
de l'église « d'en haut », ils sont bien
obligés de se montrer « dans la ligne ».
Cette hiérarchie acceptera-t-elle de réintégrer les prêtres exclus, de redonner l'Église aux laïcs ? Tous
les clochers désaffectés
d'Europe pourraient être confiés à des gens vivant
à leur ombre, appelés à un nouveau presbytérat. Imaginons des collèges de cinq, dix ou vingt personnes des deux
sexes, représentatifs de toutes les diversités des communautés, assumant les
offices et les tâches à tour de rôle, sans exclusion du droit de parole. C'est
d'ailleurs déjà ce qui se fait en partie, à
la demande d'un clergé décimé. Cinq cents paroisses d'un département, conduites
par dix ou vingt laïcs assumant les fonctions à temps partiel et à durée déterminée, ce seraient cinq ou dix mille
responsables d'un genre nouveau
susceptibles de remplir à nouveau
tous les séminaires de France qu'il faudrait alors racheter aux
promoteurs immobiliers auxquels ils ont été vendus.
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