samedi 8 août 2015

SYNODE SUR LA FAMILLE : ATTENTES D’UN EVEQUE DIOCESAIN

Extraits
Je souhaite formuler dans la note que voici quelques attentes personnelles. Je les exprime en mon propre nom propre.  Je les exprime, en outre, comme un évêque d’Europe occidentale, dans la conscience que des évêques d’autres régions d’Europe ou d’autres continents peuvent avoir des opinions divergentes.

1. La collégialité

Il ressort d’ailleurs de l’Instrumentum Laboris combien peuvent différer les réactions venues des divers continents à propos du mariage et de la famille. Sur ce point, le document préparatoire est honnête et transparent. L’Afrique et l’Asie ont de tout autres vues et expériences que l’Europe et l’Amérique du Nord et même, entre l’Europe Occidentale et Orientale, entre l’Europe du Nord et du Sud, des différences importantes sont à remarquer. Cela n’a pas de sens de nier ou de négliger ces différences. Elles ont vraiment une signification. Malgré la globalisation, bien des développements et défis de ce monde connaissent des parcours décalés dans le temps. Dans ces diverses ‘zones temporelles’, les évêques sont responsables pour la part du peuple de Dieu qui leur est confiée. Ce n’est pas une solution pour eux de dire que telles questions ne posent pas de problème, ou justement en posent, mais à l’autre bout du monde. Une collégialité monolithique a aussi peu d’avenir dans l’Eglise qu’une primauté monolithique. J’espère que le Synode des évêques portera l’attention nécessaire à cette diversité régionale. A propos de l’apport des conférences épiscopales à une juste relation entre la primauté et la collégialité, le pape François écrit que ‘ce souhait ne s’est pas pleinement réalisé’ et que ‘n’a pas encore été suffisamment explicité un statut des conférences épiscopales qui les conçoive comme sujets d’attributions concrètes, y compris une certaine autorité doctrinale authentique. Une excessive centralisation, au lieu d’aider, complique la vie de l’Eglise et sa dynamique missionnaire’. Peut-être le Synode pourra-t-il confier aux conférences épiscopales la mission de se pencher l’année prochaine sur la problématique du mariage et de la famille dans leur région, en vue de la deuxième session du Synode, en octobre 2015.

2. La conscience

Comme en d’autres pays, les évêques de Belgique se sont retrouvés après la publication de l’encyclique Humanae Vitae devant une tâche difficile. Pendant le Concile Vatican II, ils avaient travaillé intensément à la rédaction de la constitution Gaudium et Spes, en particulier au chapitre Dignité du mariage et de la famille. A la demande du pape Jean XXIII et du pape Paul VI, ils avaient été activement concernés dans diverses commissions qui s’étaient penchées sur la question de la paternité responsable et du contrôle des naissances. Ils avaient longuement délibéré avec des théologiens moralistes, des scientifiques et des mouvements de croyants laïcs. Leur opinion personnelle était connue de l’opinion publique. Après la publication de l’encyclique, ils se trouvaient devant un choix déchirant. D’un côté, ils voulaient comme évêques rester loyaux à l'égard de la personne du pape Paul VI, avec lequel ils avaient collaboré si intensément dans la confiance durant le Concile. D’un autre côté, comme évêques diocésains, ils voulaient prendre leurs responsabilités envers la part du peuple de Dieu qui leur était confiée, dans l’esprit et selon la mission rappelée par le Concile. En effet, le Concile leur avait donné mission de prendre sur eux ‘les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps’ et de ‘scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Evangile’. Ils voulaient exercer leur tâche de pasteurs en tenant compte de cette nouvelle herméneutique ecclésiologique et pastorale. Ils arrivaient ainsi plus vite que prévu à un conflit de loyauté et donc à un cas de conscience. Comment pouvaient-ils rester unis au pape et en même temps être fidèles au Concile ?


Un mois après la publication d’Humanae Vitae, les évêques de Belgique publiaient une Déclaration commune. Ce texte n’avait pas été rédigé et publié en un tour de main. Les évêques voulaient autant rester dans la grande tradition de l’Eglise que progresser dans un dialogue constructif avec les familles et la culture de leur temps. Quatre projets successifs furent écrits et amendés. Les auteurs principaux de la Déclaration étaient tout sauf des théologiens débutants ou francs-tireurs. Au contraire, c’étaient les mêmes qui, au Concile, avaient œuvré de manière décisive à des Constitutions comme Lumen Gentium, Dei Verbum et Gaudium et Spes, en particulier Mgr G. Philips et Mgr J.M. Heuschen. Ils étaient en contact étroit avec plusieurs cardinaux marquants du Concile Vatican II, comme L.J. Suenens (Malines-Bruxelles), J. Döpfner (Munich), B. Alfrink (Utrecht), F. König (Vienne), J. Heenan (Westminster) et G. Colombo (Milan). Bref, la Déclaration des évêques de Belgique provenait du même cercle des personnes qui avaient orienté le Concile  avec le pape Paul VI.

Dans leur texte, les évêques de Belgique, dans la ligne de la tradition catholique et de la Constitution Gaudium et Spes, mettaient en avant l’argument de la conscience personnelle. Ainsi pouvons-nous lire entre autres : ‘Si toutefois quelqu’un, compétent en la matière et capable de se former un jugement personnel bien établie, -ce qui suppose nécessairement une information suffisante-  arrive, sur certains points, après un examen sérieux devant Dieu, à d’autres conclusions, il est en droit de suivre en ce domaine sa conviction, pourvu qu’il reste disposé à continuer loyalement ses recherches’ et puis ‘Il faut reconnaitre selon la doctrine traditionnelle, que la dernière règle pratique est dictée par la conscience dûment éclairée selon l’ensemble des critères qu’expose Gaudium et Spes (n. 50, al. 2 ;  n. 51, al. 3), et que le jugement sur l’opportunité d’une nouvelle transmission de la vie appartient en dernier ressort aux époux eux-mêmes qui doivent en décider devant Dieu’. Nombre de conférences épiscopales publièrent à la même époque de Déclarations semblables, faisant un appel analogue au jugement personnel de la conscience.  

Alors même que ces mots sur la conscience étaient bien classiques et prudents, ils ne furent guère appréciés par les défenseurs d’Humanae Vitae. Au contraire, ils furent dépeints comme un baisser de pavillon, comme une désertion à l’égard du pape et comme un levier pour le relativisme, la permissivité et le libertinisme. Ils furent délibérément écartés. Ce fut un tournant dans les relations entre le pape Paul VI et les évêques belges. En témoigne une anecdote à propos de Mgr Charue, évêque de Namur. Pendant le Concile s’était développé entre lui et le pape Paul VI un lien profond d’appréciation mutuelle et de confiance. On ne pouvait d’ailleurs pas s’imaginer un évêque plus classique que Mgr Charue. Moins d’un an après Humanae Vitae, il est ‘reçu en audience privée par le pape. Celui-ci lui exprime assez vivement son mécontentement à propos de la Déclaration des Evêques belges sur Humanae Vitae. Il va jusqu’à lui dire : « Et vous, Mgr Charue, sachant tout cela, signeriez-vous encore la Déclaration des Evêques belges ? » Mgr Charue répond : « Oui, Saint-Père. », puis il éclate en sanglots. Cet évêque, qui était un grand intellectuel et un honnête homme, vivait lui aussi le drame que beaucoup de théologiens catholiques ont connu en ces jours, déchirés qu’ils étaient entre leur attachement sincère à un grand pape humaniste et la fidélité à leurs convictions. Amicus Plato…’. Beaucoup d’évêques préférèrent désormais le silence à la polémique.

Suite à cette polarisation, dans l’enseignement de l’Eglise, la conscience fut manifestement reléguée à l’arrière-plan en ce qui concerne la relation, la sexualité, le mariage, le planning familial et le contrôle des naissances. Elle perdit sa juste place dans une réflexion saine en théologie morale. Dans l’Exhortation Familiaris Consortio, c’est à peine si le jugement de conscience personnel sur la méthode de planning familial  et du contrôle des naissances est évoqué. Tout s’y trouve mis sous le signe de la vérité du mariage et de la procréation telle que l’Eglise l’enseigne, associée au devoir des croyants de s’approprier cette vérité et d’y répondre. Partant de la loi naturelle,  des actes déterminés sont qualifiés de ‘bons’ ou d’’intrinsèquement mauvais’, indépendamment de tout ce qui est personnel : le milieu de vie, l’expérience, l’histoire. Dans une telle perspective, il y a peu de place pour un jugement honnête et motivée de valeurs à la lumière de l’Evangile et de la tradition catholique dans son ensemble. Dans les chapitres du Catéchisme de l’Eglise catholique sur le sixième commandement (n° 2331-2400) et sur le neuvième (n° 2514-2533), il est tout aussi peu dit sur le jugement de conscience personnel. Cette lacune ne rend pas justice à l’ensemble de la pensée catholique.

Ce que j’attends du prochain Synode ? Qu’il rende à la conscience sa juste place dans l’enseignement de l’Eglise, dans la ligne de Gaudium et Spes. Tous les problèmes en seront-ils résolus pour autant ? Certainement pas. Comment la conscience arrive à une décision responsable n’est pas une mince affaire. Qu’est-ce qu’une conscience bien formée ? Comment peut-elle connaitre la loi que ‘Dieu a déposée en nos cœurs’ ? Comment se situe la conscience envers le magistère de l’Eglise, ou  inversement, comment le magistère de l’Eglise se situe-t-il envers la conscience ? Comment la conscience peut-elle tenir compte du 'principe de gradualité’  et de la pédagogie du progrès graduel dans le processus de croissance auquel nul n’échappe? Comment la conscience peut-elle exercer la vertu de ‘épikia’ ou d’équité, quand la lettre et l’esprit de la loi entrent en conflit ? Pour l’homme d’aujourd’hui, qui attache une grande importance à la formation d’un jugement de conscience personnel et motivé, ce sont là des questions pertinentes. Sans que le Synode doive répondre à toutes ces questions, j’espère tout de même qu’il leur accordera l’attention qui convient.

3. La doctrine

De certains concepts de théologie morale ou de commandements et interdictions morales, nous savons que depuis longtemps, ils ne sont plus partagés ou sont mêmes écartés par une grande majorité de chrétiens loyaux et bien informés. En 2014, la Commission Théologique Internationale a publié un document sur le Sensus fidei dans la vie de l’Eglise. Je veux citer ici deux paragraphes de ce document. D’abord, un paragraphe sur le rôle des croyants laïcs dans le développement de la doctrine morale de l’Eglise : Ce que l’on connaît moins bien, et à quoi l’on porte généralement moins d’attention, c’est le rôle joué par les laïcs à l’égard du développement de l’enseignement moral de l’Église. Il importe donc de réfléchir aussi sur la fonction qu’exercent les laïcs pour discerner quelle est la conception chrétienne d’un comportement humain approprié, en accord avec l’Évangile. Dans certains domaines, l’enseignement de l’Église s’est développé à la suite de la découverte par des laïcs des exigences appelées par des situations nouvelles. La réflexion des théologiens, puis le jugement du magistère des évêques, se sont alors fondés sur l’expérience chrétienne déjà éclairée par les intuitions fidèles des laïcs’ (n° 73).
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4. L’Eglise comme compagnon de route

ce passage fort du pape François : je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. Je ne veux pas une Église préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures. Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. Plus que la peur de se tromper j’espère que nous anime la peur de nous renfermer dans les structures qui nous donnent une fausse protection, dans les normes qui nous transforment en juges implacables, dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée, et Jésus qui nous répète sans arrêt : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mc 6, 37).
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Tout ‘proches’ et cependant très ‘différents’ : c'est ainsi que se présentaient Jésus et ses disciples auprès de leurs contemporains. En outre, Jésus ne donnait aucun caractère exclusif à la communauté rassemblée autour de lui. Il approchait et rassemblait des gens en plusieurs cercles. Entre le cercle large et le cercle restreint, il permettait bien des nuances. Pour parler avec la langue même de Jésus : parfois il était comme un semeur, parfois comme un berger, parfois comme un hôte. A chaque fois des gens se tenaient ou s’asseyaient autour de Lui en un cercle variable.  Cette construction concentrique est propre à l’architecture de la communauté d’Eglise telle que Jésus l’a mise en chantier. J’espère que le Synode va faire droit à cette architecture.

… un mot du point de vue des enfants ou petits-enfants. Comme tous les évêques, je vais dans nombre de paroisses pour le sacrement de la confirmation. La plupart des confirmands de mon diocèse sont des enfants d’une douzaine d’années. Beaucoup d’entre eux sont issus d’un deuxième mariage ou d’une famille recomposée. Devant moi, il y a toujours une grande communauté d’enfants, de parents, de grands-parents et d’autres membres de la famille. Je sais que la plupart d’entre eux ne participent que rarement à l’eucharistie. Pourtant, il ne veulent surtout pas rater cette célébration. L’enfant qui est confirmé rassemble la famille. Cette célébration a, de plus, une signification forte pour le lien religieux entre les générations successives dans la famille. En outre, de telles célébrations représentent dans certaines familles une rare ‘trêve’, pour laquelle les tensions ou les conflits doivent un moment s’écarter. Au moment de la communion, la plupart des membres de la famille s’avancent spontanément pour recevoir la communion. Je ne peux pas me figurer ce que signifierait pour les enfants, et pour leur futur lien avec la communauté d’Eglise, que je puisse à ce moment-là refuser la communion à tous les parents, grands-parents ou autres membres de la famille qui ne se trouvent pas dans une situation ‘régulière’ de mariage. Ce serait fatal pour la célébration liturgique, pour la relation entre ces familles et la communauté d’Eglise, et surtout pour le développement ultérieur de la foi des enfants concernés. Dans de telles circonstances, il y a indubitablement en jeu d’autres motifs théologiques et pastoraux que seulement ceux du mariage sacramentel. De telles situations demandent une réflexion approfondie tant sur la doctrine que sur la pratique de l’Eglise. A bon droit, l’Instrumentum Laboris pointe cette problématique.  

Si beaucoup ressentent aujourd’hui un manque dans l’Eglise, il s’agit de la clarté de sa ressemblance avec Jésus Christ. Ils ont du mal à retrouver dans l’attitude de l’Eglise envers les gens d’aujourd’hui, l’attitude de Jésus envers les gens de son temps. De plus, ils regardent surtout le domaine de l’amour, la relation, la sexualité, le mariage et la famille. Ce qui n’est pas étonnant : c’est le domaine qui leur tient le plus à cœur et dans lequel ils éprouvent le plus de bonheur ou le plus de chagrin. Compte tenu de ce fait, l’Eglise doit, notamment dans ce domaine, quitter son attitude défensive ou antithétique et chercher à nouveau le chemin du dialogue. Elle doit de nouveau oser aller du ‘vécu’ à la ‘doctrine’. Sur un tel chemin, l’Eglise n’a rien à perdre. C’est précisément dans le dialogue avec le monde qu’elle pourra découvrir où Dieu est maintenant à l’œuvre et où sont aujourd’hui les défis tant pour l’Eglise que pour le monde.

le pape François écrit encore : ‘Toute la vie de Jésus, sa manière d’agir avec les pauvres, ses gestes, sa cohérence, sa générosité quotidienne, et simple, et finalement son dévouement total, tout est précieux et parle à notre propre vie. (…) Séduits par ce modèle, nous voulons nous intégrer profondément dans la société, partager la vie de tous et écouter leurs inquiétudes, collaborer matériellement et spirituellement avec eux dans leurs nécessités, nous réjouir avec ceux qui sont joyeux, pleurer avec ceux qui pleurent et nous engager pour la construction d’un monde nouveau, coude à coude avec les autres. Toutefois, non pas comme une obligation, comme un poids qui nous épuise, mais comme un choix personnel qui nous remplit de joie et nous donne une identité’.

L’Eglise fait aux gens une proposition élevée et leur fait confiance quant aux chances de croissance. Elle croit en la valeur du mariage, fondé sur un lien pour la vie. Elle insiste sur le lien essentiel entre l’amour et la parenté généreuse. Elle voit le mariage et la famille comme l’un des principaux lieux où vivre  l’alliance fidèle et miséricordieuse de Dieu avec ce monde. C’est vers cela qu’elle veut accompagner les personnes, dans le respect de leur propre cheminement. Elle invite donc tous, quelle que soit la situation relationnelle ou familiale où ils se trouvent, à accueillir la Parole de Dieu dans leur vie et à prendre leurs responsabilités comme chrétiens. Pourtant, une telle mission est difficile à accomplir en ne comptant que sur ses propres forces. On a besoin des autres pour ensemble réaliser un projet de vie. Sur ce point, l’Eglise manque certainement sa cible. Nos communautés paroissiales ne sont souvent plus à même d’animer et d’accompagner convenablement les (jeunes) familles. Les couples se sentent parfois, à tort ou à raison, laissés sur le côté par l’Eglise. Sur ce point, il y a beaucoup de boulot ! L’Instrumentum Laboris dit à ce sujet : ‘Le premier soutien vient d’une paroisse vécue comme “famille de familles”, désignée comme le cœur d’une pastorale renouvelée, faite d’accueil et d’accompagnement, vécue dans la miséricorde et dans la tendresse. L’importance d’organisations paroissiales pour soutenir la famille est signalée’. 

Ce qu’une majorité de citoyens pense et souhaite détermine dans un pays démocratique la gestion gouvernementale. Cette gestion a largement à faire avec les droits et libertés personnels de chacun. En effet, les gouvernements préfèrent s’occuper des citoyens individuels et de leurs aspirations. La société civile, comme l’engagement de groupes et mouvements ou la réussite d’une famille, ce n’est pas leur premier souci. Et pourtant, ces niveaux intermédiaires remplissent un rôle essentiel dans la construction d’une société vitale et digne de l’homme. Un pays qui veut un avenir a bien besoin de familles solides, et surtout de familles avec enfants. Quelle politique mènent nos gouvernements et quelle importance donnent-ils au mariage, à la famille et à l’accueil de l’enfant ?

 Mgr Bonny, évêque d’Anvers




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