vendredi 27 avril 2012

Lettre ouverte au Professeur Joseph Ratzinger, pape Benoît XVI

En réponse à l'homélie du pape Benoît XVI dont nous avons publié un extrait en date du 9 avril

Un vieil ami américain de Joseph Ratzinger lui a adressé une "lettre ouverte", où il s'adresse à lui sur un mode familier se fiant à leur relation de la fin des années 60, début des années 70 lorsqu' il était Professeur Invité de la Faculté de théologie catholique de l’Université de Tübingen, et que Joseph Ratzinger y était  Professeur Ordinaire.


Cher Joe,

Je suis troublé que tu aies, particulièrement récemment, donné des signes qui sont en opposition avec les termes et l’esprit du Concile Vatican II, durant lequel, en jeune théologien de premier plan, tu as aidé notre chère Église catholique à passer du Moyen Âge à la modernité. Plus, alors professeur à notre Université « Alma Mater » de Tübingen, tu as, avec le reste de tes collègues de la Faculté de théologie catholique, publiquement plaidé pour 1) l’élection des évêques par les fidèles, et 2) un mandat limité des évêques (voir le livre Des évêques démocrates pour l’Église catholique romaine ).
Maintenant tu réprimandes publiquement des prêtres catholiques loyaux pour avoir fait précisément ce pour quoi tu as plaidé si noblement précédemment.


Eux et de très nombreux autres à travers l’Église catholique universelle suivent l’exemple de ta jeunesse, essayant désespérément de faire avancer notre Mère que nous aimons, l’Église, dans la modernité. J’utilise délibérément le mot « désespérément », car dans ta propre terre natale, l’Allemagne, et ailleurs en Europe, les églises sont vides, de même que le cœur de nombreux catholiques qui entendent les mots glaçants venus de Rome et des évêques qui obéissent inconditionnellement (comprendre : les « béni-oui-oui »). Dans mon pays, l’Amérique, lieu de naissance de la liberté moderne, des droits humains et de la démocratie, nous avons perdu – en cette génération seulement ! – un tiers de notre population catholique, 30 millions, parce que les promesses de Vatican II et de sa quintuple révolution copernicienne (en se tournant vers 1- la liberté, 2- ce monde, 3- un sens de l’histoire, 4- la réforme interne, et surtout, 5- le dialogue) ont été si délibérément rejetées par ton prédécesseur, et maintenant de façon croissante par toi.   
Joe, tu étais connu comme l’un des théologiens de Vatican II qui ont défendu l’appel du pape Saint Jean XXIII pour l’aggiornamento (la mise à jour) par l’esprit de réforme du retour aux sources originelles stimulantes (ressourcement !) du christianisme (ad fontes ! – aux fontaines !). Ces sources démocratiques, éprises de liberté de l’Église des débuts étaient exactement les « sources »  reconstituantes, les « fontaines » du renouveau qui étaient expliquées par le menu par toi et par tes collègues de Tübingen.
Je te prie instamment de retourner à cet esprit réformateur initial de ta jeunesse. Cet esprit revient à ma mémoire au moment où se prépare la célébration du 50ème anniversaire du Journal des études œcuméniques (JES), que ma chère femme Arlene et moi-même avons créé en 1964. On y trouve, dès la première édition, des articles de ton ami et collègue Hans Küng, théologien de Vatican II, et de toi-même (!), veillant à franchir le gouffre séparateur de la Contre-Réforme qui mettait l’Église catholique à part du reste du christianisme, et en vérité du reste du monde moderne.
Joe, dans cet esprit, je t’exhorte à retourner à tes fontaines réformatrices : Retourne ad fontes !
Pax !
Leonard Swidler -

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